J'ai été violée par mon cousin il y a 8 ans
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Décembre
2011
Bonjour,
J'ai
été violée par mon cousin germain il y a maintenant 8 ans. J'ai
porté plainte il y a un mois. La
raison pour laquelle je vous écris est que je suis perdue. Avant de
porter plainte, je croyais que j'allais bien que ce viol je l'avais
accepté mais quand mes parents ont divorcés je pleurais, pleurais
et pleurais avec ce besoin de leur en parler ( je ne leur avait
jamais rien dit ). Je leur en ai parlais bien entendu ils ont été
choqués en colère contre lui. Je pensais vraiment qu'en en parlant
cela allait me libérer et non cela ne me libère pas. Je ne comprend
pas pourquoi je n'arrive pas à m'en sortir. J'ai été voir un
psychologue mais j'avais l'impression qui ne pouvait pas comprendre
ce que j'étais car il n'avais pas vécu cela et c'est pareil pour
toute les personnes à qui j'en parle: ils ne pourront pas m'aider
parce qu'ils ne sauront pas ce que j'ai vécu. Depuis ma plainte, je
pense à mon viol tous les jours. Ce qui m'intrigue c'est que je ne
sais pas pourquoi j'ai porté plainte. J'ai dit au brigadier que
c'était pour que je m'en sorte mais je ne pense que ça me libérera.
A ce jour, je vis sans réellement vivre j'ai l'impression qu'il y a
deux personnes en moi celle qui vit et celle qui stagne. Je suis
consciente qu'une thérapie m'aiderais peut être à m'en sortir mais
je ne veux absolument pas que ce soit un quelquonque psychiatre ou
psychologue. Je ne sais pas si il en existe mais je préférerais
voir un psy spécialiste dans le viol ou les agressions sexuelles. Aujourd'hui,
je me reconnais dans certains stress post-traumatique comme le manque
de confiance en soi peut être même la dépression. Je ne sais pas
ce que j'attends réellement dans votre réponse car je ne sais plus
ce que je veux, ce que je souhaite devenir ni même ce que je suis.
Je suis bien consciente que cet e-mail est brouillon que mes idées
ne sont pas coordonné mais cet e-mail me ressemble. J'aimerais
vraiment une réponse de votre part quelqu'elle soit.
Merci
d'avance.
Cordialement
(j'accepte
que ce message soit publié)
Bonjour, Je
vais procéder par hypothèses. Peut-être que jusque là, vous
aviez enfoui la représentation de ce viol tout au fond de votre
mémoire et qu'en portant plainte, la réalité du viol, du trauma, a
refait brutalement surface. Sans doute que votre douleur a été
réactivée par la douleur émotionnelle, la déchirure, ressentie au
moment du divorce de vos parents et vous avez eu l'impression
d'imploser, ce qui vous a permis de parler. Mais pour que la parole
soit non seulement "libératrice" mais aussi salutaire, il
faut qu'elle soit reçue, canalisée, travaillée ; or, vos parents
ont, légitiment d'ailleurs, réagi avec colère ajoutant leurs
émotions aux vôtres. Vous avez été voir un psychologue mais vous
avez rencontré un phénomène de résistance, en ce sens, que vous
n'êtes pas parvenue à sortir de votre inhibition. Et suite à votre
plainte, vous êtes encore face au même phénomène de résistance,
qui vous empêche d'investir réellement votre décision et le
processus qui va suivre. Sans doute, aussi, pour vous protéger d'une
possible déconvenue (quand on se dit, qu'on va rater un examen, on
se prépare à un éventuel échec...) C'est une façon de lutter
contre un sentiment d'impuissance voire d'anéantissement. Peut-être
que, ce que vous croyez déceler chez le psychologue et qui se
concrétise finalement par un manque d'intérêt, de compréhension,
presque un manque de "complicité" à votre égard, revient
à dire que vous vous jugez peu digne d'intérêt ou alors, vous avez
honte de votre histoire...et de votre désarroi. C'est comme si, vous
pensiez ne pas réussir à convaincre le professionnel de la réalité
et de la légitimité de votre souffrance. Comme si vous
ressentiez, venant de vous, une inquiétante étrangeté que le
professionnel ne saurait pas prendre en compte. Mais le professionnel
n'a pas besoin d'avoir vécu la même chose que la victime : s'il est
suffisamment empathique, son savoir-faire la guidera. A propos de
cette sensation, d'être deux personnes en vous, vous avez
entièrement raison : il est courant que la victime, pour survivre à
son traumatisme, utilise un mécanisme de défense plus ou moins
"adapté" qui se nomme le clivage (clivage pour échapper à
l'effroi lors de l'agression mais clivage partiel (coupure) aussi
pour résister aux conséquences du traumatisme) ; dans ce cas, la
personne se retire d'une partie de sa subjectivité pour échapper à
sa douleur et entretient d'un autre côté des démarches
opératoires, c'est à dire grossièrement, que la personne s'active
au lieu de penser (pour anesthésier ses souffrances). Et voilà
comment l'expérience traumatique reste comme en suspens, ne peut
être élaborée
donc
reste non intégrable à la personnalité de la victime, ce qui
l'empêche de se reconstituer :
la
personne est "divisée". En portant plainte, vous aviez
l'espoir d'aller enfin jusqu'au bout de vos tourments, pour essayer
de pouvoir vous repositionner ensuite. Vous avez raison :
"dépasser le travail d'entendement de la destruction, c'est
entamer un travail de reconstruction psychique". Vous êtes
sur la bonne voie mais, je vous en prie, faites vous aider, faites
vous soutenir. Est-ce que je mets votre adresse e-mail sur la
publication afin que vous ayez des contacts? Ou préférez vous
une autre adresse? *
http://www.sosfemmes.com/faq/email_anonyme.htm Aimeriez
vous rejoindre une association de proximité? Si oui, pourriez
vous m'indiquer votre département? Je reste à votre disposition.
Cordialement,
Chantal
POIGNANT
Agent
de conseil
Non
je veux bien que mon adresse mail soit mise dans la publication
*
anaelle_jamaica@hotmail.fr
J'habite
dans le calvados ( 14 ) et j'accepterai volontiers de voir une
association
CIDFF
du Calvados
02
31 62 32 17Résidence Saint Ursin 10, rue Roger Aini 14100 Lisieux
Plus
d infos
et
plus particulièrement, le bureau d'aide aux victimes, lequel propose
des groupes de paroles et un soutien spécifique : *http://www.infofemmes.com/v2/p/Contact/Coordonnees-de-votre-CIDFF/CIDFF-du-Calvados/2278 * http://cidffcalvados.wordpress.com/bureau-daide-aux-victimes/ N'hésitez
surtout pas à vous faire accompagner dans votre parcours. Je
reste à votre disposition. Cordialement, Chantal POIGNANT
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