Je viens ici témoigner de ma situation
Mai 2012
Bonjour,
Je viens ici témoigner de ma situation
vécue dés l'âge de 6 ans où j'ai compris que les hommes pouvait
se servir de mon corps sans m'en demander l'autorisation. Il
s'agissait ce jour là de simples attouchements sexuels mais à
la violence du ressenti s'est rajouté une incompréhension totale de
la réaction des adultes qui malgré ma demande n'ont rien fait pour
me rassurer. Il s'agissait de mon oncle de 16 ans mon ainé qui
n'avait rien trouvé de mieux que de me bloquer au sol pour
pouvoir se caresser sur moi, cette sensation de blocage physique et
de panique, je les ressent encore. A l'âge de 12 ans, je revivais une
situation similaire avec notre voisin âgé d'une soixantaine
d'année. Il faisait parti de ces voisins que tout le monde apprécie
car il lance régulièrement des invitations à tout le voisinage et
propose toujours trés naturellement ses services pour garder les
enfants. Un vrai "ange" apprécié par la majorité des
adultes, en fait un vrai "monstre" qui je l'ai appris plus
tard violait depuis de longs mois une petite fille du quartier et
abusait allègrement d'un certain nombre d'autres enfants fille et
garçon confondus. J'ai découvert sa perversité lors d'une baignade
dans la piscine qu'il avait expressément installé pour accueillir
les enfants et avec lesquels, il se baignait nécessairement. J'y est
ici subi des caresses prononcées allant jusqu'à l'introduction
d'un de ses doigts dans mon vagin. Pour moi, ce fut la terreur et
j'en parlais automatiquement à mes parents qui se contentait alors
de me répondre que je devais cesser de mentir. Ces quelques mots ont
cessé de m'anéantir. Je ne pouvais trouver de réconfort auprès
d'eux. J'avais cependant fait germer une graine de doute dans
l'esprit de mes parents qui ont abordé la question avec d'autres
familles, ce qui a fait boule de neige. Je n'ai pas plus obtenu
d'attention de la part de ma famille. A l'âge de 14 ans, je
rencontrais mon premier petit ami, il était âgé de 18 ans. Nous
fleurtions sans jamais aller au bout de nos ébats. Un jour, il me
demandait de l'accompagner à la plage et sollicitait pour
cela que je prenne un paréo. En fait de plage, nous avons fait
une pause dans un bâtiment scolaire vide pendant les vacances
scolaires. Il a alors commencé à se comporter étrangement
m'obligeant à l'embrasser alors qu'il venait juste de prendre une
taf "de shit". Ce que je n'ai compris que bien des années
plus tard. Je me suis alors senti totalement impuissante sans volonté
de me défendre des gestes qui ont suivi. Il m'a utilisé telle une
poupée gonflable m'obligeant à rester nue habillée de ce seul
paréo. Il était fort, mes tentatives pour m'enfuir furent
vaines. Cela a duré trois longues heures. J'ai ce jour là été
violé pour la première fois. Il me disait que j'étais une salope
et que je l'avais cherché tout en continuant à me faire mal. Après
ce viol, je n'ai rien dit à personne, trop peur d'être à nouveau
salie, humiliée par leurs réactions inappropriées. J'ai
rapidement refoulé ce souvenir pour ne m'en rappeler que vingt
ans après. Entre temps, j'ai vécu avec un sentiment insupportable
de clivage entre mon corps et ma tête, dans une souffrance parfois à
peine supportable mais disproportionnée par rapport à mon vécu. A
l'âge de 17 ans, je remettais le couvert avec un nouveau petit ami,
toujours une relation sexuelle non-consentie. Comment pouvait-elle
l'être ? Je tiens à dire que je viens d'une
famille de niveau moyen, très attachés à leurs choix de vie, ils
aiments voyager et apprécient le contact humain. Mes
parents sont apprèciées par l'ensemble des personne qui les
rencontre, humains et intéressants, ils semblent attirer les
compliments. Quelques 25 ans après
ces tristes évènements, j'ai été capable de sublimer ma
vie afin de la construire dans de bonnes conditions. Seulement après
avoir souhaité entamer un coaching, je me découvre totalement
bloquée émotionnellement. Intellectuellement consciente de mon vécu
mais incapable d'y réagir logiquement émotionnellement. Je me
retrouve en train de sourire à l'évocation de ces souvenirs tout en
décrivant et ressentant des symptômes éprouvants physiquement
et psychologiquement. Je ne sais que faire pour relier l'émotionnel
et le psychologique. Je suis incapable de ressentir de la peine pour
moi-même...
Bonjour, Peut-être, qu'en plus de la
sublimation, vous avez utilisé un autre mécanisme de défense : la
dissociation... et qu'à l'occasion de ce coaching, vous en prenez
vraiment conscience. Les phénomènes de "dissociation"
s'expriment à des degrés divers et, bien sûr dans votre cas, ne
sont pas "pathologiques". Ils agissent sur la liaison
représentations et émotions-affects nous donnant ainsi un sentiment
d'étrangeté soit par rapport à notre corps soit par rapport à
notre "intellect". C'est une forme de refus
d'intégration entre différentes fonctions telles la mémoire, la
conscience, la perception de l'environnement, le sentiment d'être,
l'affect. Soyez prudente dans vos démarches car, si vous
fonctionniez "bien" jusqu'ici, "vouloir"
absolument changer de mode de comportement peut ouvrir les vannes et
provoquer un déferlement que vous auriez du mal à endiguer. Votre
vécu n'est pas anodin.
-
Mémoire
traumatique et victimologie
|
|
Site de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie,
créée en 2009 et présidée par le Dr Muriel SALMONA,
spécialiste des psychotraumatismes dus aux violences. Mémoire
Traumatique et Victimologie est une association de formation,
d'information et de recherche sur les conséquences
psychotraumatiques des violences. Elle a pour but d'améliorer
l'identification, la protection et la prise en charge des
victimes de violences par une meilleure information du public et
par la formation des professionnels impliqués, d'améliorer leur
orientation et leur accès à des soins spécialisés de qualité,
et aussi d'améliorer la connaissance et compréhension des
conséquences des violences, dans l'optique de lutter contre
toutes les violences et d'améliorer leur
prévention. http://memoiretraumatique.org/
|
Puis je
publier, même anonymement, votre témoignage si "riche"?
Cordialement,
Chantal
POIGNANT
Bonjour,
Je vous remercie pour votre réponse si
rapide. Je pense y avoir trouvé du réconfort entre explication
déculpabilisante et information grâce au lien internet.
Je prends en note votre mise en garde concernant les risques
éventuels d'une modification de mon fonctionnement actuel. Je
resterai très vigilante mais j'ai aujourd'hui intégré certains
dysfonctionnements dans mon rôle professionnel (je travaille dans le
social) qu'il me faut travailler si je veux ne plus en souffrir. Je
n'hésiterai pas à rencontrer un psychologue si je sentais un
déferlement émotionnel m'envahir. Je vous autorise à publier mon
témoignage. Encore merci pour tout .
H
|