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Elle demande l'avis de profesionnels, de victimes ayant eu le courage de porter plainte ! Pas de théorie svp

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Septembre 2012


J'avais 15 ans. C'était un soir avant Noel. Une soirée organisée par le lycée. Je ne les connaissais pas vraiment, juste de vue, mais je n'avais aucune raison de me méfier... On a discuté, ils m'ont "offert" un jus de fruit. On est sortis. Pour fumer peut-être, je ne sais plus. On s'est déplacé, mine de rien, vers un endroit tout proche, plus isolé. J'ai rien vu venir. Subitement, ils m'ont encerclée, ont insisté pour que je finisse ce verre...Le temps de dire ouf, j'étais allongée au sol, dans l'herbe, en décembre, et ils me déshabillaient. Je ne comprenais rien, je me suis débattue, j'ai voulu crier... Il était allongé sur moi, je sentais qqc entre mes jambes, mais je serrai tout ce que  je pouvais, je ne comprenais pas tout, juste que je ne voulais pas de ça. Il n'a pas réussi. Ca l'a énervé. Je sentais mes membres de plus en plus lourds, je voulais bouger, je ne pouvais plus. J'ai cru un instant que j'avais gagné, ils allaient partir. En fait, il m'a dit que j'allais payer ma "résistance"... J'ai perdu ma virginité avec une bouteille de bière, toute neuve, avec la capsule...J'ai senti le sang couler, la douleur terrible, la peur...Ils étaient 4. Je ne pouvais plus bouger, plus crier...Ils riaient. Ensuite, ils m'ont soulevée, retournée, face contre terre, et puis...La douleur a été insoutenable, j'ai crié, j'ai reçu un coup de pied dans le visage. Mais surtout, à ce moment là, il s'est passé qqc dans ma tête, ccomme s'ils venaient de me planter un couteau dans la poitrine. Comme si l'humanité venait de me quitter. Je n'étais plus rien. Comme si qqc se brisait, définitivement. J'entendais leurs voix, les bruits des ceintures qui se défaisaient. Les 3 autres y sont passés, à tour de rôle. Ils ont ensuite exigé des fellations "pour que je nettoie ma merde", ils m'ont ensuite violée tous les 4, comme prévu initialement, puis m'ont "défoncé" le vagin à coups de poing. A un moment, je me suis effondrée. J'aurai pu être morte. Mais ça ne les a pas inquiétés! A coups de pieds, ils m'ont relevée. A la fin, je n'étais plus qu'un bout de viande inerte. Ils m'ont rhabillée. Et "remise" dans un couloir. Je ne sais pas comment, je me souviens être allée aux toilettes. J'ai vu mon visage recouvert de sang et de sperm. Je me suis débarbouillée. Et puis plus rien. Je n'ai plus aucun souvenir ensuite. J'ai "oublié". Qq années plus tard, c'est en croisant l'un d'eux que les souvenirs sont revenus. En partie. Je me suis mise à boire, à coucher avec tous ceux qui croisaient ma route. Après une véritable descente aux enfers, j'ai repris le cours de ma vie. Je me suis mariée, j'ai eu des enfants. Et puis il y a 2 ans, c'est revenu. Morceau par morceau, par flash.Un hiver. L'alcool m'a aidé à remettre le couvercle là-dessus au bout de qq mois. L'hiver suivant, rebelotte. Des flash, des souvenirs, des angoisses. J'en ai parlé à mon médecin. L'alcool. Un jour, ça a débordé. J'en ai parlé à une collègue. Puis au fil des mois, à d'autres. Par écrit. Il y a presque 2 mois, l'une d'elle m'a emmené voir une avocate. Ca faisait des mois que j'usais toute mon énergie à nier ce drame, à me dire que ce n'était peut-être pas très grave, voire que c'était de ma faute... C'est à cette période que j'ai pu, pour la 1ère fois, presque 20 ans après, dire, de vive voix, ce qu'ils m'ont fait. L'avocate m'a dit qu'il s'agissait de viols en réunion avec torture et actes de barbarie... Je ne pouvais plus nier. Ca a été violent. Depuis, je ne bois plus. Je n'en ressens plus le besoin,, puisque je ne peux plus nier. Je peux encore porter plainte. Parfois, je voudrais le faire, coute que coute. Mais mon mari, qui sait depuis le début que j'ai été violée par 4 mecs, refuse d'entendre parler de tout celà. Il me reproche d'aller mal, quand il s'en aperçoit. Dénigre mes copines, pcq il sait que je leur parle. Refuse tous les stigmates, réels ou supposés, de "ça". Il ne veut pour moi ni psy, ni copines, ni avocate, il dit que je dois oublier. On a du en parler, à mots couverts, que 3 ou 4 fois depuis 2 ans! Je fais de mon mieux pour assurer au boulot, masquer à la maison... Il a même essayé de me faire croire que les faits étaient prescrits, pour me dissuader. Porter plainte, c'est prendre le risque de tout perdre. Ne pas le faire me donne le sentiment d'être leur complice, coupable moi aussi de ces viols. Je ne pleure pas, je ne me révolte pas. Mais j'étouffe. Je déteste cette petite conne qui a subi "ça". Ce qu'ils ont fait me dégoute. Je me dégoute. J'arrive pas à faire autrement. Ca me hante. Ce qu'ils ont fait. Comment vivre après "ça"? De quel droit? J'ai besoin de soutien, je cherche une forme de  "ré-habilitation", mais je refuse toute marque d'affection, de "respect", car je n'en suis pas digne. J'ai mal à en crever, je n'en peux plus, je porte cette orgie sur mes épaules depuis près de 20 ans, je dois faire "comme si" à la maison, au boulot, et c'est trop lourd. Je voudrais pouvoir pleurer, crier, évacuer, mais j'ai peur de m'effondrer si ça sort... Je voudrais pouvoir compter sur qq, ma mère, mon mari ou qq d'autre qui pourrait m'aider à porter "ça", à me le pardonner, à "prendre soin" de moi, à me supporter à défaut de m'aimer...Je refuse toute forme de marque d'affection (contact physique, compliment etc), alors que je n'attends que ça, parce que cette petite pute ne le mérite pas...  Si j'ai tenu aussi longtemps, ces derniers mois en tous cas, c'est parce qu'à chaque fois que ça a débordé, j'ai fini par en parler à des collègues. Parler, ne plus se cacher, c'est libérateur. Pouvoir, au moins de temps en temps, être ce que l'on est, dire ce qu'on a dans la tête, c'est une soupape de décompression. Et je crois avoir su choisir les bonnes personnes. Mais je dois assumer, c'est MON problème, et puis personne n'a envie de savoir "ça", on fait tous ça, on essaie d'éviter ce qui fait mal, de nier. Sauf que c'est la société qui fait ce genre de connards, alors pourquoi elle laisse tomber leurs victimes? Parce que c'est tabou. Inaudible. Sauf en justice ou dans le cabinet d'un psy. J'ai parfois l'impression que je vais exploser. Je voudrais porter plainte, pour dire "je voulais pas, c'était pas de ma faute", pour dire tout le mal qu'ils m'ont fait, ce qu'ils ont tué en moi. Mais probablement que j'aurai trop la trouille. Ils étaient un peu plus âgés que moi. De toute façon, la question ne se pose pas. Mon mari ne "supporte" rien de ce qui concerne cette histoire, c'est trop lourd pour lui, je peux le comprendre, mais il ne pense qu'à lui. Même mes parents ne savent rien. J'ai compris récemment qu'il n'y aurait pas de miracle, je n'oublierai pas et "ça" sera toujours là. Mais je pourrai peut-être quand même moins souffrir. Et m'autoriser à vivre, vraiment. Et tolérer de nouveaux de vivre et travailler avec des hommes aussi, pcq plus le temps passe, moins je les supporte. Et moins je me supporte... Même si parfois, je me sens un peu mieux, dès que "ça" revient, dès que je me revois entre leurs sales pattes...je redeviens cette chose inhumaine, dégoutante, et je suis engluée dans cette image... Comme figée, emprisonnée. Et je passe sur les séquelles physiques, les divers troubles du comportement que je masque de mon mieux.

whaou.soleil@gmail.com


Votre souffle vous porte au dessus de votre histoire même si vous avez le sentiment d'en être engluée.
Laissez votre souffle aller encore plus loin pour que votre histoire soit portée et supportée par d'autres femmes, d'autres humains.

Chantal POIGNANT.

*Note de chantal Poignant :
Nous sommes en communication depuis longtemps ; aussi, il est impossible et inutile d'ailleurs, que j'inscrive ici mes réponses.
L'essentiel est que « whaou soleil » ait pu enfin sortir de son silence.
J'espère que des juristes voire des juges, des membres associatifs qui luttent pour la défense des droits des femmes et vous tous pourront lui apporter des renseignements quant à une éventuelle démarche en justice qu'elle craint évidemment et un soutien re-fondateur.
« Mais des témoignages de gens "d'expérience", du terrain. Pour avoir idée de ce qui pourrait vraiment se passer si je portais plainte, pas la théorie... La théorie, je la connais... »

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