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Elle demande l'avis de profesionnels, de victimes ayant eu le courage de porter plainte ! Pas de théorie svp Email
en pied de message J'avais
15 ans. C'était un soir avant Noel. Une soirée organisée par le
lycée. Je ne les connaissais pas vraiment, juste de vue, mais
je n'avais aucune raison de me méfier... On a discuté, ils m'ont
"offert" un jus de fruit. On est sortis. Pour fumer
peut-être, je ne sais plus. On s'est déplacé, mine de rien, vers
un endroit tout proche, plus isolé. J'ai rien vu venir. Subitement,
ils m'ont encerclée, ont insisté pour que je finisse ce verre...Le
temps de dire ouf, j'étais allongée au sol, dans l'herbe, en
décembre, et ils me déshabillaient. Je ne comprenais rien, je me
suis débattue, j'ai voulu crier... Il était allongé sur moi, je
sentais qqc entre mes jambes, mais je serrai tout ce que je
pouvais, je ne comprenais pas tout, juste que je ne voulais pas de
ça. Il n'a pas réussi. Ca l'a énervé. Je sentais mes membres de
plus en plus lourds, je voulais bouger, je ne pouvais plus. J'ai cru
un instant que j'avais gagné, ils allaient partir. En fait, il m'a
dit que j'allais payer ma "résistance"... J'ai perdu ma
virginité avec une bouteille de bière, toute neuve, avec la
capsule...J'ai senti le sang couler, la douleur terrible, la
peur...Ils étaient 4. Je ne pouvais plus bouger, plus crier...Ils
riaient. Ensuite, ils m'ont soulevée, retournée, face contre terre,
et puis...La douleur a été insoutenable, j'ai crié, j'ai reçu un
coup de pied dans le visage. Mais surtout, à ce moment là, il s'est
passé qqc dans ma tête, ccomme s'ils venaient de me planter un
couteau dans la poitrine. Comme si l'humanité venait de me quitter.
Je n'étais plus rien. Comme si qqc se brisait, définitivement.
J'entendais leurs voix, les bruits des ceintures qui se défaisaient.
Les 3 autres y sont passés, à tour de rôle. Ils ont ensuite exigé
des fellations "pour que je nettoie ma merde", ils m'ont
ensuite violée tous les 4, comme prévu initialement, puis m'ont
"défoncé" le vagin à coups de poing. A un moment, je me
suis effondrée. J'aurai pu être morte. Mais ça ne les a pas
inquiétés! A coups de pieds, ils m'ont relevée. A la fin, je
n'étais plus qu'un bout de viande inerte. Ils m'ont rhabillée. Et
"remise" dans un couloir. Je ne sais pas comment, je me
souviens être allée aux toilettes. J'ai vu mon visage recouvert de
sang et de sperm. Je me suis débarbouillée. Et puis plus rien. Je
n'ai plus aucun souvenir ensuite. J'ai "oublié". Qq années
plus tard, c'est en croisant l'un d'eux que les souvenirs sont
revenus. En partie. Je me suis mise à boire, à coucher avec tous
ceux qui croisaient ma route. Après une véritable descente aux
enfers, j'ai repris le cours de ma vie. Je me suis mariée, j'ai eu
des enfants. Et puis il y a 2 ans, c'est revenu. Morceau par morceau,
par flash.Un hiver. L'alcool m'a aidé à remettre le couvercle
là-dessus au bout de qq mois. L'hiver suivant, rebelotte. Des flash,
des souvenirs, des angoisses. J'en ai parlé à mon médecin.
L'alcool. Un jour, ça a débordé. J'en ai parlé à une collègue.
Puis au fil des mois, à d'autres. Par écrit. Il y a presque 2 mois,
l'une d'elle m'a emmené voir une avocate. Ca faisait des mois que
j'usais toute mon énergie à nier ce drame, à me dire que ce
n'était peut-être pas très grave, voire que c'était de ma
faute... C'est à cette période que j'ai pu, pour la 1ère fois,
presque 20 ans après, dire, de vive voix, ce qu'ils m'ont fait.
L'avocate m'a dit qu'il s'agissait de viols en réunion avec torture
et actes de barbarie... Je ne pouvais plus nier. Ca a été violent.
Depuis, je ne bois plus. Je n'en ressens plus le besoin,, puisque je
ne peux plus nier. Je peux encore porter plainte. Parfois, je
voudrais le faire, coute que coute. Mais mon mari, qui sait depuis le
début que j'ai été violée par 4 mecs, refuse d'entendre parler de
tout celà. Il me reproche d'aller mal, quand il s'en aperçoit.
Dénigre mes copines, pcq il sait que je leur parle. Refuse tous les
stigmates, réels ou supposés, de "ça". Il ne veut pour
moi ni psy, ni copines, ni avocate, il dit que je dois oublier. On a
du en parler, à mots couverts, que 3 ou 4 fois depuis 2 ans! Je fais
de mon mieux pour assurer au boulot, masquer à la maison... Il a
même essayé de me faire croire que les faits étaient prescrits,
pour me dissuader. Porter plainte, c'est prendre le risque de tout
perdre. Ne pas le faire me donne le sentiment d'être leur complice,
coupable moi aussi de ces viols. Je ne pleure pas, je ne me révolte
pas. Mais j'étouffe. Je déteste cette petite conne qui a subi "ça".
Ce qu'ils ont fait me dégoute. Je me dégoute. J'arrive pas à faire
autrement. Ca me hante. Ce qu'ils ont fait. Comment vivre après
"ça"? De quel droit? J'ai besoin de soutien, je cherche
une forme de "ré-habilitation", mais je refuse toute
marque d'affection, de "respect", car je n'en suis pas
digne. J'ai mal à en crever, je n'en peux plus, je porte cette orgie
sur mes épaules depuis près de 20 ans, je dois faire "comme
si" à la maison, au boulot, et c'est trop lourd. Je voudrais
pouvoir pleurer, crier, évacuer, mais j'ai peur de m'effondrer si ça
sort... Je voudrais pouvoir compter sur qq, ma mère, mon mari ou qq
d'autre qui pourrait m'aider à porter "ça", à me le
pardonner, à "prendre soin" de moi, à me supporter à
défaut de m'aimer...Je refuse toute forme de marque d'affection
(contact physique, compliment etc), alors que je n'attends que ça,
parce que cette petite pute ne le mérite pas... Si j'ai
tenu aussi longtemps, ces derniers mois en tous cas, c'est parce qu'à
chaque fois que ça a débordé, j'ai fini par en parler à des
collègues. Parler, ne plus se cacher, c'est libérateur. Pouvoir, au
moins de temps en temps, être ce que l'on est, dire ce qu'on a dans
la tête, c'est une soupape de décompression. Et je crois avoir su
choisir les bonnes personnes. Mais je dois assumer, c'est MON
problème, et puis personne n'a envie de savoir "ça", on
fait tous ça, on essaie d'éviter ce qui fait mal, de nier.
Sauf que c'est la société qui fait ce genre de connards, alors
pourquoi elle laisse tomber leurs victimes? Parce que c'est tabou.
Inaudible. Sauf en justice ou dans le cabinet d'un psy. J'ai parfois
l'impression que je vais exploser. Je voudrais porter plainte, pour
dire "je voulais pas, c'était pas de ma faute", pour dire
tout le mal qu'ils m'ont fait, ce qu'ils ont tué en moi. Mais
probablement que j'aurai trop la trouille. Ils étaient un peu plus
âgés que moi. De toute façon, la question ne se pose pas. Mon mari
ne "supporte" rien de ce qui concerne cette histoire, c'est
trop lourd pour lui, je peux le comprendre, mais il ne pense qu'à
lui. Même mes parents ne savent rien. J'ai compris récemment qu'il
n'y aurait pas de miracle, je n'oublierai pas et "ça" sera
toujours là. Mais je pourrai peut-être quand même moins souffrir.
Et m'autoriser à vivre, vraiment. Et tolérer de nouveaux de vivre
et travailler avec des hommes aussi, pcq plus le temps passe, moins
je les supporte. Et moins je me supporte... Même si parfois, je me
sens un peu mieux, dès que "ça" revient, dès que je me
revois entre leurs sales pattes...je redeviens cette chose inhumaine,
dégoutante, et je suis engluée dans cette image... Comme figée,
emprisonnée. Et je passe sur les séquelles physiques, les divers
troubles du comportement que je masque de mon mieux.
Votre
souffle vous porte au dessus de votre histoire même si vous avez le
sentiment d'en être engluée. Chantal
POIGNANT.
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