Trois ans après, j'ai décidé d'écrire mon histoire
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en pied de message Décembre 2012
Bonjour,
Trois ans après j'ai décidé d'écrire mon histoire dans ce texte. Une confidence qui me tient à coeur, car je sais qu'elle pourrait aider certaines femmes. Je veux aider ces femmes qui n'ont pas eus cette chance de survivre ou d'avoir une famille qui me soutient.
Cordialement
N.
Vivre
dans la peau d’une ex femme battue
Dans
la vie, rien n’est jamais simple, encore moins lorsque vous vivez dans
la peau d’une ex femme battue.
« Jamais »,
était le mot qui sortait de ma bouche lorsque je pouvais voir des
femmes battues dans les films. « Jamais ! Cela ne
m’arrivera pas, jamais
je ne le laisserai me faire çà ! » Et pourtant… Ma vie
était parfaite, jusqu’à
ce qu’un démon y fasse irruption. « Il faut le voir pour le
croire ! » Personne
ne peut comprendre, tant qu’il ne l’a pas vécu, je sais que je
ne pourrai
être comprise convenablement mais je ressens ce besoin, trois ans après,
de m’exprimer. J’ai compris depuis peu, que je ne pouvais pas
passer au
dessus de ce passé lourd à supporter, parce qu’il est ma vie, mon
antécédent. Ce
taire enrichit les chances de maltraitances et de soumissions. Mais
surtout, enfouir
ceci à l’intérieur de soi, c’est ce détruire peu à peu. Ce
voir aller mal, mais
ne rien faire. J’aimerai faire ce témoignage « coups de
poing », sur
une souffrance le plus souvent cachées par les victimes elles-mêmes. Dire
ce dont personne ne dit, faire ce que personne ne fait. Aidez et
sauvez ces
femmes qui n’ont pas eus cette forme de partir, parce que dans ces moments
la seule arme, c’est le soutien.
Durant
cinq années, j’ai connu l’enfer de la violence conjugale. Au
début, j’ai
cru tutoyer le bonheur, mais très vite les choses ont changé. Je
découvris la
définition et l’horreur de la passion maladive. Pendant ces
années, je ne connu que
tyrannie, coups répétés de celui que je voyais comme mon prince
charmant. Rêves
bafoués ! Petite fille, jeune adolescente progressivement
détruites, dégradé et
indigné. Appels au secours non entendu. Années de malheurs
ponctuées de viols, de
perte d’identité et d’éloignement de ces proches.
Violences
conjugales, définition du mot très peu connu pour plusieurs d’entre
nous. Savez
vous réellement ce que peux engendrer des violences conjugales ?!
Ceci ne sont
pas simplement défini par de simples coups. Ce processus évolutif
amène pour
la plupart du temps, notre partenaire à nous dominer, à s’exprimer
par des agressions
physiques mais aussi psychologiques, sexuelles, économiques et spirituelles.
Conséquences importantes pour les victimes, qui pour la plupart, demande
un suivi psychologique. Quoi de pire, que de ce faire humilié en
public par
la personne que l’on idéalise, de devoir ce taire par crainte que
ces coups de poing
viennent encore brutaliser notre corps qui ne c’est pas encore
remis des coups
précédents. Notre cœur, notre corps et notre tête ont mal mais
on ne sait jamais
quoi faire. Mes tenues vestimentaires ce limité aux cols roulés /
jeans et baskets,
afin de cacher les bleus qui figurés sur mon corps, et de ne pas
éveiller la jalousie
de mon compagnon qui risquait de me valoir encore des coups supplémentaires.
Et de cacher la vérité aux personnes de mon entourage afin de ne
pas leur faire de mal et les protèger un maximum. Vivre dans la
crainte et la sous
estime de soi. Avoir peur de ces moindres faits, gestes et paroles,
se taire
pour
ne pas s’en prendre plus. Avoir peur au quotidien, encore une fois, personne
ne peux comprendre, tant qu’il ne l’a pas vécu. Je ne souhaite à personne
de vivre une telle chose, chose que l’on ne peut que vivre comme une
tragédie.
De
nombreuses questions parcouraient ma tête. « Pourquoi moi ? »
« Qu’ai-je fais
de si mal ? » « Suis-je si mauvaise que çà ? »
Je me souviendrais toujours de ces
paroles. « Si je te bats c’est que tu l’as mérité »
« Je te traite comme une chienne car
tu ne vaux pas mieux » « Arrêtes de pleurer, tais toi,
tu en veux encore ?! » « Estime
toi heureuse çà pourrait être pire » « Tu vas fermer
ta gueule salope ?! » Et
j’en passe. Je savais que ce n’était pas normal, mais j’avais
17 ans. Jeune et innocente,
j’étais entrain de vivre mon premier amour… J’étais entrain
de me faire
ma propre opinion des hommes …
Beaucoup
de personnes jugeront mes paroles, et diront qu’à ma place ils seraient
partis et n’aurait pas attendu si longtemps, mais vous ne savez pas alors
ne jugez pas.. A ma place, oui mais vous ne l’êtes pas…
Ma
famille était ma seule motivation pour me battre et rester en vie.
Mais je ne pouvais
pas les voir, il me l’avait interdit. Seule personne que j’avais
le droit de voir,
ma meilleure amie, qui ne m’a jamais cru sur les agissements de mon
ex copain.
Jusqu’au jour où, il a essayé de m’étrangler sous ces yeux.
Après çà, que
dire de plus à part des excuses, mais trop tard le mal était fait,
était dit…
Le
quitter, j’ai essayé. Je l’ai même fais, à plusieurs reprises.
Mais à chaque fois il
me retrouvé, me suivait. Ma voiture en a fait les frais, mon corps
aussi d’ailleurs. Je
ne tenais plus, partout où j’allais il était là, tous ce que je
faisais il le savait. Comment
faisait-il ? Je n’ai jamais su. Harcèlement, menaces,
poursuites j’ai tous vécu.
Un seul et unique être à transformé ma vie, m’a fait connaitre
les pires horreurs. « Si
tu ne reviens pas je te tue toi et ta famille » me disait il.
Ces paroles je ne les oublierai
jamais. Mes parents me disaient de partir et de le quitter. Mais
s’ils savaient que
ce n’était pas si simple que çà, s’ils savaient tous ce dont
il était capable. S’ils
savaient, que si j’y suis retourné, c’était pour leur sécurité.
J’avais peur pour moi, mais
j’avais aussi peur pour eux. Pendant qu’il me battait il ne leur
faisait pas de mal. Dire
que j’ai fais çà par amour, ils ne comprendraient pas, mais j’ai
fais çà pour les
protéger. De toute façon, comme je disais, personne ne peux
réellement comprendre.
Moi-même aujourd’hui je ne comprends pas, comment j’ai pu le laisser
me faire çà. Mais vous savez sous la crainte, sous les menaces et
les coups je
crois que personne ne serait vraiment comment réagir. Car dans ces
moments là, on
ne réfléchit pas il faut faire vite ou sinon il vous tuera...
Parfois encore, lorsque je
ferme les yeux pour essayer de m’endormir, je l’entends hurler
« Je vais tuer salope » et
je le vois me courir après. Il est à l’origine de nombreux de mes
cauchemars. J’avais
beau essayé de fuir, que faire, face à cet homme à la force
surhumaine.Trois
ans après, il trouble encore mon sommeil.
Vous
savez, j’en parle aujourd’hui, mais je n’ai jamais réussi à
en parler avant. Pourquoi
aujourd’hui, me demanderez-vous. Je ne sais pas. Cela fait trois
ans que
j’ai eus cette force de lui dire « stop ». J’étais
enceinte, oh mon Dieu j’étais enceinte,
mais comment est ce possible, mon enfer n’était il pas assez dure
comme çà
pour devoir y mêler un autre petit être. Je me souviendrais à vie
du jour où je lui ai annoncé… Le jour de ma libération. Il m’a
jeté dehors, comme une malpropre, enceinte, et
m’a dit qu’il ne voulait plus jamais me revoir. J’avais un
petit bout de ce monstre en
moi, dans mon ventre, je n’en voulais pas. C’était égoïste,
ou pas… Je me sentais sale
et meurtrie. Je ne voulais pas que ce petit être innocent me
rappelle tous ces mauvais
souvenirs. Puis trois jours après, il m’a rappelé, m’ordonnant
de revenir. J’ai
refusé, vous n’imaginez pas dans quel état de fureur il était,
insultes et menaces
comme toujours. Que savez t-il dire et faire d’autres… J’étais
terrorisée, j’avais
tellement peur. « Je viendrai te voler ton bébé et jamais
plus tu ne le reverras »
avait il dit. C’était décidé fallait avorter ! Une nouvelle
course poursuite commençait. Mais cette fois je devais tenir, de
retour chez mes parents, quoi qu’il arrive
il n’était plus possible de craquer et de prendre peur, je ne
reviendrais pas.
L’avortement,
j’en avais entendu parler. Mais jamais je n’aurai cru que cela
pouvait être
aussi abominable. J’ai pris la décision d’enlever ce petit bout
de lui, mais aussi ce
petit bout de moi. Décision difficile, mais je n’avais pas le
choix. Je ne voulais pas qu’il
fasse vivre à ce bébé ce qu’il m’avait fait vivre, je l’aimais
déjà, alors par amour j’ai
décidé de le protéger et de le « tuer »… Toutes ces
années j’ai porté sur mon dos, ce
qu’il me faisait vivre, maintenant je devais porter en plus, sur
mes petites épaules, le
point d’un avortement. Je pensais que jamais je ne m’en sortirai
et que ça ne s’arrêterait
pas.
Forcement,
le suicide j’y ai très souvent pensé, Je me demandais ce que je
faisais sur cette
terre, pourquoi vivre dans ces conditions, pourquoi rester en vie si
c’est pour autant
souffrir. Mais j’étais jeune et je ne pensais pas que m’arrêter
sur une si mauvaise
opinion des hommes mais surtout de la vie était une solution. (
Je dois remercier ma maman qui m’a donné et appris cette force de
caractère, elle
m’a toujours appris que la vie était un internel combat et qu’il
ne fallait jamais baisser
les bras. Sans son apprentissage aujourd’hui je ne serai plus là…)
Alors je décidai
de me battre mais la dépression me prit entre ces griffes. Ne
souhaitant
toujours
pas en parler, j’ai fais face à tous ceci seule. Mes parents et ma
sœur m’ont énormément aidé, mais ces démons étaient en moi et
ils ne pouvaient rien y faire. Leur
en parler n’aurait servi à rien. J’ai décidé de faire comme ci
jamais rien ne s’était passé
et d’apprendre à vivre avec. Car je savais déjà qu’oublier ce
ne serai pas possible.
Me
mettre à nu à travers ce papier est difficile, mais nécessaire.
J’ai l’impression de
ne plus pouvoir vivre avec çà. Je ne suis pas la seule à avoir été
dans cette situation,
certaines n’ont pas eus la chance d’avoir une famille pour les
entourer et
les encourager, ni même le courage de mettre fin à cette horreur.
Alors pour eux, je
voudrais leur dire de ne pas baisser les bras. Et surtout ne laissez
pas la mort vous emportez, même si parfois elle semble être la
seule à pouvoir vous sortir de cet enfer. N’ayez
plus peur de l’affronter. Mais surtout ne vous cachez plus ce
n’est pas une honte,
dénonce le, ce malade en liberté. On ne mérite pas de vivre cela.
Personne ne
mérite de vivre çà. Vous savez, je suis désolée mais jamais vous
ne pourrez
oublier,
moi-même je n’ai pas oublié. On apprend à vivre avec, on
s’adapte mais on
n’oublie pas.
Ma
souffrance est immense. « Le temps referment les blessures »,
ce n’est pas vrai. En
tous cas, le temps n’a pas refermé les miennes. Je reconnais
seulement aujoud’hui, trois
ans après, avoir besoin d’un suivi psychologique, j’ai appris,
enfin compris, que ce
n’était pas à moi d’avoir honte, mais à lui. Je ne suis pas
malade, c’est lui le malade moi
j’ai juste besoin de soutien, besoin que l’on m’aide à
affronter mes démons. Ce
n’était pas moi qui devrait me sentir sale mais cet immonde homme.
Je ne veux
plus craindre ces nuits où il refait apparition… Je ne veux plus
entendre sa voix
qui m’insulte. Je ne veux plus avoir peur des mains d’un homme
qui me touchent. Je
ne veux plus avoir peur en un homme tous simplement. Ni même
avoir peur de vivre.
Je m’estime heureuse de m’en être sortie. Et je remercie Dieu,
de chaque jours qu’il
m’est offert de m’avoir laissé en vie, et d’avoir fait que cet
homme ne me tue pas
. Pour mieux vivre, mais pour ma famille, mes amis et pour ce futur
homme de ma
vie, ce prince charmant dont j’ai toujours rêvé mais surtout, oui
surtout pour moi-même
et pour toutes ces femmes qui n’ont pas eus la force de ce battre
où pour
celle qui ont été tué par un compagnon fou, je vais me battre et
je vais m’en sortir ...
Je ne veux pas qu’il gagne et pour cela il faut que je l’empêche
de me hanter
éternellement. C’est décidé, Démon tu as perdu ! Adieu.
Merci
pour ce témoignage si explicite. Vous dites combien le soutien
de votre famille a été capital mais il me semble
comprendre que personne ne vous a conseillé de porter plainte ; pourtant,
vous deviez avoir des preuves malheureusement concernant la maltraitance
que vous subissiez.
Nous allons publier votre écrit en espérant
qu'il donnera à d'autres l'espoir et la
volonté de se redresser. Est-ce que nous mettrons cette adresse
e-mail afin que des personnes puissent vous
contacter? Dans l'attente,
Cordialement,
Chantal POIGNANT Agent de conseil
Bonjour,
Merci pour votre réponse si rapide, mais surtout merci beaucoup
de publier cet écrit,
cela me tenait énormement à coeur. J'ai posé deux mains
courantes contre cet homme, seulement lorsque celui-ci à
été
convoqué, le supplice qu'il m'avait fait subir ne faisait que
grandir, et ces menaces
de
même. j'ai pris peur je n'ai pas donner suite. Oui, je tiens
énormement à ce que mon adresse email, mais j'aimerai si possible
que
vous ne mettiez pas celle ci. Mon nom apparaît et je ne souhaite
pas qu'il apparaisse, j'ai donc créer une boîte mail à cet
effet: gd88@laposte.net.
Je tiens vraiment faire de mon mieux pour soutenir ces femmes
Cordialement
N.
Je
ne peux m'empêcher de revenir sur le fait, que les mains courantes
ne servent pas à grand chose dans la mesure où, elles ne
déclenchent aucun processus judiciaire et juridique.
Eventuellement, comme cela s'est passé pour vous, la personne
incriminée peut être convoquée à la gendarmerie pour un
rappel à la loi et repartir, libre de menacer la victime de
représailles... Au moins, quand il y a dépôt de plainte, on
peut espérer une certaine prise en compte, un "traitement"
de la situation. Bien sûr, ce n'est pas facile et je comprends
très bien vos hésitations et votre crainte. Bien à vous,
Cordialement, Chantal POIGNANT
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