Jamais sans ma fille
Email
en pied de message Mai 2013
bonjour
j'ai
déjà rédigé un courrier pour vous, il y a quelques années, puis
je ne l'ai pas envoyé
j'ai
préféré la jouer profil bas, pensant que mon comportement pourrait
aggraver les choses
aujourd'hui,
je suis divorcée, j'ai une fille de 4 ans et je craque
mon
ex-mari me traque
il
est algérien, arrivé en France à 35 ans, on s'est rencontré
quelques mois après
il
m'a très vite proposé le mariage et les enfants, le foyer dont je
rêvais ardemment
j'avais
une très mauvaise estime de moi et je pensais que les hommes ne se
tourneraient vers moi que pour le sexe
je
l'ai donc vu comme Mon sauveur
des
débuts idylliques se sont très vite détériorées, nous
étions différents, de religion, de culture
nous
discutions de ces problèmes très vivement et je disais que je ne me
convertirai pas , que je garderai la même vie (j'étais une bonne
vivante, aimant sortir, danser...), que ma famille et mes amis
étaient primordiaux, que j 'avais peur qu'il me demande toujours de
faire des efforts, des concessions, qui m’amènerait à
me perdre
il
me disait mais non je ne te demande que ça, "arrêter de boire
de l'alcool" par exemple avec un exposé d'arguments
quand
j'exprimais mes craintes, il me rassurait et je me disais "je
crois en toi"
du
haut de mes 24 ans je n'ai pas compris ce que ça voulait dire,
aujourd'hui je comprends qu'il m'avait choisi pour mes failles, mes
faiblesses et qu'il pensait pouvoir me convaincre de faire n'importe
quoi
a
force de vives pressions, j'ai fini par céder à son
volonté de se marier
notre
mariage a creusé un fossé avec tout mon entourage
et petit à
petit il a fait du tri dans mes amis, jamais personne
ne trouvait estime à son égard
très
vite, il trouvait un prétexte pour se fâcher et estimer que
les gens n'étaient plus dignes de lui, mal venu chez nous et que si
je les fréquentais c'est que je ne le défendais et le
méprisais
pour
que je fasse des choses il me menaçait de divorcer
rapidement,
j'ai fini par faire une dépression
j'ai
été hospitalisé un mois à ma demande pour nous protéger
j'ai
arrêté de travailler pendant 15 mois
j'ai
été sous anti-dépresseur environ deux ans et demi, je les ai
stoppé en début de ma grossesse
tout
semblait aller bien
très
rapidement, je me suis rendue compte que sans anti-dépresseur je
sera incapable de supporter l'ambiance et le cadre de vie qu'il m'
imposait
que
ça allait mal finir, j'ai regardé mon ventre et dit à mon foetus
ne t'accroche pas, tu n'auras pas la vie que j'ai revé pour toi, des
parents qui t'aiment mais une vie d'enfant séparé (et encore je ne
m'imaginais pas à quel point ce serait dur)
elle
s'est accroché quand même, j'ai accouché seule, élévée mon
enfant seule, épuisée, par les brimades, les remontrances
j'ai
tout fait pour créer un lien entre mon enfant et son père
je
me suis dit que 18 mois serait ma limite car au delà
l'enfant prendrait conscience et que je ne voulais pas qu'elle puisse
être témoin du mépris qu'il me portait
il
m'a interdit de fêter l'anniversaire de notre enfant avec ma famille
car il les déteste tous
je
suis allé dans un square en hiver sous la neige pour le fêter
quand
il a compris il a dit on divorce
il
devait s'attendre à ce que je le supplie comme je l'ai toujours
fait, j'ai dit ok, j'ai pris le téléphone appelé un avocat
on
a du cohabiter pendant un an, le temps de vendre la maison
l'ambiance
était plus agréable qu'étant en couple, car on savait que le
calvaire prenait fin
le
début de la séparation s'est bien passé, j'ai signé un bail avec
lui pour qu'il habite la même ville voulant favoriser les rapports
père-enfant
aujourd'hui
il m'envoie des sms de menaces de frapper mes proches qui s'occupe de
mon enfant, il cherche à connaître les horaires de fréquentation
de l'école de ma fille, me dénigre tout le temps, traîne autour de
chez moi pour surveiller mes mouvements et me menace de retirer la
garde de ma fille, car il dit que je ne suis plus apte
je
sais que le risque juridique est moindre, mais je suis désespérée,
ce mec me pourrit la vie depuis 2004 et tout le monde s'en fout
tant
q'il ne m'aura pas tué il ne se passera rien
il
détruit ma fille à petit feu, la manipule pour qu'elle adopte sa
religion, ne lui apporte aucun principe éducatif, comme ça chez
papa, c'est que le plaisir, les jeux, la télé à volonté, les
bonbons, le choix du menu, il dort même avec elle sieste et nuit.
moi
je suis la méchante, qui force à manger des légumes, qui refuse
qu'on regarde la télé toute la journée, qui veut qu'elle dorme
dans son lit dans sa chambre,qui la met à l'école (alors que son
père lui dit qu'elle peut rester chez lui et que c’est moi
qui veut pas)
en
plus de me battre avec lui, j'ai l'impression de me battre avec elle,
que j'ai un mini-tyran à la maison
Elle
parle très mal, est très dure
j'ai
souvent envie d'abandonner, de la lui laisser puisque je ne peux rien
faire
heureusement,
je me ressaisis car ma puce est aussi une formidable
princesse quand son père est pas trop dans sa tête
j'essaie
de lui donner des armes pour se défendre de lui, car aujourd'hui
il l’utilise comme arme contre moi, mais tôt ou tard
elle subira aussi sa violence
(je
l'amène voir un psy, j'en vois un moi aussi)
comment
démontré ça à un juge ?
j'avais
un dossier rempli de témoignage de son instabilité, de ses humeurs
etc et le juge n'a rien décidé en ma faveur
depuis
mon ex a récupéré le dossier avec les attestations et menacent de
porter plainte contre les témoins et en contacte
certains pour menacer de les démonter s'ils approchent de ma fille
Pourquoi
le divorce ne m'a pas libéré ?
Je
sais que sa force réside dans ma peur
et
plus je veux me libérer de son emprise, plus il met d'énergie dans
sa violence et ses actions
Quand
cesserons nous moi et ma fille d'être ses victimes ?
quelles
blessure saurons nous à réparer ?
Quand
s'arrêtera cette spirale ? je vis dans la peur de perdre mon
enfant (risque d'enlevement, etc)
Vous
l'aurez compris il ne s'agit que de violences psychologiques et de
menaces de violences physiques ce qui fait que je n'ai que peu
d'éléments dans mon dossier
d'autant
que lorsque j'étais marié, je ne déposais pas de main courante et
après non plus
du
fait de ma dépression, il dit que je suis folle
Merci
de votre réponse et à votre site d'exister, il m'avait à l'époque
ouvert les yeux sur ce quotidien si lourd
Amélie
Bonjour, Vous
mettez bien en évidence, la problématique essentielle, celle que
vit votre enfant : son papa vous dénigre constamment dans
votre rôle maternel et ne soutient pas du tout votre autorité ce
qui amène votre fille à se comporter comme un tyran à votre égard
quand vous fixez, avec raison, des limites, des règles éducatives,
d'où un comportement d'opposition pouvant être empreint
d'agressivité à votre encontre. En ne respectant pas certaines
règles d'éducation, le papa rend finalement sa fille intolérante à
la frustration, ce qui nuit à son développement psychologique et
social car bien-sûr la réalité est faite de frustrations avec
lesquelles chacun de nous doit apprendre à composer. Mais en
plus, il place cette enfant dans une situation d'insécurité
psychologique en la laissant sans véritable "contenant"
par rapport à ses désirs, ses émotions et probablement ses
angoisses et ce n'est pas en dormant auprès d'elle qu'il va la
rassurer sur le long terme et l'aider à forger sa propre confiance
en elle. D'autant plus que ce partage du même lit a quelque chose
d'"incestueux", "d'incestuel" plutôt. Cette
petite risque de développer des troubles de l'attachement, des
angoisses, au cours de son processus d'autonomisation que son père
ne respecte pas. Il semblerait que cet homme continue à exercer
des violences envers vous par le biais de sa relation avec l'enfant
et, comme vous l'avez fort bien compris, cette petite fille est aussi
une victime. Bien sûr, au niveau juridique, il est souvent dit
"qu'un mari maltraitant n'est pas forcément un mauvais père";
pourtant cette affirmation est apparue discutable et parfois lourde
de conséquences car comment un enfant peut-il trouver la stabilité
et la sécurité dont il a besoin quand il perçoit, même
confusément, la "violence" de la relation parentale? Des
professionnels du secteur social et médico-social se préoccupent de
plus en plus du vécu de l'enfant dans la violence conjugale et
disent la nécessité de " trouver de meilleures réponses pour
que l'enfant puisse se structurer autrement que dans le rapport
de force et dans la souffrance d'autant plus que les conséquences
psychologiques que produit la violence dans une famille continuent
d'être actives au-delà de la situation" in "L'enfant face
à la violence dans le couple" sous la direction de Karen
Sadlier chez Dunod 2010. Heureusement, vous avez pris l'initiative
de consulter un psy pour elle et pour vous. Des associations
offrent parfois un soutien à la parentalité ce qui pourrait
permettre à votre fille d'affiner ses perceptions de la
situation. Juridiquement hélas, vous n'avez pas un large champ
d'actions, sauf à demander au juge aux affaires familiales de faire
mener éventuellement une enquête concernant les conditions
d'hébergement de l'enfant chez son père (sans préjuger des
risques, il me semble quand même, que l'enfant devrait dormir dans
son propre lit et dans sa propre chambre) et aussi par rapport au
maintien d'une régularité de présence à l'école même si elle
est encore en maternelle. Par ailleurs, si vous craignez que le
père l'emmène hors des frontières de notre pays, signalez le
risque au juge lequel fera en sorte qu'aucun franchissement de
frontière ne puisse s'effectuer sans l'accord des deux parents. Je
vous invite aussi à prendre rendez-vous dans un centre
d'informations sur les droits des femmes ; voici les adresses : *
http://www.infofemmes.com/v2/p/Contact/Coordonnees-de-votre-CIDFF/73 C'est
gratuit et vous bénéficierez d'une écoute et d'un soutien
juridique. J'aimerais pouvoir publier votre témoignage
anonymement ou non car il met en évidence les risques psychologiques
de la violence non seulement par rapport à la femme mais aussi par
rapport à l'enfant y compris après la séparation. Me le
permettez vous? Si vous créez une adresse anonyme, d'autres
personnes pourraient communiquer avec vous : *
http://www.sosfemmes.com/faq/faq_menu.htm Dans
l'attente,
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
bonjour
et
merci de votre réponse,
heureusement
qu'il existe ce genre de site, sans quoi je me sentirai seule et je
baisserai surement les bras
la
police refuse de prendre ma plainte, mon avocat me dit que nous ne
pouvons pas faire grand chose et que je dois cumuler les mains
courantes
bref,
oui je vous autorise à publier mon témoignage et vous pouvez
l'appeler jamais sans ma fille, car c'est mon seul combat et ma plus
grande crainte de la voir partir là-bas
je
vais d'ailleurs demander une opposition à sa sortie de territoire
demain.
bien
cordialement
Merci
Amélie
*
alcaline25@yahoo.fr
|