Je souhaite vraiment avancer
Juin 2013
Bonjour,
Je vous écris dans le but d'avoir une réponse à une question
que je me posais et vous autorise à la poster sur votre site même
si je préfère ne pas donner mon mail. Je suis actuellement en
Terminale L, future étudiante en théâtre, et je suis sortie il y a
peu d'une unité psychiatrique fermée pour adolescents. La cause :
une tentative de suicide suite à une très longue dépression. Cette
longue dépression a été causée par de multiples traumatismes
familiaux que je vais vous exposer maintenant. Ceux ci ont l'air
(je vous expliquerais le pourquoi du conditionnel après) d'avoir
commencé à l'âge de 4 ans à la première séparation de mes
parents. Il semblerait durant cette période que j'ai vu mon père
frapper ma mère. Aucune autre information ne m'est disponible. Ils
se sont remis ensemble et en CE2, rebelote. A la différence que je
me souviens de cette période où, pendant de longs mois, mes parents
hurlaient et brisaient des objets tous les soirs ce qui me
traumatisait suffisamment (à mon âge, tout était relatif hein)
pour que je refuse de manger ce qui était mon plat préféré voir
refuse de manger tout court et me cache dans ma chambre toute la
soirée. Ils ont finit par définitivement se séparer et une garde
alternée a été mise en place. A ce stade de l'histoire je vous
explique le choix du conditionnel qui va devenir primordial. Je n'ai
aucun souvenir, (a part quelques bribes très détaillées que je
peux visualiser à loisir et qui constitueront l'essentiel de ce que
je vais vous raconter) de mon enfance et plus particulièrement de ma
pré adolescence. Lorsque je tente de me remémorer je n'obtiens
qu'un énorme trou noir. Mes souvenirs commencent réellement de
manière construite à partir de la 3ème ce qui est relativement
tard puisque les souvenirs apparaissent dès l'âge de 3 ans je crois
me souvenir. Pour toute cette période de l'enfance, je suis
amnésique. Seuls restent les photos et les souvenirs racontés par
mon entourage. Vers l'âge de 10 ans ma mère a rencontré un
nouvel homme qui est venu s'installer chez nous. Il semblerait que
j'ai eu de gros problèmes avec qui ont fait qu'un jour mon père est
venu menacer mon beau père directement sur le pas de la porte de ne
plus s'en prendre à moi. Si jamais je ne me souvenais pas de ce
moment, j'aurais totalement ignoré cet épisode de ma vie. C'est
d'ailleurs celui qu'il semblerait que j'ai enfoui le plus, allant
même jusqu'à le nier sans ce souvenir précis. Les premiers
problèmes dont je me souviens réellement furent avec mon père. (Ma
mère a tendance a choisir le même type d'homme, brutal.) A peu près
vers la 5ème/4ème (aucun repère fixe n'est possible), il a
commencé à devenir violent, surtout verbalement. J'ai été élevée
dans une famille dont les grands parents possèdent et utilisent
encore le martinet et dont mettre des claques etc... est nécessaire
dans l'éducation de l'enfant. Ainsi cette violence ne m'a jamais
paru étrange et, si elle s'est intensifiée légèrement durant
cette période, a toujours été plus ou moins normale. Ce qui m'a
véritablement fait souffrir durant cette période était la violence
psychologique. En effet, il passait son temps à dire que je n'étais
qu'un monstre non humain qui n'avait pas le droit d'exister. Les mots
"déchet" "salope" "chienne" "fille
de pute" "connasse" etc... furent légion pendant de
nombreux mois durant lesquels je lâchais mes études (alors que
j'avais toujours été très studieuse) et arrivais très souvent au
collège en larmes. je me souviens qu'il m'empêchait d'appeler ma
mère pour la supplier de venir me chercher et de longs moments où
je courrais à travers la maison pour lui échapper. Finalement un
jour où il me frappa au sang je m'échappais et ne revint jamais
chez lui. Après une procédure pour changer le mode de garde je
vécu en garde seule chez ma mère et mon beau père. Ce dernier
n'ayant pas changé d'un poil je sais que l'ambiance était affreuse,
nous nous disputions tout le temps et il était également violent
(chose que j'acceptais beaucoup moins puisque n'ayant pas de lien du
sang avec), je me souviens d'ailleurs une fois ou j'étais
recroquevillée sur le sol pendant qu'il me donnait des coups de pied
dans les côtes. Avant l'entrée au lycée nous avons déménagé à
plusieurs centaines de kilomètres de chez nous et, pendant un an et
demi, cela s'est tellement intensifié que ma mère et moi pleurions
quasiment chaque repas le soir et que les violences étaient
continues. Le point d'orgue a été vers février 2012 où, après
qu'il m'ait envoyé un dictionnaire au visage, (m'occasionnant par la
même un œil au beurre noir), je me suis à nouveau enfuie et suis
partie vers le seul endroit possible... Mon père. Celui ci semblait
en effet avoir fait amende honorable et changé. Durant cette
période, j'ai aussi découvert les scarifications, premier signe
avant coureur de la dépression qui guettait. Une nouvelle phase de
tribunal a démarré et, alors que les premiers mois se sont bien
passés, vers la fin du printemps les mêmes choses qu'en 5ème/4eme
ont recommencées, assorties en plus du fait qu'il me menaçait
régulièrement de ne pas me laisser repartir en train à mon
lycée. Suite à l'impulsion de mon petit ami rencontré en
janvier 2012, j'ai décidé d'aller voir une psychiatre d'une Maison
des Adolescents qui a décidé de faire un signalement et, après un
long été durant lequel j'ai dû rencontrer la juge des enfants,
moment particulièrement éprouvant puisque mon père n'a cessé de
me rabaisser durant tout l'entretien. C'est d'ailleurs à partir de
ce moment, alors que la juge m'avait placé chez des "tierce
personne digne de confiance", en l’occurrence les parents du
dit petit ami; que je sombrais définitivement dans la dépression.
Je pleurais tout le temps, refusais d'aller en cours, ne m'alimentais
plus, me scarifiais souvent et menais la vie dure aux personnes
m'ayant accueillies puisque je passais mon temps enfermée dans ma
chambre. Tout au long des mois ce fut de pire en pire puisque je
m’enfonçais de plus en plus jusqu'au point de non retour: la
tentative de suicide pour laquelle j'ai été hospitalisée pendant
un mois et demi. Depuis quelques temps, je souhaite vraiment
avancer or avec un passé manquant comme celui ci c'est plutôt
complexe. D'autant plus que mon petit ami et moi avons constaté des
faits troublants qui peut être expliqueraient le traumatisme. En
effet, avant de le rencontrer, je refusait que quiconque me touche,
même ma mère par exemple alors qu'autrefois j'étais aussi tactile
qu'elle qui adore faire des câlins à tout le monde. Au contact de
mon petit ami cette tendance est partie même si j'éprouve toujours
du mal. En revanche, le problème se pose réellement au niveau
sexuel où toutes ses tentatives pour me donner du plaisir échouent
dans le sens où je suis terrorisée à chaque fois qu'il s'agit de
zones très érogènes ou point G. J'ai généralement ce que
j'appelle des "réflexes de défense" qui font que je me
sens en extrême danger et qui font que les endroits précédemment
cités deviennent très chatouilleux et désagréables. De plus, à
chaque fois que je tente de me souvenir de mon passé je ne vois que
ma chambre d'enfant sauf qu'un voile est entre elle et moi et que
celle-ci est couverte de sang et très dangereuse. De plus, un
personnage dans l'ombre met un doigt sur sa bouche comme pour dire
"chut". Ainsi, je suis plus ou moins parvenue à la
conclusion qu'il s'agirait peut être d'un problème sexuel (pas
forcément un viol mais par exemple des attouchements dans le but
d'humilier) seulement interroger autour de moi est impossible (nous
connaissons tous les squelettes que l'on cache bien dans les
placards). J'aurais donc aimé avoir votre avis! Merci d'avance.
Atika
Bonjour, Mon
avis est que ce dont vous vous souvenez est déjà suffisamment
traumatique pour expliquer votre longue période de dépression et
tous les signes, les symptômes, qui illustrent votre désarroi,
votre douleur immense. Vous faites référence au phénomène de
l'amnésie infantile pour tenter de comprendre les problèmes que
vous rencontrez au niveau sexualité avec votre petit ami. L'amnésie
a pour fonction de protéger l'équilibre psychique de l'enfant,
d'empêcher temporairement cet équilibre de voler en éclats et
souvent ce type de refoulement peut être levé à la suite d'un
nouveau choc psychique ou au cours d'une thérapie. Il est vrai
que scarifications, tentative de suicide... sont généralement des
symptômes qui peuvent faire penser à des abus sexuels mais ce que
vous avez vécu et "identifié" est déjà extrême,
particulièrement complexe, terriblement douloureux et je vous invite
donc à être prudente dans l'éventuel processus de
"ré-interprétation", que vous pourriez engager auprès
d'un professionnel psy. Vous ne devez pas rester seule avec ce
genre de questionnement ; vous avez fait la démarche de contacter
une psychiatre d'une "maison des adolescents" ; vous avez
été admis dans une unité psy et je suppose que vous avez eu des
entretiens psys ; vous ne me dites pas vers quoi vous avez été
orientée. Actuellement, êtes vous suivie? Dans l'attente
Cordialement,
Chantal
POIGNANT
Agent
de conseil
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