Je suis incapable de me décrire moi-même
Juillet 2013
Bonjour
ce message est destiné à être publié dans la rubrique "questions,messages,répondre"
J'ai
15 ans depuis le 17 juin, je m'appelle Sylvia, je viens de terminer
ma troisième, je suis incapable de me décrire moi même
et j’espère donc qu'en lisant mon message vous arriverez
peut être à voir comment je suis. Pour commencer merci
beaucoup pour votre site, ça fais du bien de pouvoir écrire à
quelqu'un que l'on ne connait pas et d'avoir l’espoir d'une
réponse qui nous aidera à comprendre. Au nouvel an j'étais
a une soirée organisée par un ami, avec ma cousine; nous etions 5,
je connaissais tout le monde c'était tous des amis qui étaient au
collège. J'ai bu comme jamais encore je n'avais bu; voilà je me
suis prit ma première cuite. J'avais rendez vous avec un ami sur une
place à moins de 10 minutes de marche pour qu'il me passe de la
drogue. J'y suis allée avec ma cousine même dans notre état et
avec mes amis inquiets. On est arrivées il était avec deux de ses
amis. Il savait que j'étais bourreé il m'avait entendus au
téléphone quand je l'avais appelé pour savoir le lieu et l'heure
du rendez vous. Je lui ai demandé où était la drogue; il
m'a répondu qu'il fallait que l'on attende un gars qui allait nous
en donner. On s'est embrassé; je ne me souviens plus si c'est lui
ou moi qui l'a fait mais je crois me souvenir de lui avoir fait un
câlin et qu'il met tourné la tête pour m'embrasser. Je savais
qu'il m'avait aimé, je le connaissais depuis le cm2. Pendant que
j'étais dans ses bras un de ses amis m'a prit le billet de 20 euros
que j'avais dans les doigts pour la drogue. Il avait bu lui
aussi et m'a emmené à part, on s'embrassait, je ne le repoussait
pas, il a commencé à me faire une pénétration digitale... Puis un
autre de ses amis est venu avec des bières, donc nous avons encore
bu. Puis il m'a reconduite à part, m'a porté pour que je
m'assoie sur un muret, il a commencé à soulever ma jupe pour
surement encore me pénétrer. Je l'ai repoussé en lui
disant "pas maintenant", "retournons avec les autres",
je n'avais plus de force, j'étais encore vierge, j'avais peur. On
est alors retourné avec les autres. Ça faisait 30 minutes
qu'on était là-bas et le gars qui devait nous passer la drogue
n'arrivait toujours pas.
Ils
nous ont emmené là où ils faisaient leur soirée, je me souviens
lui avoir dit que je devais partir mais après aucune réponse de sa
part je me suis tue. Je n'arrivais presque plus à marcher, il me
soutenais. Il m'a emmené dans une chambre de l'appartement. Ma
cousine est très particulière, elle pensait que je voulais le
faire, je me demande même si elle a songé au fait que je ne
veuilles peut être pas; je me suis donc laisser faire, il
m'a allongé sur un lit j'étais ivre et presque inconsciente. Ma
cousine est entrée dans la chambre pour lui donner un préservatif.
Il est revenu m'a enlever ma culotte et mon tee-shirt, il m'a fait un
cunnilingus (je ne sais pas vraiment si les choses qu'il m'a faites
sont importantes ou non, donc je les écris...) Et a ensuite mit
le préservatif. Il m'a pénétré. J'avais mal, mais ne
bougeais pas, comme si je ne pouvais plus décoller mes mains du
matelas. Pendant l'acte mes amis de la soirée où je devais
être n’arrêtaient pas de m'appeler, j'ai donc répondu,
il me disais qu'ils étaient inquiets, qu'il fallait que je parte de
là où j'étais que ces mecs n'etaient pas des personnes
fréquentables. Ils me criaient dessus, me disaient de partir
immédiatement. Ils avaient compris qu'il se passait ou c'était
passé quelque chose.
J'ai
donc tout arrêté je me suis levée lui est dit stop, il
m'a retenue m'a demandé de lui faire une fellation avant de partir.
Je ne voulais qu'une seule chose c'est sortir de là au plus vite je
lui ai donc dit que j'allais revenir plus tard et que je lui en
ferait une. Il a insisté, mais j'ai commencé à me rhabiller
et à lui dire que vraiment je repasserais. Je suis sortis de la
chambre, j'ai pris ma cousine et lui ai dit qu'on devait partir.
Descendus de l'appartement je me suis mise à pleurer à lui dire que
je n'avais pas voulu, je ne comprenais pas, je ne réalisais
pas ce qu'il venait de se passer. Elle a commencé à me crier dessus
un me disant que si je ne voulais pas je n'aurais pas du le faire.
Puis elle s'est mise à pleurer et à s'excuser. Mes amis
continuaient à m'appeler, je leur ai donc dis que
nous étions partis. Voilà. Aidez moi s'il vous
plait, je veux savoir si c'était un viol.. Si c'était prémédité vu
qu'a la fin le gars n'ai jamais venu nous donner ce pourquoi nous
étions venus.
Durant
les deux-trois mois qui ont suivis je suis tombée en dépression, je
ne voulais pas retourner au collège car le gars y était; même si
il ne venait pas souvent le fait de le revoir me tétanisais. Je
disais donc à mes parents que j'avais mal au ventre que j'étais
très fatiguée, ou que j'avais mal à la tête. Ils ont juste cru
que je m'étais pris la tête avec une amie. M'ont dit que je devais
passer à autres chose, que c'était rien, fallait passer au
dessus. Je ne sortais plus, ne parlais plus, restais dans
mon lit et pleurais. Je ne voulais pas manger. Je pensais à des
tentatives de suicide. Mes amis très proches n'étaient pas au
courant. J'étais seule même si ma cousine m'envoyait un message par
mois pour me dire qu'elle culpabilisait et que ceux de la soirée
essayaient d’être présent je n'allais pas mieux. Je me posais
tout un tas de questions. Que je me poses encore d'ailleurs... Un
jour je suis allée au collège et mon amie de la soirée est venu me
voir en me disant que le gars était venu et que son petit copain qui
lui aussi était là au nouvel an s'est battu avec parce qu'il ne
voulait pas qu'il revienne. Mon "agresseur" (si je
peux le nommé ainsi) a donc été renvoyé. Mais il habite dans ma
rue; même si celle ci est très grande je le croise de temps en
temps en voiture (vu que je fais tout pour ne pas y passer à pied),
il ne m’aperçoit pas mais des que je le vois je commence à faire
une crise d'angoisse. Aujourd'hui les gens sont au courant, les
choses vont vites, il en a parlé et ses amis aussi. On me traite de
garce, de pute, de "chaudasse". On connait cette histoire
dans plusieurs collèges. Je me suis embrouillée avec mon amie et
elle tout raconté à ma mère pour me faire du mal. Ma famille est
donc au courant. Ma mère m'oblige à aller voir une psy a qui je
raconte certaine parties de l'histoire de temps en temps et qui
s'obstine déjà à dire à ma mère de porter plainte sans
mon consentement vu que je suis mineur. Je ne veux
pas porter plainte. C'était mon ami, je ne sais pas si il avait
comprit que je ne voulais pas. Il avait bu lui aussi... Désolée
si mon texte est long mais je ne pouvais pas faire plus court...
Excusez moi aussi pour les fautes d’orthographe et
peut être de mon langage si il vous parait
déplacé. En espérant de l'aide. Merci Sylvia
Bonjour, Dans
la mesure où vous ne vouliez pas de ce rapport sexuel, il s'agit
d'un viol mais comme tous les deux aviez beaucoup bu, la situation
était très confuse, si confuse, que même votre cousine avait
l'impression que vous n'étiez pas contre cet acte et qu'elle a été
apparemment très surprise quand vous avez pu enfin le signifier
clairement. On peut d'ailleurs se demander quel rôle elle a joué,
quelle place elle occupait dans cette situation, puisqu'elle a eu la
présence d'esprit de présenter un préservatif à ce garçon. Il
est quasiment certain, que ce garçon ayant des "vues" sur
vous et désinhibé par l'alcool a franchi les limites qui lui ont
permis de profiter de la situation ; cependant, vous dites
honnêtement que vous n'avez pas été en mesure de lui exprimer
votre refus, tant vous étiez vous-même engourdie par l'alcool et
presque inconsciente. Le fait que vous étiez presque
"inconsciente"renforce la présomption de viol, c'est un
fait mais il faut aussi se demander, pour être juste, à quel point
ce garçon avait lui aussi perdu ses repères. Est-ce qu'il s'agit
d'un triste enchaînement des évènements sous l'oeil plus ou moins
complice de votre cousine ou un piège que l'alcoolisation de chacun
aurait facilité? Je ne peux être affirmative mais ce que je sais
assurément, c'est que vous avez honte de ce qui s'est produit, que
vous souffrez d'avoir été piégée de toutes façons par l'alcool
qui vous a menée à cette relation non souhaitée, non
consentie. Plus que de l'acte, je crois, vous souffrez de la
détérioration de votre image d'autant plus que "tout le monde
est au courant"et que les qualificatifs à votre encontre ne
sont guère élégants. Avant de publier votre témoignage,
j'aurais besoin d'autres précisions : quel âge avait votre
"agresseur"? Quel âge avait votre cousine? Vous écrivez
aussi que ce garçon était un ami et que vous ne voulez pas porter
plainte : s'est-il excusé ou du moins a t-il fait des tentatives?
Comment se comporte t-il après son "forfait"? Dans
l'attente,
Cordialement,
Chantal
POIGNANT
Agent
de conseil
Merci beaucoup de votre
réponse. Il avait mon age, et ma cousine deux ans de plus mais je
préfère préciser qu'elle est nymphomane sur les bords et donc que
pour elle avoir des relations sexuelles est indispensable ; enfin
c'est le point de vue qu'elle me donne.
Quelques
jours apres j'ai essayer de contacter mon agresseur pour savoir si il
allait retourné au collège, puisque j'avais peur de le croiser à
nouveau. Il m'a répondu que oui et à commencé à me dire qu'il
était désolé si je n'avais pas voulu.
Depuis
je n'ai pas eu de nouvelles, je l'évite comme je peux.
Sylvia
Il
semblerait que mon hypothèse s'avère juste : fortement alcoolisés
tous les deux, vous avez perdu vos repères et franchi les limites
mais cela n'empêche nullement, que vous développez les conséquences
d'un viol puisque vous avez néanmoins subi quelque chose que vous ne
désiriez pas ; avez vous lu ces deux pages ci-dessous? *
http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm *
http://www.sosfemmes.com/violences/viol_abus_sexuels.htm#2 Prenez
en connaissance précisément car je pense qu'elles pourraient vous
permettre de mieux vous confier à votre psy afin de mieux travailler
avec elle sur votre ressenti et votre image. J'attends votre
réaction.
Cordialement,
Chantal
POIGNANT
Merci
encore pour vos pages, je vais les regarder de suite.
Dans
la page concernant les conséquences après le viol, je m'y suis
identifié sur plusieurs... Quand on lit ça et qu'on voit qu'on
ressens exactement ses choses on prend enfin conscience que c'est
peut être ça qui à pu les déclencher: le viol. Sylvia
Absolument
car même si juridiquement, il serait difficile d'obtenir un jugement
condamnant ce garçon, il n'en reste pas moins vrai que vous subissez
les conséquences d'un viol ; psychologiquement, vous avez subi un
viol, car vous ne vouliez pas de cet acte sexuel qui vous
culpabilise, comme toutes les victimes de viols. D'où la
nécessité de travailler avec un professionnel psy. N'abandonnez
pas sinon les séquelles vont s'inscrire en vous. Cordialement,
Chantal POIGNANT
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