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Message ou FAQ

 

Je ne voulais pas laisser ma petite soeur toute seule là-bas

Décembre 2013


Bonjour,

Je suis tombée sur votre site non pas par hasard, je cherche des réponses, afin de savoir comment ré apprendre à vivre malgré mon passé. Je me suis dit que vous raconter mon histoire pourrait être utile pour d'autres femmes, qu'elles puissent réagir avant de se sentir réellement piégées et finissent comme moi par faire une tentative de suicide. De plus, je pourrais peut être entrer en contact avec des femmes qui ont réussi à s'en sortir, et vivent aujourd'hui normalement. 

cette adresse est, comme vous avez pu le constater, anonyme. Je ne souhaite pas communiquer mon identité. Voici mon histoire:

J'ai subi des abus sexuels. J’étais mineur, et il s'agissait de mon père. Cela à commencer suite au divorce de mes parents, et pendant 5/6 ans, jusqu’à ce que j'en parle, un peu malgré moi à l'infirmière du collège. Il avait d'abord des regards particulièrement insistants sur des parties bien précises de mon corps. Il se montrait souvent nu à la maison et il est arrivé qu’il soit en érection, et puis en été sur des plages naturistes. J'étais obligée de me mettre nue malgré les nombreuse fois où j'ai pleuré de dire que je ne voulais pas. Il portait un intérêt particulier à ma vie, ma sexualité. J'avais 8 ans lorsqu'il m'a demandé de me toucher, "afin de mieux me connaître", suite à cette demande il est allé faire un tour et quand il est revenu quelques minutes plus tard (j'avais ignoré cette demande et je regardais la tv) il s'est fâché! Il y avait le reste aussi... Plus pénible. Les attouchements, seins, fesses, j'avais interdiction de mettre une culotte sous ma robe de nuit afin qu'il puisse mettre en place ce "jeu" de tirer sur mes premiers poils pubiens. 

Je ressens beaucoup de honte et de culpabilité. Pendant des années je me suis scarifiée, je ne mangeais plus, je me faisais vomir à chaque fois qu'on me forçait à manger. J’ai cru pouvoir faire semblant et j’ai essayé de vivre comme si de rien était, résultat : J'ai fait une tentative de suicide en juin de cette année. Suite à cela j'ai pris la décision de déménager. J'ai 19 ans et il y a 4 mois je vivais encore chez mon père. Aujourd'hui je suis indépendante, j'ai trouvé un logement, j'ai obtenu mon permis, j'ai un emploi qui me plait et qui me permet également de poursuivre mes études. Mais j'ai rencontré un garçon. Et je sais que les problèmes sont toujours là et que je vais devoir me faire aider si je veux retrouver une vie normale. Depuis que j'ai déménagé je vois très souvent ma grand-mère paternelle. Celle-là même qui a toujours défendue et protégé son fils, quitte à me trainer dans la boue. Mais nous avons discuté un soir, je lui ai dit ce que j'ai vécu, ressenti, comment j'ai subi son attitude. Et depuis nous faisons comme si de rien était. Et puis je la comprends quelque part de le défendre... moi-même je suis incapable de le détester. Au contraire, je lui trouve toujours des excuses, et lorsque je parle de mon vécu, je fini toujours par dire "mais c'est mon papa, je l'aime et puis ce n’est pas de sa faute, il est malade". Voyez comme je dis ça, j'ai l'impression de toujours être cette petite fille complétement perdue, apeurée, sans moyens d'y échapper. Pendant cette période d'abus, cela était normal pour moi. C'était mon père, je n'avais connu quasiment que cette relation, j'étais petite, il m'avait élevé pour que je pense que cela était naturel. C’est en discutant avec des copines que je m'étais rendue compte que cela n'était pas normal, et que cette relation "père-fille" n'était pas bien.

Au fond de moi, j'ai beau savoir que ce n'est pas faute, je ne peux m’empêcher de m'en vouloir, parce que c'était normal dans ma tête à cette époque. Et maintenant? Du haut de mes 19 ans, comment je sais moi, si les relations que j'ai sont normales? Si un tel ou un tel ne dépasse la limite, pense de mauvaises choses. Je suis tout le temps apeurée lorsque je suis en présence d'un homme qui pourrait être mon père. J'ai l'impression qu'il est écrit sur mon visage "c'est une enfant qui a été abusée!" et que tout le monde me voit non pas comme une personne, mais comme cette victime, malgré que presque personne ne soit au courant. Je n'en parle que lorsque cela est obligatoire, et j'évite de mentionner qu'il s'agit de mon père.

Le plus pénible, c'est d'avoir perdu mon premier amour pour ça, je suis restée 3ans et demi avec lui, mais mes problèmes ont engendré de nombreux troubles sexuels. Je suis quasiment incapable d'avoir une relation sexuelle. Je n'ai pas de désir, et donc pas de plaisir. Je suis angoissée, stressée et donc "contractée". Je me suis remise de cette rupture, comme tout le monde doit le faire. Et récemment j'ai rencontrée quelqu'un. Je ne veux pas que ça se passe pareil avec lui, et pour la première fois je ressens du désir. Mais je sais que ça ne vas pas suffire. Et j'ai donc pris la décision de me faire soigner. J'ai les coordonnés du centre médico psychologique. Il faut donc que j'y aille. Mais j'ai toujours l'impression que je ne m'en sortirais pas et cela va me poursuivre toute ma vie. J'aimerais avoir connaissance d'autres femmes, qui ont peut vivre des choses traumatisante en ce sens, et qui s'en sont sorti, qui ont une vie normale!

Respectueusement,

une femme parmi tant d'autres.

anonyme@yahoo.fr


Bonjour,
D'abord, précisons bien la situation : votre père est coupable d'inceste, sur vous, sa fille ; il est aussi coupable d'avoir exercé sur une jeune enfant (vous) dont il avait la responsabilité de l'éducation une tel harcèlement que cette jeune enfant , malgré ses nombreuses tentatives pour lui échapper (il faut le souligner), s'est évidemment retrouvée piégée au sein de son emprise et ce ce d'autant plus, qu'elle n'a reçu aucune aide de l'extérieur et certainement pas de sa grand-mère laquelle en  baissant les yeux, en excusant son fils, s'avère coupable de complicité.
Autrement dit, vous avez été abusée par votre père voire psychologiquement par cette grand-mère qui protège son criminel de fils (le viol est un crime).
Peut-être suis-je allée trop loin car vous n'utilisez pas le mot viol?
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_loi.htm
S'il n'y a pas eu pénétration, vous avez alors subi des agressions sexuelles autres que le viol mais vous avez néanmoins vécu dans une ambiance "incestuelle".
Vous avez pensé faire la démarche de consulter en CMP et vous avez raison mais j'aimerais vous faire connaître des associations d'anciennes victimes qui pourraient vous permettre d'élaborer votre vécu.
Pourriez vous m'indiquer en toute confidentialité votre département?
Soyez certaine de mon entière discrétion.
Dans l'attente,

Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil

 

Bonjour,

Vous avez bien compris la situation, sauf que je n'ai pas subis de viol. J'ai tout de même eu de l'aide de l’extérieur, puisqu'il y a eu un procès. Mais suite à cela j'ai du retourné vivre chez lui, je ne voulais pas laisser ma petite sœur toute seul là bas, car je sais à quel point cela est éprouvant (notamment psychologiquement). Aujourd'hui toute ma famille fait comme si de rien était, malgré que tous le monde soit au courant et qu'il a été condamné (certes seulement à me verser une somme). J'ai réussi à m'échapper en quelque sorte puisque je viens de partir de chez lui. Je ne suis plus inquiète, peut être à tord... pour ma sœur. J'ai pu avoir des discutions avec mon père, où il a admis que cela était mauvais pour moi et qu'il ne recommencera pas, bien que pour lui cela était "normal" (je soupçonne qu'il ai subis le même genre de traumatisme plus jeune et qu'il a été élevé de cette manière). J'ai peur de devenir comme lui, d'être moi aussi "malade" puisque j'ai été élevée comme cela.
Je viens d'emménager dans le....

Cordialement,

Une femme parmi tant d'autres.

 

Bonjour,
Voici des adresses.....

(Non citées ici par souci d'anonymat).

N'ayez pas peur de devenir comme lui, cela ne peut arriver, puisque vous avez pleinement conscience de la situation irrégulière que vous a fait vivre votre père et qu'avec lucidité, vous cherchez à mieux élaborer le traumatisme subi pour mieux lutter contre les conséquences.
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_consequences.htm
* http://www.sosfemmes.com/violences/viol_abus_sexuels.htm
Je reste à votre disposition pour continuer notre réflexion.

Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil

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