Je suis devenu la reine de la blague
Janvier 2014
Bonjour,
Je vous autorise tout
d'abord à publier mon e-mail ainsi que mon témoignage sur
votre site. Je vous ai écrit en janvier 2008 je crois avec ce
titre, "je suis la reine du mensonge". A l'époque je
racontais mon histoire avec celui qui allait être mon ex-mari. Vous
m'aviez demandé ce que je pensais avoir fait de mal pour mériter de
tels châtiments et vous aviez raison. Vous m'aviez aussi dit que ma
famille ne serai surement pas d'une grande aide, ce qui s'est aussi
confirmé par la suite. Malgré tout, j'ai quitté mon ex en
avril 2008, et j'ai eu cette chance infinie de rencontrer cela qui
est aujourd'hui mon mari. Il m'a soutenue, m'a guidée, m'a
épaulé dans cette horreur. J'ai divorcé quelques temps plus tard,
en consentement mutuel, avec le même avocat sans aucune condition.
J'avais tellement hâte d'en finir que j'ai abrégé les souffrances
et les guerres qui a mon sens à l'époque, étaient inutiles.
Et me revoilà, bientôt 6 ans plus tard avec un mal de vivre que je
connais déjà, une violence à l'intérieure de moi que je connais
aussi et toujours cette incapacité à être heureuse. En apparence,
rien à redire. Je raconte mon passé de femme battue avec le sourire
et avec une grande dérision, cela fait rire beaucoup de gens ! Je
suis devenue la reine de la blague !!! Et pourtant, mon ex
m'appelle chaque semaine pour avoir des nouvelles de sa fille (qu'il
prend très rarement d'ailleurs environ 1 samedi par mois et non
habitons à 25 kms), nous avons des rapports très amicaux voir
complices et je m'en déteste violemment. Malgré tout, je l'écoute,
le conseille, le guide, lui tient la main encore et encore et
encore. Après 3 ans de thérapie, je ne suis toujours pas libérée
et je sens que mon mari s'impatiente et je le comprend. Je n'ai de
cesse que de lui dire de partir, de vivre avec une autre que moi, que
je finirai par le détruire car tout ce que je touche se transforme
en chaos. J'ai quitté lefou mais je suis toujours aliénée moi
aussi. Mon corps et mon cœur l'ont quittés mais reste mon âme
qu'il garde si précieusement en otage. Il a aussi refait sa vie avec
une jeune femme qui a le même profil que moi, et qui un jour
peut-être, me téléphonera pour me raconter ce qu'elle vit. Je me
doute qu'il recommence avec elle et bien sûr je m'en veux aussi de
ne pas l'avoir empêché de nuire. Mais à l'heure d'aujourd'hui, je
suis incapable de dire, s'il devait être condamnée par une autre,
si je dirai la vérité sur lui ou si je continuerai de le
protéger... Je me dit souvent que je reste son amie à cause de
notre fille mais je sais très bien que c'est faux. Que son emprise
sur moi, même après 5 années, ne s'est pas estompée. J'ai été
"lâchée" par ma famille au moment du divorce qui m'a
grandement incité à ne pas le condamner et j'en aurai peut-être
été capable à ce moment là, on ne voulait pas que je fasse de
"vagues" alors j'ai écouté encore... La violence que j'ai
subit pendant si longtemps m'affecte chaque jour un peu plus. Notre
fille grandit avec des problèmes caractéristiques des enfants qui
ont vus des violences intra-familiale. J'essaye de la faire suivre
mais comment m'occuper d'elle correctement alors que je n'arrive pas
à m'occuper de moi ? J'ai quitté le fou alors qu'elle avait 2 ans
et demi, pensant sottement qu'en lui donnant un père de substitution
qui tenait la route, elle ne serai pas marquée mais je me suis
encore trompée. J'ai consulté les sites sur le stress post
traumatique dont vous parlez à d'autres et je me suis totalement
reconnue dans le stade 2. J'entame une nouvelle thérapie d'hypnose
EMDR en février prochain avec l'espoir d'une vie meilleure mais je
sais que tant que je n'aurai pas couper définitivement ce lien, je
ne serai pas guérie. Que dois-je faire ?
Merci
audreysaidi.compta@live.fr
Bonjour,
Vous avez déjà en
grande partie répondu à votre propre question dans la toute
dernière phrase de votre message! Je vous encourage vivement à
expérimenter l'EMDR qui va vous permettre d'ouvrir le réseau de
mémoire lequel contient les pensées, les émotions, les sensations
et les images vécues de votre passé traumatique et qui sont restées
bloquées dans votre "inconscient cognitif", ce qui fait
que vous fonctionnez encore quasiment sur le même mode et que vous
ressentez malgré tous vos efforts, un réel mal-être
persistant. Cette véritable thérapie vise à activer la mémoire
mais dans l'objectif de "retraiter" les expériences
douloureuses qui y sont stockées dans un processus de
désensibilisation. Et dans votre cas précisément, j'espère que
vous parviendrez à ne plus vous sentir coupable ni honteuse
car j'ai le sentiment, en vous lisant et notamment par rapport à ce
que vous écrivez sur votre fille, que vous ne vous estimez pas digne
d'être heureuse... J'espère qu'au bout de cette thérapie, vous
aurez réussi à mieux vous "évaluer" et que vous vous
donnerez enfin le droit de couper ce lien qui vous "accable"... Je
vais quitter mon poste et souhaite lire vos réflexions
lundi. Tenez bon!
Cordialement, Chantal POIGNANT Agent de conseil
Oui effectivement j'arrive à bien analyser la situation grâce aux
précédentes thérapies que j'ai déjà suivi. Il n'est reste pas
moins que thérapie ou pas, ce mal être m'habite toujours, en ce
moment je suis en période de "tout va bien" mais je change
brutalement de face pour le "tout va mal". Je recommence à
faire des cauchemars très violents mais sans lien apparent avec ma
vie d'avant. Quand à la culpabilité concernant ma fille, elle me
paraît totalement justifiée étant donné qu'elle souffre de
cette situation même si lors de la séparation elle n'était
qu'une toute petite fille. Le fait de ne pas donner à son propre
enfant un foyer calme, aimant et stable ne tient qu'à ma
responsabilité, son père étant bien trop centré sur lui même
pour pouvoir le reconnaitre. Nous n'avons d'ailleurs jamais
abordé le problème de la violence au sein de notre couple, mon ex
en a fait une totale abstraction car cela lui convient parfaitement,
en définitive j'ai fait de même en scellant toute cette haine.
Malheureusement elle ressurgie de manière incontrôlée chez moi
aujourd'hui... Pour l'instant cette violence n'est dirigée que
contre moi mais jusqu'à quand ? Je m'interroge sur l'éventualité
de devenir moi même un agresseur... Cette dernière thérapie
EMDR est la dernière chance pour moi et j'espère trouver en
celle-ci la force de dire stop à mon ex. Pour le moment je n'en
suis pas capable, je le sais. J'ai encore peur de le faire souffrir
malgré que je n'ai plus aucuns sentiments amoureux pour lui,
j'éprouve de la compassion et de la pitié pour lui un peu comme une
mère pour son enfant, d'ailleurs je ne l'ai toujours aimé que comme
cela ce qui a rendu le processus d'enfermement que plus
long...
J'espère vraiment que cette thérapie sera la bonne
même si plus la date approche, plus j'angoisse de revivre cette
période si douloureuse... Je me dit parfois qu'il vaudrait mieux ne
vivre qu'avec une seule partie de moi plutôt que d'aller gratter
plus long, d'autant qu'il y a semble t'il des choses encore plus
profondes cachées en moi, en effet, lors de ma précédente
thérapie, le psychiatre n'avait pas compris pourquoi je n'avais
aucun souvenirs avant l'âge de 7 ans... Je crains quand même que
l'EMDR ne soit dévastatrice et me plonge encore plus dans les
abysses de l'enfer...
A vous lire,
Audrey
"Le psychiatre n'avait pas compris pourquoi je n'avais aucun
souvenir avant l'âge de 7 ans".
C'est de cela dont vous avez
peur Audrey ; vous le savez ; avez vous exprimé cette crainte au
professionnel qui vous oriente vers l'EMDR? Vous n'avez sans doute
pu, jamais exprimer cette terreur silencieuse tapie en vous, puisque
vous semblez penser que la "cloisonner" dans une autre
partie de vous-même serait "souhaitable" ; détournez vous
de cette idée : rien n'est plus redoutable qu'une terreur sans
nom... Il est encore temps de la nommer.
Cordialement, Chantal POIGNANT Agent de conseil
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