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Message ou FAQ

 

Abus ou simple cauchemar ?

Mars 2014


Bonsoir, 
Je me permets de vous contacter après avoir fais quelques recherches sur le net concernant sur les viols et attouchements. Je suis tombée sur le forum "droit de parole" avec votre adresse mail. Ayant des questions et des doutes sur ce qui m'est arrivé, je me suis donc décidé à vous écrire.
Je ne sais pas trop par où commencer... Voilà, depuis ado j'ai vécu des choses assez douloureuses et je me suis toujours demandée si c'était de l'ordre des agressions sexuelles (attouchement et/ou viol), n'y connaissant pas grand chose dans les lois. Et puis surtout, je doute sur ma culpabilité, mon "rôle" dans ces expériences... Je vais essayer d'aller dans les grandes lignes, pour ne pas trop me disperser.
La première fois qu'il s'est passé quelque chose j'avais 16 ans, j'étais avec un homme de 26 ans et lui voulait aller plus loin que le simple bisou, mais je ne me sentais pas prête. Il a commencé à me toucher la poitrine au cinéma, je l'ai repoussé. Puis une autre fois chez lui, alors que je partais, il m'a embrassé goulûment et à baladé ses mains dans mon dos rapidement. J'étais comme paralysée et je n'arrivais pas à bouger ou parler, je laissais faire sans dire stop, mais en même temps je tremblais intérieurement et je ressentais de la peur. Je me suis mise à m'imaginer à ce moment là des scènes violentes avec lui, je ne sais pas pourquoi... Quand il a arrêté, je suis partie chancelante rejoindre mon beau-père qui m'attendait dans sa voiture, il m'a demandé si ça allait car j'étais toute blanche, j'ai juste répondu que j'étais fatiguée.
La seconde fois, c'était à mes 19 ans. Avec un autre homme qui avait également 26 ans. C'était le deuxième homme avec qui j'ai eu des relations intimes, mais elles différaient de ce que j'avais connu lors de ma première fois. Et comme je ne connaissais rien à la vie de couple et dés le départ, quand les choses ne se passaient pas comme je le pensais, j'ai fini par me convaincre que c'était normal, que c'était certainement comme ça que ça se passait dans un couple. Dés le premier jour où on s'est vu, il m'a touché les fesses et m'a embrassé d'une manière pressée. Je lui retirais ses mains de moi et lui disais qu'il y avait des gens qui nous regardaient (on était dans la rue). La deuxième fois, c'était dans le train, il m'a embrassé puis à mis ses mains en bas sur mon jean, il a ouvert ma braguette, je lui ai dis que je ne voulais pas, qu'on n'était pas seul, que ça me gênais, mais il m'a répondu que c'était normal qu'il fasse ça, qu'il avait envie, que ce n'était rien. Il a continué et à fini par mettre une de ses mains à l'intérieur de ma culotte. Je ne regardais pas, j'avais la tête tourné vers la fenêtre et je regardais le quai et les gens. Je voulais que le train parte pour qu'l s'en aille, mais je n'ai rien dit... Et le premier soir qu'on a passé ensemble, chez mes parents en plus, il a commencé à me faire comprendre que, mais j'ai dit non, que j'étais pas prête, il a insisté et me frottant le corps et m'embrassant pour me stimuler, au bout de plusieurs minutes j'ai fini par cédé en lui demandant de mettre un préservatif, il était d'accord. Je lui répétais pendant tout le long des caresses de ne pas oublier le préservatif, il me faisait oui de la tête, mais à un moment j'ai senti qu'il était entré en moi sans le mettre, je me suis mise en colère, mais il m'a dit que c'était trop tard, que dans l'action il a pas pensé et que de toutes façons il allait pas se retirer pour le mettre... Pendant le reste de la relation, je restais en colère après lui et j'attendais qu'il sorte de moi.
Puis ça été dans son box de moto, après l'avoir garée, il a fermé la porte du box, je ne comprenais pas pourquoi, il m'a dit qu'il avait envie, il m'a demandé de retirer mon pantalon et de me retourner, de m'appuyer sur sa moto. Je lui ai dit que sa mère nous attendait et qu'elle allait se poser des questions, mais il m'a encore sortie tous ses mots pour me persuader tout en s'approchant de moi, j'ai alors cédé, me sentant coincée... Et puis ce soir où ça été de trop, il avait essayé à plusieurs reprises auparavant de faire en sorte que je lui fasse "plaisir", mais j'avais toujours refusé et il avait laissé tombé, mais ce soir là, il ne m'a pas laissé le choix. Il s'approchait de moi, et moi je me reculais contre la tête de lit, je voyais son engin s'avancer vers mon visage, j'étais figée. J'ai juste eu le courage de lui demander de ne pas venir dans ma bouche, mais je n'ai pas réussi à dire non, j'étais tétanisée complètement. Il l'a mise et je me suis mise à ne plus penser à rien, j'étais comme un automate, mon coeur battait tellement vite et j'avais envie de vomir. Puis il a continué en me faisant "l'amour", mais je n'étais plus là, j'avais ma tête tournée vers le mur et je pensais encore et encore à ce qui venait de se passait, ça tournait en boucle dans ma tête, je ne comprenais pas, je ne savais plus... Quand il eu finit son affaire, je m'étais rhabillée puis assise sur le bord du lit en ne bougeant plus. Il m'a demandé exaspéré pourquoi je restais là sans bouger. J'ai dit que c'était rien, que j'avais la tête qui tournait. Quelques semaines après j'ai fait une tentative de suicide...
Au début j'ai voulu en parler à ma famille, mais c'était compliqué, j'avais cette sensation qu'on en m'écoutait pas, et puis je me suis entendue dire par une personne proche que j'étais consentante puisque j'y retournais. J'ai eu mal, mais je me suis persuadée après qu'elle avait surement raison, que j'étais autant coupable que lui, que j'avais cherché ce qui s'était passé... Je n'en n'avais plus parlé pendant des années. J'en avais même oublié les détails, j'avais juste ce vague souvenir de cette dernière fois où j'ai dû lui faire "plaisir". Il y a un peu plus d'un an, tout m'est revenu, toutes les images, les sensations, la peur... Et cette même question qui revient, si j'ai cherché tout ça, si je suis complice de ces hommes. 
Je fais des cauchemars depuis justement que tout me soit revenu en mémoire, toujours sur le même thème, sur les attouchements et le viol, mais avec mon beau-père... Je ne sais pas pourquoi... Sans parler du fait que la sexualité me dégoûte, je ne la supporte plus, je la trouve violente et barbare... J'ai une peur panique qu'on me touche, je ne le supporte pas depuis petite d'ailleurs, bien avant mon adolescence. Je ne supporte pas qu'un homme me regarde, ça me met en colère car pour moi il ne peut avoir que de mauvaises intentions. Je ne veux plus de relation de couple, car c'est synonyme d'obligation de satisfaire l'autre... 
Alors voilà, suis-je complice de ce que ces hommes ont fait? Est-ce que je l'ai vraiment cherché? Aurais-je fais quelque chose qui les auraient incité ou qui leur auraient fait pensé qu'ils pouvaient? Je suis un peu perdue dans tous ça... Je me sens fautive. Et puis j'aimerais vous poser une dernière question, est-il possible lorsqu'on prend la température (rectale) à une petite fille de se tromper d'orifice?
J'espère que vous pourrez m'aider à y voir un peu plus clair dans tous ça... En tous cas, merci d'avoir pris le temps de m'avoir lu. Cordialement.
Clotilde


Bonjour,
Que voulez vous dire vraiment par cette expression :"depuis justement que tout me soit revenu en mémoire, toujours sur le même thème, sur les attouchements et le viol, mais avec mon beau-père"?
Avez vous été réellement victime de votre beau-père?
Si oui, vous devez comprendre que le vrai problème, à l'origine, n'est pas ce qui se joue avec vos petits copains mais bien cet inceste que vous avez subi et qui fait que vous éprouvez peur, culpabilité et refus de la sexualité.
Certes vos petits copains sont bien entreprenants, notamment en public, mais il me semble que tous les jeux sexuels vous effraient et vous dégoutent.
Répondez moi svp.
Avez vous été victime de votre beau-père?

-- 
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Agent de conseil
SOS Femmes Accueil
2, rue Saint-John Perse
F - 52100 Saint-Dizier

Bonsoir, 
Et bien pour vous répondre, je ne peux pas affirmer qu'il m'a fait quelque chose, ce serait mentir. Le problème c'est que depuis adolescente, quand mon corps à commencé à se transformer, j'avais cette sensation qu'il me regardait bizarrement, il me fixait et j'étais gênée. J'en ai parlé plusieurs fois à l'époque à ma mère mais elle me disait que je me faisais des idées, qu'il regardait dans le vide. Du coup j'ai essayé de me persuadé qu'elle avait raison, même si je continuais à ressentir cette gêne. 
Puis en grandissant, j'ai eu ce sentiment qu'il s'est passé quelque chose, mais sans savoir quoi exactement. Puis, il y a quelques années, ma petite soeur de 12 ans, allait en vacances chez son père (mon beau-père), car nos parents sont divorcés. Et elle m'a dit un jour, qu'elle dormait dans son lit avec lui et qu'une fois il a insisté en se fâchant pour qu'elle prenne sa douche avec lui. Je lui ai demandé à plusieurs reprise si il lui avait fait quelque chose, elle m'a toujours dit non. Quand ma mère a été au courant, elle lui a passé un savon et il n'a plus jamais recommencé. Mais voilà, mes doutes concernant cette sensation qu'il y a eu quelque chose avec lui, sont revenus, et je me suis encore plus posé des questions. 
Pour ce qui est de mes cauchemars, c'est toujours lui que je vois me toucher (dans la majorité des cauchemars) et me violer (dans 3 cauchemars), dans ma maison d'enfance où j'ai vécu 10 ans avec mes parents (donc lui et ma mère). J'ai commencé mon premier cauchemar vers 13-14 ans. Puis plus rien jusqu'à mes 25 ans, et ensuite très régulièrement depuis donc un an... 
Et j'ai oublié de préciser que c'est pour cela que je vous ai demandé par rapport à mon beau-père si il aurait pu se tromper sans le vouloir d'orifice en prenant ma température quand j'étais toute petite (2-3 ans).
Mais comme je vous l'ai dit je ne peux pas accuser mon beau-père juste sur un pressentiment et des cauchemars...
Clotilde


Bonjour,
Effectivement, je comprends que vous hésitiez à accuser votre beau-père mais il faudrait cependant parvenir à éclaircir cette ambiguïté, très pesante, qui semble constituer un véritable frein à votre vie sexuelle.
Lisez ce document :
*

L'amnésie traumatique
Dans certains cas, en particulier lorsque la victime a été agressée jeune, elle peut souffrir d'amnésie traumatique : il s'agit d'une des conséquences psychiques possibles, parmi les autres. Cet oubli est une forme de refoulement qui permet en quelque sorte à la victime de survivre à l'insupportable : cependant, les conséquences des agressions restent entières et identiques (voir liste ci-dessus) à cette différence de taille que la victime ne les comprend pas tant que le souvenir n'est pas venu les éclairer rétroactivement.
Tôt ou tard, les souvenirs et les images remontent, plus ou moins fragmentés et complets. Cette opération psychique se réalise systématiquement à la faveur d'un ou plusieurs événements : événement en lien avec la maternité (grossesse, accouchement, par exemple), événement familial (réunion familiale, mariage, divorce, naissance), rencontre amoureuse, relation sexuelle, film ou émission télévisée, ... ou un événement apparemment sans aucun lien avec l'agression sexuelle.
Une psychothérapie ou une analyse favorise la résurgence des souvenirs.
Lorsque les souvenirs remontent (sous forme de flashs, d'images incontrôlées, de cauchemars, ...par exemple), la victime a souvent du mal à faire la part des choses entre le réel et l'imaginaire : cette découverte ou redécouverte est la plupart du temps traumatisante et très douloureuse. Elle cherche parfois à savoir s'il est possible d'oublier pareil événement, comme un viol ou des agressions sexuelles ... Dans d'autres cas, la victime n'a aucun doute sur les faits mais les souvenirs peuvent rester incomplets : pas de souvenirs de l'agresseur, des conditions des agressions, des détails, par exemple.

Quant à votre questionnement, par rapport à la prise de la température d'une petite fille, j'ai vraiment le sentiment que ce souvenir vient s'ajouter encore à l'ambiguïté de la situation vécue avec ce beau-père.
Il me semble que vous ne vous trompez pas sur le fait que votre beau-père ait pu avoir un comportement malsain avec vous comme d'ailleurs avec votre soeur.
Cela fait beaucoup d'erreurs et j'ai l'impression que votre maman est mal à l'aise aussi avec ces faits.
Cordialement,
Chantal POIGNANT

Agent de conseil
SOS Femmes Accueil
2, rue Saint-John Perse

F - 52100 Saint-Dizier


Bonjour, 
Merci pour le document sur l'amnésie traumatique, je n'en n'avais pas connaissance. Pour ce problème de température, c'est ma mère qui me l'a révélé quand l'histoire de ma soeur à eu lieu, elle était en colère de cet événement.. Mais que dire finalement, car on ne saura jamais si c'était un accident ou si c'était prémédité... Tout ce que je peux dire, c'est que mon beau-père est un inconscient dans beaucoup de choses, il semble ne pas se rendre compte de la conséquence de ses actes et la majorité du temps il le prends à la légère voire en rigolant. Il a toujours été comme ça...
Ce qui m'a aussi fait douter sur mon beau-père, c'est mon tout premier cauchemar de viol à l'âge de 13 ans. Il avait l'air tellement réel, que je m'en suis posée des questions pendant des semaines après. Je voyais et sentais des choses comme si je les vivais vraiment mais tout était rouge sombre. Je sentais un homme corpulent sur moi, il m'écrasait et j'avais du mal à respirer, j'étais nue et lui aussi dans mon lit, je ne voyais pas son visage, juste son corps énorme sur moi, il me serrait comme pour m'empêcher de bouger, j'étais tétanisée et je pleurais, j'avais envie de crier mais ça ne sortait pas. Je sentais son souffle dans mon cou et j'avais mal à l'entre jambe, je sentais qu'il entrait en moi. Quand je me suis réveillée, j'étais en sueur et j'ai paniqué, j'avais toujours cette douleur lancinante à l'intérieur et ça me brûlait un peu. J'ai eu mal pendant plusieurs minutes après mon réveil. Je me sentais endolori et je ne m'expliquais pas pourquoi. J'ai eu peur pendant plusieurs nuits après, de refaire ce cauchemar, de revivre ces douleurs et ces scènes. J'avais peur qu'il m'ai fait quelque chose mais dont je ne me souvenais pas vraiment. 
Enfin voilà, j'aurais toujours des doutes sur lui, et son comportement en règle général ne fait que les renforcer. Je n'ai pas envie d'être paranoïaque et de m'inventer des choses, je me suis demandé du coup si ce n'était pas simplement une terreur nocturne. Et puis je me suis demandé aussi si je n'étais pas un peu "folle" dans un sens à toujours avoir cette impression qu'il m'ai fait quelque chose. Après tout, les sensations que j'éprouve et les cauchemars que je fais sur lui ne veulent peut être rien dire du tout... Je ne sais plus trop en faite, je ne sais plus quoi penser... Et puis, si il ne m'a rien fait et que je l'accuse comme ça sans aucune preuve, ce serait terrible pour lui, même si franchement je ne m'entends plus avec lui. Si ça se trouve, j'ai simplement halluciné c'est tout... 
En tous cas merci pour votre écoute, ça fait du bien de pouvoir parler sans être jugée et rejetée. Cordialement

Clotilde


Surtout, ne considérez pas un seul instant que vous pouvez être "folle".
Il y a trop d'éléments dans votre histoire qui demanderaient à être éclaircis.
Je pense que vous devriez entreprendre une thérapie.
Prenez connaissance de ce site :
*

Mémoire traumatique et victimologie

Site de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, créée en 2009 et présidée par le Dr Muriel SALMONA, spécialiste des psychotraumatismes dus aux violences. Mémoire Traumatique et Victimologie est une association de formation, d'information et de recherche sur les conséquences psychotraumatiques des violences. Elle a pour but d'améliorer l'identification, la protection et la prise en charge des victimes de violences par une meilleure information du public et par la formation des professionnels impliqués, d'améliorer leur orientation et leur accès à des soins spécialisés de qualité, et aussi d'améliorer la connaissance et compréhension des conséquences des violences, dans l'optique de lutter contre toutes les violences et d'améliorer leur prévention.
http://memoiretraumatique.org/

Votre témoignage pose questionnement ; me permettez vous de le publier anonymement ou avec une adresse anonyme (si vous voulez avoir des échanges)?
Cordialement,
Chantal POIGNANT

Agent de conseil
SOS Femmes Accueil
2, rue Saint-John Perse

F - 52100 Saint-Dizier

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