| Son patron a profité de son emprise pour l'agresser sexuellement
Avril 2015
Bonsoir, j'ai 21 ans et je suis étudiante. Il y a deux ans lors d'un stage dans le cadre de mes études, je crains n'avoir été victime d'abus sexuels par mon patron. En effet celui-ci était très compréhensif et très gentil en début de stage et plus les jours passaient, plus son discours devenait étrange. Il me disait que j'avais de belles formes, que s'il m'avait pris avec lui en stage c'était d'abord pour mon physique. Une journée nous devions aller voir un client chez lui je suis donc monté avec lui en voiture et mon patron s'étant trompé de route a dû faire demi-tour dans une forêt et m'a dit "Ne t'inquiète pas je ne te sauterai pas dessus à moins que tu le veuilles". C'est à partir de ce jour que j'ai commencé à m'inquiéter. Bref, les journées passaient et chaque jours il faisait allusion à mon physique. Jusqu'au jour où lorsque l'on était en pause en train du fumer, il m'a proposé de deviner la taille de mon soutien-gorge et je fus tellement surprise qu'à part "d'accord" je ne savais quoi dire. Il s'est alors mis à regarder les bretelles de mon soutien-gorge avec ses mains, à regarder si l'attache dans le dos ne me serrait pas trop car d'après ses dires il s'y connaissait plutôt bien en soutien-gorge. Il m'a ensuite soulever le tee-shirt et dégrapher le soutien-gorge et s'est alors mis à me palper la poitrine, à l'embrasser et la lécher. Je me retenais de pleurer, je voulais le repousser et pourtant je n'ai rien fait. J'étais totalement incapable de bouger. Il me disais qu'il avait eu envie de faire ça depuis longtemps et qu'au moins je saurai à quoi m'attendre le jour où je sauterai le pas avec un garçon. Sur 2 mois de stage cela s'est reproduit 2 fois.
Aucune personne à part lui et moi, est au courant de cette histoire. Je suis actuellement incapable d'en parler de vive voix, c'est pour cela que je viens vers vous. J'aurai alors voulu savoir si oui j'ai bien été victime "d'abus sexuels" ou bien je me trompe complètement et il n'y avait rien de vraiment grave.
Merci de votre réponse et je m'excuse d'avance pour les détails sordide de l'histoire mais depuis 2 ans je me pose tellement de questions que je préfère tout raconter afin d'être sûre que mon histoire sera comprise.
Cordialement.
Calicia
Bonjour,
Ce patron a effectivement dépassé les limites du cadre dans lequel vos relations devaient évoluer ; il a eu un comportement qui n'est pas tolérable sans doute, parce qu'il a pu profiter de l'emprise qu'il avait sur vous, en tant que "patron".
Et dans ce sens , il a abusé de sa position et de votre vulnérabilité.
Il s'agit d'une agression sexuelle.
Ce n'est pas anodin.
LES AUTRES AGRESSIONS SEXUELLES
Il s'agit d'atteintes sexuelles commises avec violence, contrainte, menace ou surprise. Elles ne sont pas toutes définies avec précision mais concernent par exemple des tentatives de viol (sans pénétration), des attouchements, masturbation, prises de photos ou visionnages pornographiques sous la contrainte. Il peut autant s'agir d'actes que l'agresseur pratique sur sa victime que d'actes auxquels il contraint sa victime à pratiquer sur lui.
L'exhibition sexuelle, imposée à la vue d'autrui, dans un lieu accessible aux regards du public, est également un délit.
Le harcèlement dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle en abusant de l'autorité conférée par une fonction est aussi puni par la loi.
Les agressions sexuelles autres que le viol ont une durée de prescription de trois ans.
Cependant, si la victime était mineure au moment des faits, la prescription de trois ans se compte à partir de la majorité de la victime et elle est portée à 10 ans en cas de circonstances aggravantes (voir ci-dessous).
Les agressions sexuelles autres que le viol sont passibles du Tribunal Correctionnel.
Peut-être faudrait-il signaler le comportement de cet individu à vos formateurs?
Il est encore possible de porter plainte car ce n'est pas vous qui devez avoir honte mais cet homme qui abuse de son "pouvoir".
Qu'en pensez vous?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
SOS FEMMES SAINT-DIZIER
Merci pour votre réponse, je me sens terriblement rassurée car pendant ces deux années j'ai eu l'impression de mettre mise seule dans cette situation.
Aujourd'hui j'ai l'impression que cette situation me gâche véritablement la vie et m'empêche d'avancer, mais d'un autre côté je me dis qu'à cause de ce qu'il m'est arrivée, je ne fais que me trouver des excuses et me lamenter sur mon sort au lieu d'aller de l'avant. Je souhaiterai sortir de cette situation, cependant j'appréhende la réaction de ma famille, amis etc.. Je suis persuadé qu'ils ne me croiront pas et me prendront pour une folle.
J'ignore comment aborder le sujet avec eux et leur faire comprendre ce qu'il m'est arrivé.
En tout cas, merci d'avoir pris le temps de me répondre.
Cordialement.
Calicia
Bonjour,
Ce n'est pas l'assentiment de vos parents et amis que vous devez rechercher...
Il s'agit plutôt et surtout de vous convaincre vous-même, que vous êtes une victime d'une agression sexuelle et donc, que vous n'avez aucune honte ni culpabilité à avoir.
Quand vous aurez véritablement admis que vous n'avez absolument rien à vous reprocher, alors, vous n'aurez pas besoin du regard approbateur de votre entourage.
C'est votre propre regard sur vous-même qu'il faut confirmer : vous n'avez rien fait de mal et votre image est parfaitement propre, saine, ce qui n'est pas le cas de cet homme qui a profité de son statut.
Reprenez confiance en vous et si vous n'y parvenez pas, entreprenez une thérapie de soutien.
Je reste à votre disposition.
Souhaiteriez vous que nous publions votre témoignage anonymement ou avec un mail anonyme (celui-ci peut-être) afin que d'autres victimes puissent vous apporter des réponses ?
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
SOS FEMMES SAINT-DIZIER
Une fois de plus merci pour votre réponse.
J'accepte de publier anonymement mon histoire.
Calicia
|
