Les conséquences de la violence intra-familiale pourront-elles un jour s'apaiser ? Mai 2015
Bonjour,
J'écris aujourd'hui car je suis consternée. Je me sens incomprise et esseulée face à ma situation. Internet, le meilleure moyen de nos jours de s'informer sur ses droits et également ses devoirs. J'imagine que la cause « des femmes battues » n'a été une cause nationale que depuis quelques temps.
C'est une grande avancée étant donné que nous femmes battues ne parlons pas de nos souffrances qui sont pourtant avérées et surtout de « l'apres souffrance induite ».
Mais je le répète, aujourd'hui je suis consternée et triste car malgré des heures passées a naviguer sur internet, à chercher des ouvrages, des articles des témoignages, des reportages, des sujets traitant de la violence domestique dite intra-familiale et pour être encore plus précise « la maltraitance entre frère/sœur ». Je ne vois rien. Absolument rien qui ne me satisfasse.
Et résultat, je me sens encore plus incomprise et je m'isole encore plus; je n'en parle pas. Je n'ose pas, c'est tabou. Et surtout, je ne sais pas comment en parler. Je suis depuis deux ans environ une psychothérapie qui m'aide énormément. Intellectualiser m'a aider à m'ouvrir un peu plus aux autres, et a comprendre certains mécanismes de défense inadaptés que je met en place pour me protéger de la vie en société. Je suis vulnérable.
Une étude affirme qu'être régulièrement chahuté dans une fratrie augmente le risque de dépression à l'âge adulte.
Et que dire d'une enfance ou son être a vécu continuellement dans un climat de violence. Tous les membres de la famille comme se donnant le relais pour me détruire et psychologiquement et physiquement. Ma mère a été violente envers moi mais je lui ai pardonné; mon frère a été violent envers moi et c'est lui qui m'a laissé les marques les plus indélibiles; mon père n'a pas été violent à proprement dit mais c'est lui qui m'a fait le plus de mal et qui continue actuellement.
J'ai grandi dans une famille avec une culture de toute puissance masculine et patriarcal. Les hommes d'abord et les femmes derrières. Je me suis battu pour faire des études. Et j'y suis arrivée. J'y ai laissé ma chaire, ma vie et mon avenir. Oui, car je me suis vraiment donné. Seule. Et aujourd'hui, je me retrouve sans moi. Juste une enveloppe charnelle. Vide. A quoi peut-elle bien me servir, si, vide. Je me suis donné à corps et âme. J'y ai même laissé mon cœur. Malgré tout, ce n'était pas le plus gros de mes combats. Le plus gros de mes combats, s'eût été celui de l'espoir durant sept années et de la vie après ses sept années. Sept années de torture physique et psychologique dans le silence total. Sept années de ma vie. Sept longues années qui mont déchirées. Qui m'ont épuisées. Qui mont vidées.
Sept années de combats acharnés. Contre moi même; pour ne pas me laisser envahir par la souffrance. Et si ce n'était que ça. Si le combat ne s'arrêtait que là. Utopique.
Et après tout ça, car oui malgré tout il y a eu un « après tout ça » (c'est inouï!). Je n'arrive plus a vivre. Je souffre. Non que dis-je, je ne souffre pas. Ce que je ressens est indicible, inaudible. Alors, je me le dis a moi même, en l'écrivant ou dans ma tête. Eh oui, toujours ce silence. Sujet tabou. Qu'il faudrait « détaboutiser » car cela m'empêche de vivre. Dans l'indifférence de tous, j'essaie d'avoir une vie normale mais je ne peux pas. Les hommes. Ahh, les hommes. Problématique Emblématique, symptomatique, épidermique, dramatique.
Ce frère m'a détruite. Mon père me termine. Les hommes, eux, n'en parlons pas!
Aujourd'hui, je me retrouve seule; diplôme en poche mais sans avenir car celui-ci m'a été pillé au cours de ces longues années indicibles. Mon père m'a renié. Et ça c'est une autre histoire. Ma mère souffre de mon absence. Et moi alors. Et le pire ce sont mes petits frères et sœurs. Je les aime plus que tout au monde.
Que me reste-t-il a vivre? Tout est derrière moi et en même temps si présent. J'aimerais pouvoir me débarrasser de mon passé, pour commencer une nouvelle vie. Mais, malheureusement, je dois faire avec ces vestiges dune vie; si j'ose appeler ça une vie.
J'aimerais tellement hurler ma souffrance au monde. Mon désespoir. Je n'y arrive pas... Je n'arrive pas a verbaliser le mal dont j'ai pu souffrir et à expulser la souffrance qui a élue domicile dans mon cœur. Et lorsque je cherche des infos, je ne trouve rien.
Et voilà, je suis consternée.
Durant ces sept années de souffrances: j'ai subi , j'ai subi , j'ai subi. L'injustice, les coups, la diminution, l'humiliation. Et tout ceci dans le silence de l'intime noyau familial. Sept années où je n'ai absolument rien dit. Je faisais comme si de rien était. Et dans ma famille, je ne peux croire que cela ne se savait pas.
Je suis en détresse. Tellement de choses inscrites dans ma mémoire, dans mon corps. Ces choses sont forgées au fer rouge et personne ne pourra me les enlever.
La question primordiale est: comment vivre avec tout ça; après tout ça.
J'aimerais reconstruire mon être, construire une vie réelle et non plus imaginaire à travers mes lectures. Mais comment le pourrais-je sur des vestiges encore ardents. C'est encore tellement présent. J'aimerais aimer normalement et surtout être aimé. Sentiment que les hommes ont du mal a avoir envers moi. La faute à qui. Il (ce frère) a tout fait pour me détruire, pour que je sois basse; plus basse que lui. Plus basse que les Hommes. Différentes des Hommes. Et inapte à construire une vie avec l'homme.
Que me proposez-vous de concret pour avancer?! Intellectualiser, je le fais déjà avec ma psychologue, et ça me suffit. Que me proposez-vous donc pour vivre ?? Pour vivre l'après ! Je n'ai jamais vraiment vécu, je ne sais que survivre. Et lorsqu'on survit c'est pour un objectif. Aujourd'hui, je n'en ai plus. Je suis épuisée. Demotivee. Rien ne me fait plaisir. Moi qui ai toujours été souriante, en ce moment je me terre chez moi et ne sors plus. Et je ne prend plus soin de mon corps. Ce corps parlons en. J'ai du mal avec mon corps. Mon combat au quotidien. Je lutte chaque jour, je me force, je me prépare psychologiquement rien que pour prendre une douche. Et la nourriture, je mange au plus un vrai repas tous les trois jours. C'est plus fort que moi. Je maltraite mon corps. Ce corps qui a reçu cette violence dans le silence. Je me sens coupable. Je suis coupable. Coupable par mon silence. J'abandonne donc mon corps. Coupable d'avoir absorber tant de haine. Pourquoi tant de violences. Je me suis toujours posé la question. Peut-être l'ai je mérité. On ne peut pas en vouloir à une personne de la sorte sans qu'elle n'ai été responsable de cette rage véhiculée envers elle. Pourtant j'ai toujours été une fille sage. Je réfléchis tous les jours en cherchant ce que j'ai pu leur faire de mal. Ça me rend folle. Alors je maltraite mon corps.
Je suis indignée. Les gens pensent que tu as été battu un temps et voilà après c'est fini. Mais ça ne marche pas comme ça malheureusement.
Subsiste une dimension beaucoup plus psychotraumatique. Ces années m'ont détruite. Aujourd'hui je suis obligée de vivre en m'efforçant d'occulter tout ce passé omniprésent. Même si je sais que ce n'est pas la bonne solution. Mais, je ne sais faire que ça et je ne veux faire que ça car lorsque je ne suis pas dans le contrôle, rien pour me raisonner, je m'écroule, je tombe dans le fossé. Et cela m'arrive très souvent lorsque je lâche mon attention et mon hyperactivité. Mais, je ne peux continuer dans ce schéma car aujourd'hui je suis vraiment épuisée. Réellement. Je n'ai plus de force à moi toute seule. Je tiens à un bout de fil. Et je ne veux pas a avoir à me justifier, ça me demande trop de force, force que je n'ai plus. Trop de remue méninge dans mes souvenirs et mes pensées sont également risqués pour mon intégrité. Alors, faites vos recherches vous même afin de pouvoir aider et soutenir comme il se doit votre entourage. J'ai des amis, mais je suis seule. Seule dans mes pensées car incomprise par eux. Donc, je me tais face a leurs commentaires désobligeants et leur phrases toutes conçus censées me réconforter. Le silence, je ne sais faire que ça. Et vous aussi, par moment je préfère que vous vous taisiez pour enfin laisser la place. Laisser la place à l'indicible. L'écouter dans le silence, le comprendre. La reconnaissance de la souffrance, de l'autre cela importe beaucoup. Pour enfin débuter à panser les maux induits par un acharnement physique et psychologique nauséabonde. Un intérêt commun et certain doit être porté sur les mécanismes psychotraumatiques.
Je suis indignée. Je suis une jeune demoiselle aux prémices de sa vie et déjà en détresse. Je ne sais comment exprimer ma souffrance. Je ne l'ai jamais fait à l'audible, je l'ai toujours écrit. Alors aujourd'hui je prend la parole, ou devrais-je dire la plume, pour hurler à l'injustice. Enfin, plutôt l'écrire. Je suis indignée.
Très peu d'informations publiques traitant des conséquences de la violence physique et psychologique. Je suis indignée. En plus, les psychotraumatismes intra-familiales devraient être une cause nationale, afin de les prévenir ou de les « dépister »; cela éviterait à la personne souffrante de se terrer dans son silence et surtout de croire que ce qu'elle subit est normal. Enfant, le mal vient de l'extérieur et surtout pas de l'intérieur.
Qui pour aider ces enfants qui ne s'imaginent pas que ce qu'ils subissent n'est pas cautionné. Qui pour les orienter si ils se taisent, car ils se taisent. Qui pour les protéger si leurs propre parents censés les protéger, les rendent vulnérables. Qui pour leur expliquer la différence entre le bien et le mal. L'éducation nationale pourrait faire le relais. Je dis bien « pourrait ».
Je suis consternée.
Je suis indignée.
Car finalement, qui pour les aider à se reconstruire après tout ça?!
PS: J'ai commencé un travail d'écriture depuis quelques années. Par pur hasard, si quelqu'un possède des contacts, afin de me guider dans mes démarches de finalisation de roman et de possible édition; je vous serais gré de m'en faire part s'il vous plait.
PS : je ne suis pas contre la possibilité de publication de mon message sur votre mur.
LYS
Bonjour,
Peut-être que ce document "La maltraitance familiale : dévoiler, intervenir, transformer" pourra vous servir de support face à l'indicible...
(chez Armand COLIN de Gérard Salem)
Veuillez aussi noter les travaux réalisés par cette professionnelle:
* http://memoiretraumatique.org/
Prenez connaissance de cette association :
*
Stop à la Violence Intra-Familiale
Site de l'association SAVIF à Toulouse spécialisée dans la lutte contre les violences conjugales et le soutien actif aux victimes.
http://www.savif.com/
Vous avez déjà des mots à communiquer ; je suis prête à publier votre témoignage dans notre espace échanges.
Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil
SOS FEMMES ACCUEIL |