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Message ou FAQ

 

Comment ne pas avoir peur de ces souvenirs ?

Août 2015

Bonjour,
 
  Voilà  je suis tombée sur le site par pur hasard et j' aimerais vous raconter mon histoire, je vais essayer d' être la plus brève et concise possible.
 
Depuis que je suis adolescente (j' ai aujourd'hui 26 ans) je suis dans un profond mal-être dont je n' arrivais pas à trouver la cause exacte. J 'ai commencé ma première dépression et suivi thérapeutique à l' âge de 14 ans. Entre temps il y 'a eu des moments sans thérapie, et puis à l' âge de 19 ans j' ai rencontré mon mari, j 'ai commencé à faire de très grosses crises d' angoisses et de paniques...j 'ai été de nouveau suivie part un thérapeute (une psychiatre)...et avec l' aide de ma belle-famille et de mon mari j 'ai pu m' en sortir un peu. Petit à petit en parallèle de mes angoisses, j' ai commencé à prendre beaucoup de poids (boulimie), avoir une très grosse perte de désir sexuelle. Après une conversation avec mon frère (son comming out) j'ai commencé à avoir des problèmes d' incontinence fécales...fissure anale...je vivais avec tout ça mais je ne savais pas vraiment quoi en faire.
 
Il y ' à 1 an j' ai décidé de prendre le taureau part les cornes, la thérapie et le thérapeute ne me convenait pas ! J' ai changé sur les conseils d' une amie à moi et je suis allée voir une psychologue vraiment très bien avec qui je me suis sentie à l 'aise. Elle a su identifier mon mal-être et mon malaise, elle m' a de suite demandé si j' avais des problèmes sexuels, et si je m' aimais. Personne encore ne m' avait posé ce genre de question, et pourtant c' était les questions à poser !
 
Je suis cette thérapie depuis bientôt 1 an et elle porte ses fruits, j' ai très vite commencé à faire des rêves..ou plutôt des cauchemars d' agressions verbales, physiques et puis sexuelles et dedans apparaît toujours mon frère aîné, de plus des brûlures urinaires (sans infection tout les examens ont été fait) et des plaques rouges sur mon corps au zone intimes apparaissaient à chacun de mes rêves d'agression. Au début je niais tout en bloc car cela m' était trop difficile et je n' avais aucun souvenir " réel " ..mais ma psy m' a bien parlé du phénomène d' occultation. A ce jour beaucoup de progrès et de zones d' ombres ont été dévoilés , les pièces du puzzle s' encastrent petit à petit. Mais je n' ai pas eu de flash back cela me semble important  pour la poursuite de ma thérapie et en même temps je réfute ce genre de phénomène car je pense que cela serait trop douloureux pour moi. Ma psy m' avait conseillé d' attendre un peu avant d' avoir une confrontation avec mon frère. Pour la petite parenthèse ma mère est malade (gravement) et je ne voulais pas qu' elle soit au courant de cette affaire, mon père contrairement à elle, est au courant et à très bien réagit, il a compris et m'a apporté son soutien.
 
Mais il y' a quelques jours j' ai tout balancé à mon frère car je ne pouvais plus le voir à chacune des mes visites pour aller voir ma mère, je lui ai donc envoyé un sms pour lui demander de limiter nos entrevues physiques et téléphoniques.
 
Il a bien sûr mal pris, m' a envoyé un sms assassin...en disant que j' étais folle ainsi que ma psy et que son propre psy à lui avait confirmé que ma psy était incompétente et folle! J' ai pas répondu à son sms, et je l' ai appelé directement, et là j' ai tout balancé...

Il ma crié dessus, m'a traité de folle, et il m'a dit " c' est comme si moi je t' accusais quand tu étais enfant d'avoir mis un doigt dans le cul à un autre enfant ! " et là je lui ai répondu " mais qu 'est ce que tu racontes enfin ? "  ( dans l' un de mes premiers cauchemars mon frère disait  m 'avoir mis un doigt dans l' anus ) et là je lui répondu  : " c' est étrange que tu prennes cette exemple car c' est ce que tu m' as fais " et là il ma raccroché au nez.

Petite parenthèse : entre temps j' appel le psy de mon frère pour le tenir au courant de cette histoire et je lui ai demandé part la même occasion si il avait bien dit à mon frère si il avait dit que ma psy était incompétente ! et la son psychiatre rigole et me dit : mais pas du tout je ne la connaît même pas et on a jamais parlé de ça ensemble...


Le lendemain il me renvoie un sms assez salé, je lui ai demandé de m 'appeler ( quelle erreur...) il m' a encore insulté de folle, que j' avais des problèmes psychiatriques...qu'il n'avait rien fait...et j'ai alors demandé : pourquoi tu m' as menti en prétendant que ton psy avait dit que la mienne était folle ! et là il y'a eu un gros blanc et il m'a dit : " ben si pourtant on en a parlé il doit plus s'en souvenir " ...et la je renchéris : et pourquoi tu m'as donné un exemple en citant : " c'est comme si je t' accusais d' avoir mis le doigt dans le cul à un enfant quand tu étais enfant " alors que c' est l' un des souvenirs qui m' est revenu...il me répond " non mais attend c' était un hasard..." (curieux hasard non ?) et là je lui dis ben écoute on va clore la conversation ça sert à rien...

Entre temps mon père m' appelle en cachette, et il me dit que mon frère veut se suicider, qu' il a peur de perdre son travail et peur d' aller en prison (curieux pour quelqu'un qui dit ne m' avoir rien fait ) !

Le soir j' appelle ma mère pour la consoler un peu...et là derrière j' entends mon frère dire : " tu n'es qu'une S***** ... ! " ma mère était choquée, elle a dit à mon frère de se calmer ! on a coupé court à la discussion...
 
Aujourd' hui j'ai eu une séance de thérapie avec ma psy et mon père, pour qu' on puisse calmer un peu le jeu par rapport à ma mère malade qui est maintenant au courant à cause de mon frère, alors que moi je m' étais évertuée à lui cacher...
 
Je vous envoie ce message, car j'ai besoin d'y voir plus clair, mon père, mon mari et ma psy me soutiennent et me disent que j' ai bien été agressé par mon frère, mais moi quand il me dit qu' il n' a rien fait je me remets à douter... ma psy me dit que je n'étais pas prête pour une confrontation.
 
Aujourd'hui nous avons décidé de couper les ponts...j' ai bloqué son numéro...et je vois mes parents quand il n' est pas là...j' aimerais qu' il avoue et qu 'il s' excuse mais il ne le fera probablement jamais...comment puis-je trouver la confiance suffisante en mon corps et mes cauchemars pour ne plus douter et ne pas croire aux dires de mon frère...car si je reste dans la confusion cela ne va pas me faire avancer..il faut que j' ais absolument confiance en moi et mes ressentis...mais c' est dur car je n' ai pas eu de flashback et mon frère me fait douter...
 
Merci pour votre attention et votre réponse.
 Elisée.
 
 
Bonjour,
Je vous prie d'excuser le délai de la réponse mais je reviens tout juste de mes congés.
Votre psy n'est évidemment ni folle ni incompétente et il est certain que votre frère pratique le mensonge car aucun thérapeute digne de ce nom ne se risquerait à échanger librement avec des "patients" sur la valeur personnelle et professionnelle de l'un ou l'une de ses confrères.
Vous avez déjà cette certitude : votre frère ment et en général, le mensonge sert à dissimuler une certaine vulnérabilité et parfois, il peut être le signe d'une manipulation plus "perverse".
Je suis tout à fait d'accord avec votre thérapeute ; vous devez d'abord concentrer votre énergie à votre propre personne, dans l'objectif d'acquérir une image plus "sécurisée" de vous-même et ensuite seulement, vous pourrez peut-être affronter le personnage de votre frère mais je ne sais pas si cette démarche vers lui sera indispensable ni même bienvenue car cet homme, sans doute en proie à de profondes angoisses peut-être pathologiques, ne pourra pas, de toutes façons, vous venir en aide.
N'attendez rien de lui.
Vous êtes une victime ; malheureusement, cela ne fait aucun doute.
Vous voudriez, vous, avoir cette certitude d'être une victime et vous recherchez des preuves.
*
L'amnésie traumatique
Dans certains cas, en particulier lorsque la victime a été agressée jeune, elle peut souffrir d'amnésie traumatique : il s'agit d'une des conséquences psychiques possibles, parmi les autres. Cet oubli est une forme de refoulement qui permet en quelque sorte à la victime de survivre à l'insupportable : cependant, les conséquences des agressions restent entières et identiques (voir liste ci-dessus) à cette différence de taille que la victime ne les comprend pas tant que le souvenir n'est pas venu les éclairer rétroactivement.
Tôt ou tard, les souvenirs et les images remontent, plus ou moins fragmentés et complets. Cette opération psychique se réalise systématiquement à la faveur d'un ou plusieurs événements : événement en lien avec la maternité (grossesse, accouchement, par exemple), événement familial (réunion familiale, mariage, divorce, naissance), rencontre amoureuse, relation sexuelle, film ou émission télévisée, ... ou un événement apparemment sans aucun lien avec l'agression sexuelle.
Une psychothérapie ou une analyse favorise la résurgence des souvenirs.
Lorsque les souvenirs remontent (sous forme de flashs, d'images incontrôlées, de cauchemars, ...par exemple), la victime a souvent du mal à faire la part des choses entre le réel et l'imaginaire : cette découverte ou redécouverte est la plupart du temps traumatisante et très douloureuse. Elle cherche parfois à savoir s'il est possible d'oublier pareil événement, comme un viol ou des agressions sexuelles ... Dans d'autres cas, la victime n'a aucun doute sur les faits mais les souvenirs peuvent rester incomplets : pas de souvenirs de l'agresseur, des conditions des agressions, des détails, par exemple.
Peut-être n'êtes vous pas assez "forte" encore pour supporter la "vision" de la réalité subie ; peut-être avez vous encore besoin d'être "protégée" même mal par cette "amnésie traumatique"...
Prenez le temps de construire votre thérapie avec votre psy.
Prenez le temps de bâtir vos représentations.
Souhaitez vous que nous publiions votre témoignage, anonymement ou non, dans notre espace échanges?
Je reste à votre disposition.

Cordialement,
Chantal POIGNANT
Conseil

SOS FEMMES ACCUEIL

Madame,
 
Merci pour votre mail qui me fait le plus grand bien, votre regard m' aide à pouvoir " avancer " en me concentrant sur le fait que je ne suis pas folle comme le prétend mon frère aîné.
 
Je prends note de vos conseils en fin de mail. Je pourrais revenir vers vous si j' ai d' ici là encore quelques questions, pour le moment votre réponse me suffit.
 
Oui vous pouvez publier mon témoignage si cela peut aider, mais je préfère que cela reste anonyme.
 
  Elisée

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