Je
ne suis ni faible, ni folle, ni maso ... Mais j'ai vécu 10 ans
de violence conjugale.
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J'aimerais
que mon expérience puisse aider d'autres femmes à réagir ... Car,
malgré les épreuves qu'elles subissent, elles sont des personnes dignes
et respectables. Ce n'est qu'en "instaurant" cette respectabilité que
l'on peut avoir des relations constructives avec une femme en détresse.
Bien souvent, elles se sentent "jugées" avant d'être "aidées", et elles
rentrent en processus de rupture avec leur conjoint, plus par soumission
envers le jugement de la société, que par conviction personnelle. Car
tant qu'elles éprouvent de l'amour pour leur conjoint, même si cet amour
est honteux, elle ne le quitteront pas ...
J'ai
"aimé" un être invivable, je me suis accrochée de toutes mes forces
à un amour impossible. Lorsque j'étais dans cette "liaison" d'aliénation
totale, je pensais sincèrement donner la meilleure preuve d'amour à
mon conjoint en restant avec lui. Les difficultés auxquelles j'étais
confrontée allaient forcément se résoudre avec le temps, du courage
et de la persévérance. Avec toute ma force de caractère et ma personnalité
je pensais les vaincre. J'ai cherché dans les domaines de la psychologie,
de la philosophie, du bouddhisme, ... des réponses à mes obsessionnelles
questions :
Pourquoi me bat-il ?
Comment peut-il supporter de me faire souffrir s'il m'aime ?
Comment empêcher ses crises ?
Existe-t-il un moyen de le soigner définitivement ? Dans mon entourage
et dans mes lectures les réponses n'existaient pas et le cauchemar continuait
au rythme des crises de violences et de périodes de "lune de miel".
La violence physique a duré seulement 2 ans, mais après, la menace de
son retour, et la violence morale quotidienne, m'ont fait vivre un enfer.
Les manœuvres subtiles de mon compagnon pour me faire culpabiliser trouvaient
toujours leur cible. Naturellement portée vers les remises en question,
j'ai presque fini par douter de l'importance même de mon existence.
Dans cette tourmente psychologique, je sentais mes forces m'abandonner
une à une. Résolument, j'ai décidé "d'abandonner" mon corps, pour concentrer
mes forces vers mon esprit.
J'ai donc subi des violences physiques avec un détachement incroyable,
comme si ce n'était pas moi qui les subissais. Lucidement, j'enregistrais
les faits avec froideur, dialoguant avec moi-même pour trouver une explication
logique à la situation. C'est dans la résistance secrète de mon esprit
à tout ce qu'il me disait que je parvenais tant bien que mal à raccommoder
les morceaux fragiles de ma dignité dévastée. Pour me protéger des scènes
de violence où il allait me reprocher mon incapacité à résoudre tous
ses problèmes, je faisais de fausses confessions, et de fausses autocritiques.
Il m'est même arrivé de prendre les devants et de faire semblant de
ne pas être contente de moi au moment où lui en était parfaitement content.
J'étais dans l'incapacité totale de maîtriser ces crises, j'avais peur
de lui tout le temps, il me séquestrait physiquement et psychologiquement,
il n'y avait aucune solution de bonheur.
Ayant perdu mes amis, ma famille, mon travail, mes principes, mes loisirs,
ma dignité, je croyais vivre une passion, malsaine certes, mais une
passion quand même. Je me faisais croire qu'il m'aimait et je réclamais
ma pitance de tendresse en échange de tous ces sacrifices.
Et, très facilement il lui suffisait de me dire un mot doux pour que
cette passion existe ! Mais le prix à payer finit par être trop
cher, et lorsque j'ai constaté que même notre enfant nouveau-né n'était
pas pour lui une source de bonheur, j'ai mis les voiles avec la vitesse
de l'éclair !
Je ne voulais absolument pas gâcher la vie de mon fils. Sans mon fils,
cette "passion" m'aurait anéantie.
Aujourd'hui, je serais peut-être encore avec cet homme, réduite à l'état
de "légume", ou bien nous nous serions entretués ... J'ai compris
grâce à mon enfant que cet homme était "inhumain", hors normes, pathologique ...
Si j'avais été capable de m'aveugler moi-même, je ne pouvais pas sacrifier
mon enfant. C'est une force "animale" qui m'a permise de partir et de
tenir. Je regrette de ne pas avoir été "éduquée" à reconnaître les comportements
malsains dans les relations affectives.
Fille
de parents divorcés, ma carence affective m'a conduite à confondre les
sentiments et les besoins. Je me suis construite de toutes pièces un
"amour" en toc qui m'a fait très mal. Par peur de la solitude et de
la vie tout simplement, j'ai préféré souffrir et "avoir"une sécurité
affective minimum. J'ai bradé ma vie en flirtant avec la mort ...
Trois ans plus tard, mon petit garçon est épanoui et rieur. Nous vivons
tous les deux à 800 km des lieux de cauchemar, avec de nouveaux amis,
de nouvelles activités, de nouveaux projets. Je suis au RMI, mais je
n'ai jamais été aussi heureuse d'exister.
Chaque matin, c'est un vrai bonheur de se lever pour reconstruire ma
vie. Petit à petit des projets professionnels se dessinent, et puis
il y a Internet !
J'ai appris récemment que mon "ex" avait violé une de ses filles, lorsqu'elle
était adolescente, il y a longtemps ...
Je suis disposée à correspondre avec toute personne
qui le désirerait.
Mon
email : Moka.petit@laposte.net