Cauchemar
ou Réalité ?
Email
anonyme :
email supprimé à la demande de l'intéressé en février
2002 ... puis remis en novembre 2002. A
nouveau supprimé en juin 2007.
[C.
a écrit ce témoignage pour être publié ici à
la suite d'échanges emails entre octobre et décembre 2000. YL]
Je
ne sais pas trop bien par où commencer, car c'est plutôt difficile à raconter,
surtout lorsque l'on en parle depuis peu. Et oui, j'ai 29 ans et cette "histoire"
(si je peux dire histoire) m'est arrivé à l'âge de 6 ans ou 7 ans (je ne sais
plus très bien) et non pas 11 ans comme je le pensais avant. On croit que tout
va bien, mais tout n'est qu'apparence. En fait rien ne va dans ma vie, et ce depuis
l'âge de 17 ans.
A cette époque, j'ai commencé à faire des cauchemars, à ne
pas trop savoir ce qui se passait, j'essayais de me réconforter en me disant que
c'était mon imagination. Seulement rien n'y faisait et tout à commencer à dérailler :
redoublement, tentative de suicide, dépression…
Je suis allé voir un pédopsychiatre
avec mes parents, mais comme je ne comprenais rien à ce qui se passait, je n'ai
rien dit au psy et d'autant moins qu'il s'agissait d'une thérapie familiale. Selon
le psy, il s'agissait d'un problème de famille à régler. C'est vrai qu'à cette
période, le contexte familial n'était pas le top, je ne supportais plus les engueulades
de mes parents et surtout leurs comportements envers nous : aucune marque
d'affection, réprimandes continuelles… et j'en passe ! J'ai donc cru le psy, en
me disant que c'était peut être ma façon de me révolter, de montrer à mes parents
que j'existais, et surtout de leur faire comprendre que l'éducation autoritaire
(punitions, violences verbales et physiques) qu'ils avaient mises en place avec
nous (j'ai un frère et une sœur) avait des limites et qu'elle pouvait même rendre
leurs enfants malades psychologiquement.
Seulement, le psy avait tort, car
les choses ne se sont pas arrangés, bien au contraire. J'ai commencé, après ma
première tentative de suicide, à faire régulièrement des crises de tétanie (d'angoisses),
et j'avoue que ces crises, ça vous empoisonne la vie. J'ai quand même poursuivi
mes études, et si je dis cela, c'est tout simplement que je ne vivais pas à côté :
pas d'amis, pas de sorties, cloîtrée chez moi.
Les cauchemars étaient toujours
là, mais flous.
Au cours de mes études, les choses ont refait surface par
étape, à chaque fois que je sortais avec quelqu'un. J'ai commencé par revoir ou
plutôt revivre les scènes avec mon cousin dans la cave : il me caressait
partout, m'obligeant aussi à le caresser. Là je me suis dit que ce n'était pas
des cauchemars, mais bien la réalité.
Jai subi des attouchements sexuels quand
j'avais 11 ans, le choc ! Ne sachant comment gérer cela, les relations avec mon
ami se sont dégradés, je ne supportais plus qu'il me touche. Je ne lui ai rien
dit. Finalement, il m'a laissé tombé, ne comprenant pas, ou ne voulant pas comprendre.
Ma vie n'avait aucun sens, j'avais qu'une envie c'était mourir, disparaître, oublier
ces images. J'étais mal dans ma peau. J'ai refais une tentative de suicide à l'âge
de 22 ans. Et rebelote ! Là par contre j'ai passé une semaine en HP, avec
isolement total. Ça fait réfléchir soit disant !!! J'ai été suivi par un
psy, jusqu'à la fin de la période scolaire, éloigné de mes parents. Le seul travail
que j'ai fait avec lui, concernait les relations conflictuelles avec mes parents.
Je ne pouvais pas aborder autre chose avec lui. Mais bon c'était toujours ça de
fait !
Je suis de nouveau sortie avec un homme, étant apparemment plus
calme dans mon esprit, puisque j'acceptais les faits. Cette relation n'a pas duré
longtemps, non plus, et c'était encore plus horrible pour moi : je n'arrêtais
pas de faire des cauchemars, d'avoir des crises de tétanie. J'ai donc cru bon
de donner des explications à cet homme, croyant que je l'aimais et qu'il me comprendrait.
Au final, tout s'est dégradé et encore plus, lorsque tout à refait surface :
ce cousin a été plus loin, il m'a violé.
Idem, cet homme m'a laissé tombé,
il n'avait certainement pas envie de rester avec quelqu'un de fada. Là, j'ai touché
le fonds, déprime totale, les antidépresseurs ont donc fait leur apparition. Tu
parles !! Les médocs c'est peut être bien, mais lorsque l'on ne parle pas,
ça ne résout pas grand chose. Après avoir fait un nouveau séjour en HP, j'ai finalement
décidé sur les conseils d'une amie, d'aller voir un psy.
C'est difficile de
parler à quelqu'un que l'on ne connaît pas, et surtout lorsque l'on a du mal à
mettre des mots. Mon moyen de communication avec ce psy a été un cahier ou j'écrivais
et j'écris encore tout mes ressentis. J'ai finalement pu en parler pour la première
fois à cette amie, on se sent vraiment soulagée après ! J'ai été suivi par
ce psy, pendant 3 ans et je pensais que les choses allaient mieux : je me
sentais plus calme, je ne faisais pas beaucoup de crises de tétanies et surtout
je n'avais plus d'antidépresseurs. J'ai donc arrêté ma thérapie d'un commun accord.
J'ai commencé à vivre, j'avais résolu les conflits avec mes parents et pour moi
le reste, ces cauchemars, et bien j'allais les oublier.
Seulement, ces images
sont ancrées en vous et elles ne disparaissent pas, bien au contraire elles refont
surface tant que l'on a pas crevé l'abcès, et au moment où l'on si attend le moins !
Cette année 2000 aura été pour moi, la plus horrible, même si j'ai rencontré l'ami
avec qui je vis en ce moment. En fait, j'étais déprimé, insomniaque, de nouveau
sous traitement et j'ai refait une tentative de suicide en avril, mais cette fois,
les urgences et internement psychiatrique. Vu mon état, j'ai décidé de reprendre
ma thérapie avec le même psy, mais je ne comprenais pas très bien ce qui se passait :
plus goût à rien, pas envie de sortir, arrêt de travail à répétition… Et malgré
tout, mon ami appelait continuellement pour que l'on fasse des sorties ensemble.
Au final, il m'a demandé si je voulais bien sortir avec lui. La trouille !
Est ce qu'il ne va pas me laissé tomber comme les autres, parce que je ne suis
pas normale, un peu frappa dingue !! Finalement, me sentant bien avec lui,
j'ai décidé d'accepter, c'était merveilleux, j'avais l'impression d'être sur un
nuage, tout se passait bien. Et puis en novembre [2000. NDW], la déprime totale :
tout à refait surface, tout les morceaux du puzzle étaient là. J'ai expliqué à
mon ami ce qui se passait, et au contraire des autres, il n'a pas fui, mais il
est toujours là avec moi, pour passer ce cap. J'ai de nouveau eu des insomnies
(ne pas dormir pour ne pas avoir ces cauchemars), seulement ces images me hantent
même dans la journée. C'était devenu insupportable, invivable. J'en ai parlé à
mon psy, qui m'a proposé de faire une thérapie avec une femme. J'ai accepté, car
je voulais vraiment trouvé une solution. Il a fallu redire et redire en détail
ce qui c'était passé : mettre des mots sur ces images et crever l'abcès.
En fait, j'étais en vacances chez mon parrain, et durant cette semaine, j'ai subi
des attouchements sexuels et j'ai été violé plusieurs fois par ce salaud de cousin.
Il venait dans mon lit la nuit, commençait à me caresser, et un soir, il a mis
sa main sur ma bouche et m'a violé. Il a ensuite recommencé plusieurs fois les
nuits suivantes.
Le jour où mes parents sont venus me chercher, il a voulu
recommencer dans la cave, mais mon parrain nous a surpris. Je me suis enfuie,
et j'étais tétanisée. Mon père m'a retrouvée et a essayé de savoir ce qui s'était
passé, mais je n'ai rien dit. Et ce jusqu'à mes 29 ans, puisque j'avais tout enfoui.
Selon la psy, le seul moyen de crever l'abcès, c'était d'en parler à mes parents.
J'ai donc passé des semaines difficiles à ne pas savoir si je devais le faire
ou non, à me demander comment ils réagiraient, si ils me croiraient. En tout cas,
c'était devenu insupportable, au point où je ne parlais plus, je ne supportais
plus que mon ami soit dans le même lit que moi, qu'il me touche. J'ai vraiment
eu envie de tout arrêter, de dire stop, bye bye. Et puis, grâce au soutien de
mon ami qui était et est toujours aussi compréhensif, au soutien de 2 amies, je
me suis décidé à en parler à mes parents. Pour ça, il a fallu que je me prépare,
que je répète encore et encore ce que j'allais leur dire et choisir la bonne date.
Et finalement, le jour J est arrivé. J'ai tout dit à mes parents.
A ma grande
surprise, ils m'ont dit que je leur en avais déjà parlé, mais que j'avais juste
évoqué les attouchements. Cette discussion m'a permis de recoller les derniers
morceaux du puzzle. En fait, c'est arrivé quand j'avais 6 ans et non pas 11 comme
je le pensais. A cette âge, le seul moyen que l'on a pour supporter des choses
horribles, c'est de les oublier, les ensevelir au plus profond de soi, et se forger
une carapace.
En tout cas, le fait d'en parler, m'a permis d'apaiser mes souffrances
morales. La seule chose pour l'instant qu'il me reste à faire, c'est d'accepter
ce qui m'est arrivé, afin d'avoir une vie et une relation de couple normale. Chose
impossible pour moi en ce moment, j'ai toujours ces images dans la tête. La seule
différence c'est que je ne vis plus la situation, je la regarde. J'espère vraiment
pouvoir trouver une certaine sérénité, et je pense que le fait d'en parler, de
dire mes ressentis à mon ami, pourra certainement m'aider, du moins je l'espère.
Novembre 2002
Bonjour,
Je souhaitais par ce mél, vous donnez de mes nouvelles, et vous dire où
j'en étais dans mes démarches.
Lors de mon précédent
mél, j'avais l'impression que les choses n'avancaient pas et je me demandais
s'il fallait vraiment continuer à se battre.
J'ai suivi vos conseils
et je me suis accroché. J'ai poursuivi mon travail avec la psy. Certaines
séances sont pénibles, comme celles de mardi dernier. Je ressens
du changement en moi, comme si j'avais un poids de moins en moins lourd à
porter.
Mardi j'ai ressenti un vide en moi, après avoir simplement
travaillé sur le mot VIOL. Depuis mardi, je suis à la fois triste,
joyeuse et anxieuse, mais je crois vraiment que c'est une victoire sur mon cousin.
Il me reste encore du travail car j'ai beaucoup de mal à laissé
paraître mes sentiments : pleurs, plaisir, etc...
Je voulais vous remercier
pour toute l'aide que vous m'avez apporter, et je me sens maintenant prête
à aider d'autres personnes, donc vous pouvez de nouveau, faire apparaître
mon adresse mél.
Amicalement
C.