V : vice, viol,
victime, vide ... vérité, victoire, vie
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Avril 2003
Je vous
joins mon histoire, écrite il y a un mois maintenant Je cherche
à la diffuser, c'est parfois très "dur" et très
"cru", mais j'ai voulu que cela soit le plus proche de la
réalité possible. Je serai heureuse de la savoir sur votre
site. Je l'ai faite lire à ma psy et mon ami, mais j'ai le sentiment
que plus elle sera lue, plus je pourrai avancer, comme si le mal se
divisait par le nombre de lecteurs....
Les
prénoms ont été changés (même le chien),
je vous laisse le soin de modifier la ville si les "M ... "
vous semblent inappropriés. Bien qu' un peu "hard"
et riche de "détails", j'aimerais que le reste soit
publié à l'identique, en précisant peut-être
que c'est un texte pour public "averti".
Je souhaiterais
que ce témoignage soit intitulé : "V : vice, viol,
victime, vide ... vérité, victoire, vie."
Mon
seul souhait en diffusant ce texte est qu'il puisse aider des gens à
se reconnaître, à apprendre à se méfier,
à pouvoir déceler des comportements étranges et
à secourir. J'espère que certaines personnes mal intentionnées
ne le détourneront pas à des fins perverses.
Merci
pour votre site, on se sent mieux comprise, et finalement, tellement
..."normale"... dans la douleur et les sentiments éprouvés.
Il y a
une semaine précisément, je répondais sans le savoir
aux pompiers qui me menaient aux urgences. Je savais, paraît-il,
dire mon nom, mon prénom, mon âge….. je ne sais pas, je
ne m'en souviens pas. 48 heures dans les vapes, c'est toujours ça
de pris… pas de souvenirs, pas de bouffée d'angoisse….Ouf !
Je me suis ratée !!! J'ai joué à la roulette russe
et j'ai perdu, ou gagné, cela dépend d'où l'on
se place…. Je n'en pouvais plus…Ca couvait depuis des mois, des années
plutôt. 15 ans, à bien y réfléchir !!!
N'importe quoi !!! Une jeune femme, la veille de la trentaine, en pleine
santé physique, dans la bonne moyenne physiquement et intellectuellement,
une maison, un ami, un travail, même un chien !!! Qu'est ce qui
lui a pris ???
Un appel au secours ? Non, je ne voulais pas me rater !!! Oui, je voulais
cesser de taire ce mal qui me pourrit de l'intérieur, qui fait
que je suis incapable de construire quelque chose sans le détruire
dès que la fin de l'hiver arrive, qui fait que je n'ai jamais
ce que je veux, que je ne sais même pas ce que je veux ou ce dont
j'ai besoin.
Mes proches ont dit : " ne retourne pas voir cette psy, tu vois
bien que ça te rend malade !!! ".
C'est une erreur, je crois. Oui, ça me rend malade, je suis en
train de vomir toute cette merde qui flotte au fond de mon estomac et
de ma tête depuis 15 ans, alors oui, ça fait mal, très
mal. Alors oui, j'ai voulu arrêter. Les médicaments ne
m'ayant pas tués, je suis maintenant sûre d'une chose :
je dois aller au bout de ma démarche, finir de gerber tout cela
au risque encore de frôler la folie et la mort, mais je vais le
faire, c'est le seul moyen de pouvoir vivre avec ça, je crois,
sinon… autant mourir.
Un doux
soir d'été, il y a 14 ou 15 ans, vers 20h ou 21h, le soleil
était encore haut et chaud, mais plus étouffant. Mary
et moi nous sommes rejointes dans le centre-ville du M... pour boire
un verre en terrasse, pour profiter de nos derniers jours de vacances,
la rentrée en première approche. Nous flânons dans
la rue piétonne des Minimes et alentour, sans doute en plaisantant
sur des conneries d'ado, ou en cherchant quelle terrasse de café
aurait notre préférence ce soir. Nous croisons une fois,
sans prêter gare, cet homme avec son chien. Puis, nous le croisons
à nouveau. Qui a abordé qui ? Impossible de s'en souvenir,
en tout cas, le chien, adorable jeune chienne labrador au pelage noir,
Lupos, nous offre un sujet de conversation. J'adore les animaux, et
quel piège pratique pour lier conversation avec les jeunes inconnues,
me dira-t-il plus tard. Cet homme tout à fait banal, qui sort
son chien maintenant qu'il fait moins chaud, nous propose de boire un
verre. Pourquoi pas ? Il peut se joindre à nous. Il est souriant,
parfaitement normal, parfaitement inoffensif, Monsieur tout le monde
qui s'ennuie un soir d'été dans une ville quasi-désertée
par les Aoûtiens. Nous nous rendons donc au café de Paris.
Peu riches en tant que lycéennes habitant chez papa maman, on
opte pour un café, il ne semble pas spécialement fortuné
non plus et commande la même chose. Et nous parlons, parlons,
parlons. De lui, de nous, pauvres adolescentes sans le sou, dont les
parents ne comprennent rien, qui rêvons de quitter au plus tôt
Le M..., cette ville pourrie où il n'y a rien à faire,
qui regorge de gens froids et fermés. Ses opinions correspondent
aux nôtres, il a même ce petit côté "
révolutionnaire ", sûr de lui, qui nous conforte dans
nos opinions. Il est photographe. Célibataire, il ne connaît
pas grand monde ici, et déplore la difficulté dans notre
société actuelle de se faire de nouveaux amis. Il nous
raconte des anecdotes, est plein d'esprit et d'idées novatrices.
Normal, il est plus mûr que nous. C'est un homme de 31 ans, un
homme, pas un adolescent frimeur ou boutonneux comme on en côtoie
tous les jours au lycée ou dans les cafés du centre ville.
Nous discutons, sans voir le temps passé, " il est vraiment
très sympa, incroyable !!! ", nous sommes séduites
par son discours, nous buvons ses paroles, mais il se fait tard. On
se quitte tout en se promettant de se revoir dès le lendemain
pour boire un café ensemble, et échanger encore nos points
de vue qui semblent étonnamment si proches. Nous échangeons
nos numéros de téléphone, car il nous propose de
se rendre chez lui le lendemain, car les cafés en ville finissent
par coûter cher. Mary et moi, nous appelons dès notre réveil
le lendemain matin, encore effarées par la soirée de la
veille et de la chance que nous avons eue de rencontrer ce " mec
super cool ", un véritable Mentor !!! Nous avons hâte
de le revoir. Aucune attirance physique ou amoureuse, mais simplement
passer un bon moment entre personnes intelligentes, il peut nous apporter
sûrement beaucoup de par cette expérience qu'offre les
années. Il m'appelle en fin de matinée, je suis ravie
qu'il ait appelé, il m'explique où il habite et décidons
de se rejoindre en début d'après-midi. Je rappelle Mary
de suite, et nous nous rejoignons devant l'arrêt de bus en bas
de chez lui, afin d'arriver ensemble. Nous sonnons et montons, tout
sourire. Il nous accueille chaleureusement, dans un minuscule studio,
bien propre, une pièce avec coin cuisine et un couloir qui longe
la salle de bain. Quasiment pas de meubles, une table basse et une grande
étagère qui occupe le mur droit, une psyché dans
l'angle de la pièce et des coussins. A la réflexion, pas
de lit, pas de télé !!??!! Nous nous asseyons par-terre
et dégustons notre café et ses paroles. Les volets en
plastique sont tirés, il fait lourd, le ciel a la couleur gris-jaune
des jours d'orage dehors de toute façon, et une douce lueur électrique
rehaussée d'une ou deux bougies réchauffe l'ambiance de
ce studio. Nous bavardons et arrivons à son sujet de prédilection,
son métier : la photo. Il a du mal à trouver des modèles.
Il m'a remarqué, MOI, dès qu'il nous a croisées
hier et a fait volontairement demi-tour pour nous recroiser et nous
aborder !!! Mes yeux noirs donnent un charme incroyable à mon
visage, il aimerait voir ce que cela donne sur papier brillant !!! Je
suis flattée, c'est vrai, il y a encore un an à peine,
je pesais dix kilos de plus pour mon mètre soixante et personne
ne les voyait ces yeux. La puberté a affiné mes traits
et ma silhouette et je ne suis plus la copine de la belle grande blonde,
je suis la petite brune mignonnette à part entière maintenant.
Je n'en suis pas encore consciente mais vais très vite m'en rendre
compte.
" Si on faisait un essai, là maintenant ? allez, on y va
? " lance-t-il tout enjoué.
Je ne sais pas trop, je suis gênée, plutôt timide,
je n'ose pas me lancer.
" Ah, je sais, c'est difficile, mais je t'assure que le résultat
sera génial, je pense même que ça pourrait aller
au-delà de l'amateurisme, je connais du monde dans le métier…
" dit-il pour finir de me convaincre. " et puis, ce ne sera
que tes yeux, ton visage "
C'est vrai après tout, je suis assez surprise car jamais assimilée
à un canon de beauté, au contraire. Mais tellement flattée
!!! Il commence à préparer son appareil, à farfouiller
dans son étagère, et lance à la sauvette que, peut-être,
me voyant encore intimidée et hésitante, je serais plus
à l'aise si Mary n'était pas dans la pièce, juste
l'objectif et moi, ce serait plus rassurant. Mary est donc priée
de m'attendre en bas, je la rejoindrai dans un petit moment.
La séance commence. Il a fait pénombre dans la pièce,
pour un meilleur résultat paraît-il.
Il commence à shooter, les yeux, me parle,
" très bien ",
le visage
" incline un peu la tête à droite, le buste "
" mets ta main sur ta joue ",
me fait lever,
me parle toujours,
me parle, me fait bouger dans la pièce.
" ça va être génial "
me parle,
" tu es magnifique et finalement très douée sans
le savoir ".
Il m'encourage, me fait prendre des poses anodines, j'obéis.
Je suis saoulée de paroles, je ne sais plus bien, je l'écoute,
me fait enlever mon t-shirt, ça s'embrouille, je n'arrive pas
à dire non !!!
Le climat vire dans la pièce, je ne fais que l'écouter,
j'ai l'impression d'être sous hypnose, de ne plus avoir le droit
de reculer, il shoote toujours,
" c'est parfait "
" il fait lourd, ce serait bien en sous-vêtements "
me parle sans cesse, ne me laisse pas un temps pour réfléchir,
" tu as en plus un beau corps, pourquoi tu le caches, tu devrais
être fière d'avoir ces longues jambes, ces petites fesses
bien rebondies "
Je bafouille, j'y arrive plus, faut arrêter, ça va pas,
ça dérape, je suis à moitié nue devant l'objectif,
il shoote toujours, toujours, me saoule de paroles, m'embrouille.
Il accélère le débit de ses paroles, ça
s'affole, je l'écoute, je m'exécute, il me parle toujours,
vite, beaucoup, tout le temps,
" c'est génial "
La frénésie flotte dans l'air, il parle, il shoote, il
parle, il shoote, je suis nue ….. Oh, je suis nue !
Il me fait venir devant la glace, je suis perdue, ailleurs, ce n'est
plus moi. Il baisse son appareil et se met derrière moi devant
la glace, je suis nue, mal à l'aise, je n'arrive pas à
le regarder dans la glace.
Le calme et le silence retombe dans la pièce. Il me complimente,
" regarde -toi, tu as un corps magnifique, regarde-toi, tu es une
femme " je regarde, c'est vrai, il a raison, je ne suis plus la
petite grosse, le vilain petit canard, je suis une jeune femme maintenant,
je le vois là, dans la glace, je la vois cette jeune femme, mais
est-ce bien moi ? Il m'effleure les épaules, ça va plus,
je me vois là, plantée à poil devant un inconnu,
qui commence à susurrer plus qu'il ne parle, je suis nue, JE
SUIS NUE et il m'a prise en photo. Je panique, je me rhabille, la tête
embrouillée, en toute hâte. Il est parfaitement calme,
détendu, papote dans la pièce, me parle du développement,
que ça sera rapide, que je ne serai pas déçue du
résultat, le tout de manière si anodine….
Déjà je commence à réaliser, je bafouille
un au revoir rapide et suis brusquement projetée dans la lumière
jaunâtre éclatante, la moiteur d'un jour d'orage, la rue,
le bruit les voitures, les bus… Mary !
Elle est là, je m'approche, on se regarde, je blêmis, je
réalise, je me rends compte, elle s'inquiétait en m'attendant,
elle me regarde, je ne sais plus où je suis, elle blêmit
à son tour, je bafouille :
"Oh mon Dieu !!! …… "
Je commence à débiter un flot de paroles rapide, elle
a compris. " Qu'est ce qui m'a pris de partir ? Comment j'ai pu
te laisser avec lui toute seule ? Qu'est-ce que…. ??? "
" comment j'ai pu me laisser faire, comment j'en suis arrivée
là ??? NUE ??? " On s'en va, vite, on saute dans le bus,
je regarde la ville défiler sous mes yeux, on essaie de dédramatiser,
on en reparle, on se calme, on s'emballe, tout va bien, il ne m'a pas
touchée, il n'a pas été méchant, ni même
menaçant finalement, on sait où il habite si jamais ça
merdait, tout va bien, rien de grave…
La honte me submerge déjà, mais ce n'est rien à
côté de ce qui m'attend. J'ai 15 ans.
Le téléphone
sonne dès le lendemain., il est tout à fait normal, le
ton enjoué, ne fait pas allusion à ce qui s'est passé
la veille. Tout a l'air tout à fait normal, je me suis calmée
aussi.
Finalement, bon il m'a vue à poil, bon c'est pas la première
fois de ma vie, je ne suis déjà plus vierge, depuis un
mois !
Un serveur de café, plus âgé que moi de 6 ou 7 ans,
je n'étais pas amoureuse, mais je voulais savoir ce que cela
faisait ! C'est donc cela le SEXE !!! C'est pour CA qu'on en fait tout
un plat, à la télé, dans les journaux, dans nos
conversations d'ado…. Bon, c'est pas mal, mais c'est pas non plus le
top du top, faut se calmer.
Mon " dépuceleur " est en plus aller se vanter de ses
exploits auprès de la copine de mon frère, du style
" tiens, ta petite belle-sœur n'est plus vierge, je peux en attester,
mes draps aussi !!! "
Il a failli prendre une droite, car elle avait peur de rien et nous
nous aimions beaucoup elle et moi.
Il veut me voir
" Ok ? Je passe chez toi, tu me dis où tu habites ? "
J'explique. Il passera dans l'après-midi, on ira boire un café
en ville si on veut … copains !!! Ben vraiment, on a paniqué
pour rien hier avec Mary, il est cool. Ca m'a paru bizarre sur le coup,
mais après une bonne nuit de sommeil et au ton de sa voix, il
n'y a rien de grave. Il arrive, après être aller demander
son chemin à la pharmacie du coin et ah, comble du comble, être
tombé sur mon père sans le savoir. Il s'en est douté
quand le pharmacien a dit qu'il habitait dans cette rue aussi. Il a
fait le rapprochement de suite, a inventé un nom et un numéro
bidons dans la rue. Comme une lettre à la poste !!! Le voilà
dans mon univers. J'ai 15 ans.
Je ne sais
pas trop expliquer mes sentiments à son égard à
partir de cet instant. Son âge, son assurance, ses yeux (je lui
ai même dit qu'il avait les mêmes yeux qu'Alain Chamfort,
mon idole du moment, des réflexions de gamine, quoi !) me séduisent
un peu finalement. Et puis, j'ai 15 ans, tout à découvrir,
la jeunesse, la naïveté et la curiosité. Oubliées
les angoisses de la veille, je gère, j'ai quinze ans, je suis
une femme !!!
On papote de tout de rien, tout va bien, on s'apprête à
partir en ville. Je porte une jupe bleu marine en lainage léger
avec des baskets chipie bleu assorties et un T-Shirt blanc. Il me dit
que je suis jolie, que je pouvais avoir confiance en lui. Il me dit
qu'il avait apprécié notre séance d'hier. Il aimerait
que, secret entre lui et moi seulement, je sorte en ville sans culotte
sous ma jupe.
Non, mais, ben, je sais pas, je ne l'ai jamais fait, je ne vois pas
l'intérêt, pourquoi ?
" Oh, je te croyais moins prude, plus libérée ! Je
t'ai vue nue, je t'ai prise en photo, tu te souviens ? Ca m'a excité
hier, et ça m'exciterait de te savoir nue sous ta jupe, personne
ne le verra et personne ne le saura. "
Ce sera notre petit secret, le tout ponctué d'un clin d'œil.
Quoi ? Prude, moi ? Je vis avec mon temps, je me souviens de cette vieille
blondasse que j'avais vue l'autre jour sans culotte sous son pantalon
blanc, si elle peut se le permettre, moi aussi !!! Ok, après
tout, c'est rien.
Nous voilà partis au café de Paris. Je connais bien le
serveur, J.Y. Il me voit souvent à la sortie des cours rejoindre
mes amis ici, on papote, on plaisante. Je ne suis pas très à
l'aise, je sens le vent sous ma jupe. Je salue J.Y, il me regarde, regarde
l'homme qui m'accompagne et me fait signe de venir lui parler discrètement.
" Oui, tout à l'heure " lui fais-je comprendre de loin.
On s'attable devant un café, on discute, il commence à
me caresser la cuisse, à minauder, à me complimenter.
Il est calme, doux, tendre, je ne l'aime pas, je ne le déteste
pas. Il reparle de notre secret, ça à l'air de lui faire
très plaisir que j'ai cédé. Ca va, ça reste
soft je gère. Avant de partir, je passe près de J.Y, je
me dandine d'un pied sur l'autre mal à l'aise sans culotte et
devant quelqu'un que je connais. Il me dit :
" tu le connais bien le mec avec qui tu es ? " " pas
beaucoup non, pourquoi ? "
Il me répond juste :
" non, comme ça, mais fais gaffe ! "
Merci du conseil, mais c'est déjà trop tard. J'ai 15 ans.
Nous descendons
par le grand parking souterrain pour rejoindre nos arrêts de bus
respectifs.
" qu'est ce que tu voulais me montrer alors ? " demandai-je.
Il me dit :
" Tu as déjà fait l'amour dans un parking comme ça
? "
" Euh, non….. "
Il commence à se rapprocher de moi, à se coller à
moi, à me coller contre le mur, à me caresser et à
m'embrasser, je reste interdite. Qu'est ce qui lui prend ??? C'était
plutôt bon enfant jusqu'ici, il commence à se frotter,
à gémir que ça l'excite de faire ça dans
des lieux publics. Il est 16h, le parking est quasiment vide, surtout
au 3ème sous-sol. Mais qu'est ce que je fous là, je me
laisse faire ou je le repousse, il me colle brutalement contre le mur.
Je le repousse, je commence à paniquer. Je lui dis d'arrêter,
je ne comprends pas, je ne veux pas. Pas ici, pas comme ça. Il
se démène pour lever ma jupe (voilà le pourquoi
de la non-culotte, un obstacle de moins), alors que je me tortille pour
ne pas le laisser faire. J'ai peur, il y a un truc bizarre dans son
regard tout à coup, une lueur perverse parfaitement perceptible,
c'est un vicelard, je le vois clairement, là, maintenant, il
me fait flipper. Crier, il n'y a personne, se laisser faire, ça
va pas être une partie de plaisir, le repousser violemment, il
risque de me brutaliser. Après tout je l'ai bien cherché
! Va justifier que tu t'ais faite violer dans un parking quand 5 minutes
plus tôt, tu buvais un café avec le même mec ? Difficile
à gober. Il me prend contre le mur, je flippe, je ferme les yeux,
tu le connais, il t'a vue nue, tu ne l'as jamais clairement repoussé,
tu l'as bien cherché, assume tes conneries maintenant !
Deuxième expérience sexuelle ! J'ai 15 ans.
J'ai le
dos douloureux car râpé par le béton, il a pris
son pied, il m'a eue, c'est ce qu'il voulait. Je rentre chez moi, mal,
mal. Basta, je veux plus jamais le revoir, ça ne se fait pas,
comme cela se faire baiser dans un parking en flippant d'être
découverte ou battue si je refuse. Plus jamais je ne veux le
voir !!! C'est décidé !!! Il va se faire foutre !!!!
Les jours passent, sans nouvelle, on va en rester là, finalement,
j'en suis soulagée, là, au fond de moi. Je ne sais pas
où il est passé, je n'en ai rien à foutre d'ailleurs.
Il me rappelle,
" Tu viens chez moi ! "
" Non, je ne veux plus, c'est terminé. "
" mais bien sûr que non, ce n'est pas fini !!! tu as oublié
??? "
" oublié quoi ? "
" j'ai les photos ! "
Oh putain, non !!! Pas ça !!!!
" Ils en diraient quoi tes parents de voir leur fille à
poil ? Les clients de ton père et de ta mère dans le quartier
? …….Et dans ton lycée, hein ??? "
Je suis prise au piège, il le sait. Maintenant, il y a ces putains
de photos.
A partir
de maintenant, on ne joue plus, c'est du chantage pur et simple. Si
je ne fais pas ses quatre volontés, il les balance partout.
Je commence à pas aller bien. Seule Mary est au courant de tout
cela et encore, je lui épargne les choses dont j'ai trop honte,
je garde le pire pour moi. Mes parents s'interrogent, commencent à
me trouver bizarre. Je mange mal, je dors mal, je deviens agressive
dès qu'on m'adresse la parole, je suis triste….
Un jour, à table, la question tombe :
qu'est-ce que tu as en ce moment ??? (sous entendu : Avec qui tu traînes
???)
" J'ai rencontré un garçon, mais ça n'a rien
à voir avec lui. "
Ils me sentent très évasive et réticente à
parler, alors que d'habitude, je raconte tout de mes amourettes. Ils
sentent qu'il y a un problème, et à force de questions,
je finis par avouer qu'il a 31 ans, comme si c'était cela le
problème, sachant qu'ils n'approuveraient pas que je fréquente
un homme de 15 ans mon aîné.
" Nous t'interdisons de le revoir, il a une mauvaise influence
sur toi, ça se voit ! "
Voilà ce que je craignais !!! Comment faire maintenant ??? Je
ne peux pas leur avouer ce qui s'est passé, j'ai trop honte pour
cela !!!
Et si je refuse de revoir l'autre, je risque de me retrouver avec mes
photos partout ?!
C'est l'impasse, mais c'est aussi une excuse pour moi de ne plus revoir
ce malade.
Ne pensez pas que mes parents aient été laxistes à
cet instant, ils me faisaient confiance, m'avaient toujours laissée
la liberté de faire mes choix, seule. Je ne leur avais jamais
menti, je ne les avais pas déçus, j'étais une brillante
dans les études, ils n'avaient pas à s'inquiéter
et surtout ils ne pouvaient pas savoir !!!!
Il appelle
pour que je vienne le voir.
" Mes parent ne veulent plus que je te vois ! "
Une pluie d'injures et d'humiliation me tombe soudain dessus. Qu'est-ce
que je leur ai dit, pourquoi ne veulent-ils plus que l'on se voit …
Qu'à cela ne tienne !!!!
Ce soir-là, ma mère vient me retrouver dans le jardin!!!
Nous sommes seules sur la terrasse.
" Ton ami est venu me voir aujourd'hui, avec son chien !!! Il m'a
dit que tu n'allais pas bien en ce moment …..qu'il pensait que sa compagnie
pouvait te faire du bien …. qu'il te distrairait….. qu'il ne fallait
pas voir de mal dans cette relation ….. "
Oh mon Dieu !!! Non, Maman, pas toi !!!
Même ma mère s'est faite avoir !!!! Il est allé
la voir juste pour pouvoir abuser de moi avec son consentement !!!
Est-ce possible d'aller si loin dans le vice ?
Mais jusqu'où sa perversion ira-t-elle ?
Il sait
maintenant que je n'ai rien dit à mes parents, qu'il a même
la permission de ma mère.
L'horreur et la terreur peuvent monter crescendo !!!
Il veut me voir. J'essaie encore d'esquiver
" Je ne peux pas aujourd'hui, ma sœur est partie en vacances, je
dois aller nourrir son chat ".
Il m'engueule, comme quoi il a dépensé 6 litres de lait
qu'il a vidé dans sa baignoire POUR MOI !!! parce que ça
fait la peau douce. Je répète que je dois aller chez ma
sœur pour le chat, que je ne peux donc pas le voir.
" Je t'accompagne ! " et raccroche !
Affirmation qui ne nécessite pas de réponse. Il passe
chez moi, nous partons donc à pied chez ma sœur. Arrivés
là-bas, il se ballade dans la maison déserte et s'arrête
dans la chambre de mon neveu. Il a 4 ans à cette époque.
Après avoir pris soin du chat à trois pattes, j'ouvre
les fenêtres pour que la maison s'aère. Il fait beau et
doux.
Il m'appelle de la chambre et m'ordonne de m'allonger sur le lit de
mon neveu, recouvert d'une housse de couette Winnie L'Ourson. Il commence
à me toucher, avec un doigt, puis deux, puis deux, puis trois,
me saoule toujours de paroles qui l'excitent et qui vrillent mon cerveau,
" le vagin est parfaitement élastique, la preuve, les bébés
passent par là "
il va me montrer que sa main entière peut y pénétrer,
mais que je dois me détendre sinon ça pourrait me faire
mal …
Des détails cliniques qui me rendent malades pendant que sa main
s'enfonce toujours plus en moi. Je me fixe sur les nounours dessinés
sur la couette pour échapper au présent. Comment la naïveté
de ces oursons peut-elle être dans le même espace-temps
que l' horreur que je subis. Je ne cesse de penser à ma sœur
qui couchera tendrement son fils dans ce lit en ignorant ce qui s'y
est passé. Je souffre le martyre. Je souffre d'humiliation, de
peur et de dégoût. Dégoût de lui bien sûr,
mais aussi de moi. J'ai 15 ans.
Tout est
parfaitement calculé, toujours !! Il sait parfaitement où
il veut aller, ce qu'il veut faire de moi, ce qu'il veut faire avec
moi ! Cette " intelligente " est prodigieuse, quasiment digne
d'admiration et d'autant plus humiliante.
La chronologie des évènements à venir reste floue,
mais à la relecture je me rends compte que les détails
(le temps qu'il faisait, la housse de couette Winnie l'Ourson, la laisse
en métal du chien…..) sont parfaitement nets, tout comme les
émotions au moment où j'écris.
Je me retrouve
enchaînée par cette laisse en métal à l'entrée
du couloir qui mène à la pièce principale de son
appartement. Nue, pieds et poings liés, bras et jambes en croix,
sur la moquette bordeaux. Malgré la chaleur, je suis gelée.
Il est nu à côté, excité. Il me raconte encore
des histoires scabreuses. Il viole mon cerveau de mots monstrueux. Je
lui ai fait perdre 6 litres de lait car je me suis échappée,
mais ce n'est pas grave, son " foutre " fera l'affaire car
c'est aussi très bon pour la peau. Il me tripote, me parle, se
branle devant moi sans que je puisse bouger. Je suis muette d'horreur,
je tourne la tête. Il me fait un cours magistral sur les bienfaits
du " foutre ", me vante son goût que je n'ai, il s'en
doute, jamais eu dans la bouche. Il me touche de partout, se branle,
s'auto-excite de ses paroles, se rapproche sans cesse de ma tête,
approche son sexe de mon visage, il est au bord de la jouissance, il
ne cesse de répéter le mot " foutre ", il se
branle, encore, et encore, je tourne la tête juste au moment où
il m'éjacule sur la figure. J'ai 15 ans.
Ce liquide chaud, visqueux, sortant de son sexe immonde, entrant dans
mes yeux, malgré la force de la pression pour les laisser fermer,
entrant dans mon nez, dans mes yeux, me collant les cheveux….J'ai 15
ans.
J'hurle de toutes mes forces, c'est insoutenable, intolérable,
je veux mourir
" DETACHE-MOI !!! "
" DETACHE-MOI !!!"
Je pleure, j'hurle, je suffoque. Nous sommes en milieu d'après-midi,
les fenêtres sont ouvertes malgré les volets tirés,
il prend peur qu'un voisin m'entende crier. C'est aussi pour cela que
je veux crier toujours plus fort, que l'on vienne à mon secours.
Satisfait d'avoir pris son pied, mais nettement vexé que je fasse
" un tel cirque ", il me détache tout en continuant
à m'humilier. Je me rue dans la salle de bain pour me laver,
je suis tellement sale !!!! J'ai 15 ans.
Ca va faire
presque deux mois que ça dure. J'ai 15 ans.
A force de jouer sans relâche depuis des semaines avec une jeune
adolescente pour lui faire découvrir les joies du sexe, un souci
le turlupine.
" tu n'as jamais tes règles ??? "
Ben …. en effet, maintenant qu'il me le dit et que je compte : J'ai
trois semaines de retard !!! En être parfaitement adulte et responsable,
il me traîne au planning familial. Je ne ressemble plus à
rien, je suis un véritable zombie, incapable de me prendre en
charge, je suis détruite. Je ne m'en étais même
pas rendue compte toute seule.
C'est un vrai " père " pour moi plaisante-t-il !!
Mon dieu !!! Je suis totalement déconnectée de la réalité
depuis quelques semaines !!! On nous accueille chaleureusement, la dame
qui nous reçoit est très gentille. Je me revois assise
à côté de lui, les mains pendantes entre les jambes,
le dos courbé, anesthésiée par cette angoisse de
ce bébé monstre qui pousse en moi, assurément.
" Vous comprenez, Madame, NOUS NOUS AIMONS PROFONDEMENT, mais ses
parents ne voient pas cette relation d'un très bon œil….."
Il me regarde pour que je confirme, ce que je fais avec les dernières
forces qu'il me reste, pour hocher la tête. Je pue la tristesse
et le désespoir, la femme me regarde bizarrement, s'inquiète
visiblement.
" s'il y a effectivement bébé, NOUS préfèrerions
ne pas le garder vous comprenez, Stéphanie est encore jeune ……pas
encore l'âge d'être mère …… "
Il est si prévenant avec moi, il utilise le " nous "
comme si lui et moi formions un couple d'amoureux, touché par
cet accident. Je le hais.
La femme essaie de me rassurer, visiblement sensible à mon air
abattu…..
" prise de sang ….si vous êtes enceinte ….aspiration car
c'est récent ……peu d'immobilisation ….direz que vous passez une
nuit chez une copine….comptez sur notre discrétion….. ".
J'écoute, abattue, je me fais faire une prise de sang dans la
foulée, les résultats seront rapides. J'ai 15 ans.
Ce soir-là,
je me revois assise par-terre, sur la moquette bleue de ma chambre.
Il fait bon, la fenêtre est ouverte. Je suis enceinte de ce monstre,
de cette pourriture, c'est sûr. Comment pourrait-il en être
autrement ?
Savoir que quelque chose de lui est en moi, tout le temps, physiquement,
ça me révulse. Je me souviens de l'expression " avorter
avec un cintre ", ça m'obsède, je veux détruire
ce nœud grouillant de cellules, cet embryon de vipères à
trois têtes, cette erreur de la nature. Dans mes pensées
les plus profondes, je ne vois pas un enfant innocent dans mon ventre,
je vois un alien jamais imaginé, même par les plus grands
cinéastes. Je suis au supplice. Je regarde le cintre en métal
que j'ai pris dans la penderie, je vais le faire….. la raison me dit
d'en avoir au moins la preuve scientifique avec de me charcuter toute
seule. J'ai 15 ans.
Je passe
chercher les résultats de l'analyse de sang : négatif
!
J' ai failli sauter au cou du premier passant, un soulagement incroyable.
Il est venu avec moi, bien sûr, en compagnon aimant !!! Il est
ravi, sourit car blanchit, en disant qu'à partir de maintenant,
on fera attention.
Hey, Non, Steph, ce n'est pas fini. Il ne va pas te lâcher comme
cela, trop facile. Tu as vu tout ce qu'il a fait pour toi. Il t'a appris
plein de choses du sexe, il est allé voir ta mère pour
pouvoir jouer en toute impunité avec toi, il te prend par la
main pour régler Tes problèmes gynécologiques,
tu lui dois tout !!!
Les jours
passent, les humiliations se poursuivent. Il me fait venir chez lui,
encore une fois, malgré mes prières pour qu'il me laisse
tranquille. La rentrée des classes est toute proche,
" ça me fera une bonne pub dans le lycée, toutes
ces belles photos… "
" tu serais mieux avec le sexe rasé, car les hommes préfèrent
en général, notamment pour les cunnilingus "
Lui, en tout cas, il préfère, donc….. Il va me préparer
à son goût, me façonner, toujours en me menaçant
avec ses clichés, toujours avec son air malsain, glacial, brutal,
médical. Je ferai mieux de ne pas me débattre et de ne
pas bouger car un coup de rasoir est si vite parti , ahahaahh !!!
Moi, je m'en fous, je ne suis plus là, je suis déjà
morte….Je me vois, comme sortie de mon corps, étendue sur cette
moquette bordeaux, lui à genoux à ma droite, s'affairant
sur mon sexe, avec son rasoir jetable, m'expliquant
" les petites lèvres… les grandes lèvres… le clitoris…
"
C'est glacial, c'est chirurgical, c'est tellement humiliant. J'ai 15
ans.
" ……. les poils…… c'est très excitant quand ça repousse….
Ne bouge pas ! je risque de te couper le clitoris "
" …Le clitoris, ah ……..Il faut que je te fasse essayer quelque
chose….. "
Content de son œuvre, il m'immobilise les jambes de ses bras, et commence
à me baver dessus afin de lubrifier tout cela !!! Il commente
toujours ses actes, avec une froideur technique et une perversité
flagrante. Et il entreprend de me lécher, d'y mettre toute sa
langue, toute sa bouche, toute sa salive, il ne s'interrompt que pour
dire comme ça l'excite, comme j'ai bon goût, surtout maintenant
qu'il n'y a plus tous ces poils. Il s'affaire, y met tout son corps
pour essayer de me faire réagir sous ses " caresses buccales
", qui devraient me faire monter au septième ciel.
" Il paraît même …que certaines femmes tombent dans
les pommes. "
" je vais te faire tellement de bien que tu vas en tomber dans
les pommes….
" je suis sûr que je peux le faire… ça m'excite tellement…..".
J'ai 15 ans.
Il va essayer le plus longtemps et le plus fort possible pour me faire
perdre connaissance. Ces stimulations physiques deviennent douloureuses
(mesdames, vous seules le savez !!), deviennent nerveusement insoutenables,
il faut qu'il arrête, qu'il me lâche, que je parte.
Mais il veut prendre mes plaintes pour du plaisir, il est persuadé
à cet instant que je prends mon pied alors que je suis en train
de devenir folle tout simplement !!!! Folle de rage, folle de toute
cette perversité, ce sadisme, cette manipulation, ce chantage.
Folle.
Je lui crie de me lâcher, d'arrêter, il me maintient au
sol de force, me mord pour que je me calme, que j'arrête de crier.
Encore une fois, il doit paniquer pour ses voisins et me laisse me relever
tout en se moquant de moi d'un air dédaigneux. J'ai 15 ans.
C'est la
rentrée des classes. J'ai 15 ans et je rentre en première
littéraire. Il ne pourra plus m'obliger à venir chez lui,
car je serai en cours !!! Comme je ne réponds plus au téléphone,
et que le week-end mes parents sont chez moi, il ne peut plus me voir.
Je crains ce petit jeu de cache-cache. Chaque jour, quand je rentre
dans le lycée, je regarde le poste du gardien, savoir s'il ne
va pas m'interpeller pour me dire que les petites garces dans mon genre
ne sont pas admises dans cet établissement, qu'il n'a pas pu
empêcher la circulation des photos, que tout le monde sait.
J'ai l'impression que tout le monde, profs, élèves, me
regardent bizarrement, je frise la parano. Mary qui a suivi de très
loin la suite des évènements puisque je n'osais même
plus lui en parler, est dans la même classe que moi. Je ne sors
jamais du lycée sans elle, ou sans être entourée
de copines, j'ai tellement peur qu'il soit sous le porche à m'attendre
!!!!
Et ce qui devait arriver, arriva !!! La cloche sonne, je me joins à
un groupe d'élèves de ma classe pour quitter le lycée
l'air de rien. Il est là, avec son clébard, un sourire
moqueur au coin des lèvres en m'apercevant. Mes copines continuent
leur chemin en me saluant de loin…un ami, sans doute !
Je feins la surprise pour ne pas perdre la face, mets sur le compte
de la reprise des cours le fait que je sois injoignable. Il se fout
de ce que je lui raconte, je ne suis rien, après tout ce qu'il
a fait pour moi, je vais devoir m'excuser…..
D'ailleurs,
Steph, comme tu lui es redevable de tout ce qu'il t'a enseigné,
tu vas le rancarder avec ta copine, la petite blonde super gaulée
qui est dans ta classe, tu sais, Katia, celle qui sortait du lycée
en même temps que toi !!! Elle est un peu moins jeune que moi
mais canon et elle doit être une vraie petite salope avec ses
shorts au ras des fesses !!! C'est vrai qu'elle ne passe pas inaperçue
Katia ! elle est belle, un peu allumeuse et très sûre d'elle
!!!
Le cache-cache
reprend. Il m'intercepte une ou deux fois à la sortie du lycée.
Je demande à Mary ou d'autres copines de m'attendre pour qu'il
ne puisse pas m'embarquer chez lui encore. Il la veut Katia et me serine
sans cesse pour savoir si je lui en ai parlée !!!
" ben je n'ai pas eu l'occasion de la voir seule ! C'est délicat
etc …."
Je mens en lui faisant croire que je rentre dans son jeu.
Bien sûr que je lui en ai parlé :
" surtout, si ce mec t'approche, fuis à toutes jambes !!!
"
Elle pige qu'il est dangereux, elle est à l'abri.
Il tente
aussi de me faire faire des trucs avec une autre de ses protégées.
Une belle brune, la vingtaine, complètement dans les vapes, tout
comme moi… L'air baba cool mais qui a abusé du pétard
et qui n'arrive pas à émerger, et cet air triste qu'elle
avait, il devait ressembler au mien d'ailleurs. Il ne parvient à
rien avec nous et sent qu'il ferait mieux de ne pas nous faire nous
revoir, car à deux on est plus fortes et je me sens soudain moins
vulnérable de l'avoir croisée. Je ne suis donc pas la
seule !!!
Je ne la reverrai jamais. C'est une copine qu'il dépanne selon
lui, elle est un peu stone car elle a des problèmes avec la drogue
et la police.
Ce même jour, j'apprends qu'il sort de 10 ans de prison !!
" qu'est-ce que tu as fait ?? "
" oh, ces flics de merde avaient planqué de la drogue chez
moi, je n'y suis pour rien "
Mais bien sûr, lui, une innocente victime !!!
En fait, j'apprendrai plus tard qu'il a passé 10 ans en taule
pour proxénétisme aggravé et détournement
de mineurs !!! Un véritable enfant de chœur !!!! J'ai 15 ans.
Son obsession
grandissante pour Katia me décharge un peu, il est moins après
moi mais j'ai des nœuds dans l'estomac chaque fois que le téléphone
sonne, je n'ose plus sortir seule de peur de tomber sur lui, je ne vais
plus dans mes cafés préférés de peur de
le croiser. Des bruits commencent à courir parmi ma classe par
rapport à ce mec avec son chien qui est à la sortie du
lycée…
Il arrive
à me choper un samedi. Il m'ordonne de venir chez lui. J'ai depuis
longtemps dépasser mes limites, c'est l'instinct de survie qui
a pris le dessus. Il me harcèle pour que je vienne.
" Je passerai en fin d'après-midi ".
Je passe l'après-midi en ville, je suis parfaitement terrorisée
à l'idée de le revoir. Je me repasse les films de ce que
j'ai subi, sous la contrainte, des atrocités endurées,
je fonce chez lui, les nerfs à vif, au bord de l'explosion.
Il est debout devant la fenêtre quand je rentre dans son studio
merdique. Il m'humilie en se foutant ouvertement de moi, ironise, se
gausse, on ne la lui fait pas à lui, pour qui je me prends à
penser lui échapper….. La rage me submerge, la fureur, une force
jamais ressentie grandit et enfle en moi, une certitude s'impose : je
vais le tuer !!! J'ai 15 ans.
Il continue
à m'insulter, à se moquer de moi, dans le seul but de
me blesser encore et toujours, il y prend plaisir….. je commence à
trembler de partout, dans ma tête, je le vois, écrasé
en bas, car je l'ai défenestré. Il est aux anges …
" oh, regardez-la, elle va pas nous faire sa petite crise de nerfs,
en plus…… "
Des yeux, je cherche sur l'étagère à ma droite
un objet pour le frapper… Pas pour le blesser et m'enfuir..
Pour le tuer .
Mon plus grand combat intérieur s'ouvre alors :
Tu veux aller en taule pour avoir tuer un homme ?
Je m'en fous, je vais le tuer.
Il n'en vaut pas la peine…..
Si, il va mourir, je vais le tuer !!
Ne rentre pas dans son jeu…..
Je vais le tuer !
Tu es en train de devenir comme lui si tu fais cela…..
Je vais le tuer !
J'ai pendant
quelques minutes connu la folie. J'ai 15 ans.
Je l'ai vu ……..
….Défenestré et étendu 3 étages plus bas,
du sang sortant de la bouche.
Je l'ai vu ……
…Etalé dans une mare de sang sur sa moquette assortie, un couteau
dans le ventre et son sexe dans la bouche.
Je l'ai vu ……
… Battu à mort, le visage écrasé sous mes coups,
son sexe dans la bouche.
Je l'ai vu ….
….Un flingue sur la tempe, l'obligeant à s'auto mutiler pour
Mon Plaisir.
Je l'ai vu …
…….des centaines voire des milliers de fois.
Mais à cet instant précis, je vais le faire.
C'était terrifiant de sentir une telle puissance et une telle
haine en soi et tellement grisant à la fois. Que la vengeance
doit être douce…..
Je suis aujourd'hui sûre d'une chose : on peut tous tuer !!!!
J'ai 15 ans.
C'est monstrueux
de se dire qu'à 15 ans, on puisse avoir de telles pensées
!!! Mais une partie de moi n'a déjà plus quinze et l'autre
y est restée bloquée, pour toujours…
Jusqu'à ce que je puisse en prendre conscience, là, en
2003, il y a une semaine.
Je hais cette gamine de quinze ans autant que je le hais, lui. C'est
pourquoi j'ai voulu la tuer ou du moins la faire taire en lui faisant
avaler ces cachets.
Qu'elle arrête de m'envoyer ces images, ces messages de détresse
et de me pourrir la vie avec ses peurs, ses angoisses, sa lâcheté,
sa culpabilité, son dégoût de soi, sa honte, ses
humiliations.
Il n'y
a pas de viol tolérable, aucun !!!
Dans mon cas, tant qu' à devoir le subir, j'aurais préféré
être violée brutalement avec des coups, du sang, des bleus
et des douleurs, un mal physique et une peur panique de l'instant. Cela
m'aurait permis de sentir le mal, de le sentir en moi, de me sentir
victime et me permettre d'être reconnue en tant que telle auprès
de mes parents, de la police.
C'est la répétition, la durée, les violences verbales,
les chocs psychologiques incessants qui m'ont meurtrie.
J'ai bien
sûr pensé de nombreuses fois au long de ces 3 mois à
porter plainte à la police. Mais j'avais tellement honte, je
me sentais incapable de justifier le fait de m'être laisser faire,
car la terreur que m'inspirait cet homme n'est pas descriptible. Il
n'y avait pas que les photos et le chantage, c'était lui qui
me terrorisait, sa perversité, son sadisme, son " intelligence
", son corps, son sexe. Tout en lui me faisait peur. Comment expliquer
cette frayeur, c'est impalpable, c'est totalement subjectif. Je ne me
sentais pas capable d'expliquer cela à un flic blasé derrière
son bureau en ferraille. Je ne me sentais pas victime, je ne voulais
pas revivre tout cela, je ne voulais m'entendre dire
" mais comment avez-vous pu accepter tout cela ……. quelles preuves
avez-vous ???
Aucune blessure physique, on m'avait vu avec lui en ville plusieurs
fois. Comment expliquer tout cela. J'ai 15 ans.
Même maintenant, je n'arrive toujours pas à me dire que
je suis la victime et non la coupable.
En réfléchissant,
cela me fait penser à nos phobies. Pour expliquer le mieux ce
que je ressentais en sa présence : imaginez-vous obligés
de passer 2 ou 3 heures dans une toute petite pièce sombre, mais
pas trop, vide et close avec votre pire phobie : une araignée,
un serpent ou un rat, à votre convenance.
C'est stupide n'est ce pas ?
Vous vous en voulez d'avoir peur de cette petite bête qui pèse
à peine le 100ème de votre poids mais qui vous terrorise.
C'est incontrôlable aussi, n'est ce pas ??
Les tremblements, le froid glacial qui vous court le long du dos, qui
tétanise vos mains et qui rend votre voix inaudible et chevrotante.
Imaginez maintenant que cette sale petite bête serait douée
de parole et prenne plaisir à vous humilier, vous prouvant à
quel point vous n'êtes rien devant elle, pourtant si petite, malgré
votre belle assurance reconnue dans les situations de la vie courante.
Imaginez-là maintenant vous touchant, vous frôlant.
C'est parfaitement répugnant, mais elle, elle aime cela, vous
devenez à sa merci, vous réagissez par des frissons, un
mouvement de recul. Mais où voulez-vous aller ?? Elle seule décide
quand cela prendra fin et vous le savez aussi.
Enfin, elle s'insinue dans tous les orifices de votre corps… comment
vous sentez-vous ?
C'était
l'ultime rencontre. Il a vu et compris que j'avais craqué !!!
En fin psychologue, il a senti que son jouet était cassé
et irréparable. Il savait que j'allais tout dire à mes
parents ou à la police s'il continuait. Je lui ai dit d'ailleurs
qu'il pouvait balancer ses photos partout, que je m'en foutais, que
j'allais tout balancer et le pulvériser.
2 ou 3
semaines plus tard, un matin, on avait cours de sport, volley pour être
précise, dans la cour du lycée. Une des étudiantes
de ma classe me demande si j'étais toujours en relation avec
le mec qui était parfois devant le lycée. Je lui réponds
non et pourquoi ?
" parce qu'il était dans le journal hier, il est arrêté
et va être jugé aux assises prochainement, tu as de drôles
de fréquentations !!! "
Je me souviens que la terre s'est mise à tourner sous mes pieds,
j'ai posé le ballon et suis allée m'asseoir sur le trottoir
devant la chapelle du lycée.
Enfin, j'ai 15 ans !!
Tellement soulagée, tellement, de le savoir enfermé !!
Tellement triste de savoir que d'autres que moi avaient subi cela aussi
!!!
Et tellement
honteuse de ne pas aller témoigner!!!!!
J'ai hésité, j'en ai vaguement parlé avec ma mère,
je ne suis pas entrée dans les détails, j'ai seulement
parlé des photos, je ne pouvais pas lui dire le reste, j'avais
trop honte, j'étais complètement bloquée. Et aussi,
je ne voulais surtout pas qu'elle s'en veuille pour l'avoir rencontré
et n'avoir pas senti le danger. Je souffrais, une victime suffisait.
J'ai voulu la préserver. Mais je me suis aperçue que,
ne pouvant en parler avec ma mère malgré notre amour mutuel,
le témoignage aux assises était au-dessus de mes forces.
Je n'ai jamais vu les photos…..
Pendant
un an environ, j'étais incapable de regarder un couple s'embrasser
à la télé ou dans la rue. Un dégoût
viscéral. Puis, je me suis remise à apprécier la
tendresse dans les bras d'un jeune puceau, je l'avais sûrement
choisi pour cela, car je savais que je ne risquais rien avec lui. Je
ne voulais et n'avais de toute façon plus rien à apprendre
sur " la chose ".
Puis, le processus inverse s'est enclenché pendant une ou deux
années.
C'était moi qui baisais, moi qui choisissais qui, quand, comment
….et je n'avais pas peur. De toute façon, mon corps était
dégueulasse, je m'en foutais. Comme si je voulais empiler les
expériences autres pour étouffer cela tout au fond de
moi et me prouver que c'était moi maintenant qui menait la danse,
comme si j'avais pris sa place. La perversité et le chantage
en moins.
Puis enfin, j'ai rencontré l'Amour. Et je me suis aperçue
que le sexe pouvait être quelque chose de merveilleux, un don
de soi et un partage tendre. Je me suis réconciliée avec
le sexe, à force d'années et d'images refoulées.
J'ai souvent
revu cet homme depuis. Une seconde, un geste, un soupir, une parole,
un mot, un regard et tout bascule et c'est toujours aussi intolérable.
Mais c'est tellement subjectif et difficile à expliquer, comme
si, pendant que vous faisiez l'amour, tout à coup, vous apercevez
à quelques centimètres de votre visage, l'objet de votre
phobie.
Certains m'ont vu les planter là sans explication, en plein milieu
de l'acte, d'autres me voient physiquement, là, mais je suis
ailleurs, dans mon passé, à souffrir, sous leur corps.
Il est
toujours là, en vous, en moi.
Je n'ai pas pu le tuer.
Je n'ai pas pu tuer la petite fille de quinze ans qui est en moi, non
qui est moi.
Alors, c'est décidé, la seule façon de procéder
maintenant est d'apprendre à vivre avec eux, à les affronter.
Reconnaître que la petite fille n'est pas coupable, qu'elle est
MOI, fauchée à quinze ans en plein élan de la vie,
qu'il lui faut juste du temps pour prendre conscience de ses blessures
et cicatriser petit à petit.
Alors seulement, je pourrais commencer à vivre.
J'ai 29 ans.
emijade7@yahoo.fr
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