Victime de lui
Email
en pied de message.
Septembre 2003
Bonjour,
je ne sais
pas trop de quelle manière commencer cet e-mail, ni même
comment exprimer le désespoir qui me pousse à vous écrire,
mais ma souffrance est vive, et votre aide serait pour moi comme une
main qui se tendrait pour rattraper en pleine chute une personne tombant
d'une falaise.
Mon histoire,
celle de ma vie, celle de ma nouvelle vie, commence le 7 juillet 2003.
Un soir,
ce lundi soir, je me trouvais à ce qui a été pendant
une courte durée mon domicile conjugal, en Angleterre. Je suis
francaise, mais je suis partie en Angleterre il y a un an pour réaliser
mon rêve d'enfant: découvrir ce pays, ses moeurs et ses
habitants, en partageant sa culture et les moments de vie qu'on pourrait
m'offrir. Mais mon rêve a été violé et détruit
par celui que j'aimais tant, celui pour qui j'avais tant souffert, celui
pour qui j'avais quitté un pays, une famille, des amis très
chers.
En une nuit, une seule, mes rêves ont été jetés
en enfer, et ma vie a basculé.
Notre dispute
a commencé ce lundi 7 juillet 2003 à 22h. Nous étions
chez "nous", nous regardions la télé. Ce lundi,
P ne travaillait pas, nous revenions d'un week end chez des amis, un
week end qui comme d'autres week ends c'était mal passé.
P ne comprenait pas mes "french attitudes", celles de faire
la bise à mes amis français pour leur dire bonjour, alors
il s'était énervé. Mais notre dispute a vite cessé,
jusqu'à ce lundi soir.
Vers 22h, il est parti acheter une bouteille de cidre blanc, et de la
Guiness, il s'ennuyait, et voulait se saouler. Je ne comprenais pas
biensûr, mais je ne voulais pas le contrarier, alors je n'ai rien
dit. Quand il est revenu du magasin, il s'est servi à boire,
et m'a servi aussi. Une pinte de cidre... Je n'aime pas boire, mais
ce soir là, après notre dispute du week end, je me sentais
mal, loin de mes amis, loin de ma famille, sans autre compagnon que
la solitude, je me suis sentie très seule, et j'ai accepté
le verre qu'il me servait.
Après quelques instants, nous sommes partis dans la chambre pour
discuter, tranquillement, de nous, de notre week end, de tout ce qui
n'avait pas plu à P.
Il m'a dit que s'il avait pu, il aurait tué mon ami français
C, que nos manières ne lui plaisaient guère. Nos manières,
notre façon de nous dire bonjour, de nous faire la bise. C'était
le premier week end où je revoyais mes amis, après plus
d'un long et pénible mois passé avec P, chez lui, chez
nous, sans sortir, puisque P avait un nouveau travail, à plus
de deux heures de route du lieu où je résidais depuis
un an. Un long et pénible mois où j'ai du me priver de
voir mes amis, pour rester dans un village de moins de mille habitants,
sans sortir, sans famille, sans personne. P travaillait de 10h à
22h, dans un restaurant du coin de la rue, alors moi je regardais la
télé, préparais à manger, attendais que
P rentre le soir et aille se coucher.
Ce soir là, notre dispute à dégénéré
pour tourner en un véritable cauchemar.
P à sorti une lettre venant de son ex petite amie, et 'a demandé
de la lire, alors je l'ai lu.
Elle, elle lui écrivait, à lui, à P, pendant qu'il
se trouvait en prison. Un choc terrible pour moi.... Cette lettre m'a
bouleversée, je ne comprenais pas, et j'ai refusé d'écouter
P à ce sujet. Il continuait à boire, puis il est parti
dans les toilettes, en pleurant. Je ne savais pas quoi faire, j'étais
choquée, blessée, démunies de toute parole. Je
réalisais que cette fille qui lui avait écrit pendant
qu'il était en prison était celle dont les photos recouvraient
les murs de notre chambre. Puis P est revenu, alors je lui ai montré
une photo de moi avec un ami, lui disant que c'était mon ex petit
ami. Voilà ce que jamais je n'aurais dû faire. Voilà
ce qui a mis celui que je considérais comme mon partenaire dans
un état de folie, ce lundi 7 juillet 2003. Il a commencé
à déchirer mes photos, ces seules choses qui me liaient
encore à ma terre natale, ces seuls souvenirs de mes amis, amis
que je n'avais plus. Puis il a sorti toutes mes affaires, il les a jeté
dehors, en m'insultant comme un maître fou insulte son chien qui
ne veut pas baisser le regard. Il m'a poussé violemment dehors,
il a fermé la porte à clé. Je ne savais pas quoi
faire, mais je savais que je me trouvais plus en sécurité
dehors que dedans. Alors je me suis mise assise sur le trottoir, en
pleurant comme pleure un enfant qui ne comprend pas la colère
de sa mère. Je savais que je devais partir, m'enfuir, avant que
la violence de ses mots devienne violence physique. Mais je n'avais
pas mon portable, je n'avais pas d'argent, tout était arrivé
si vite. Paul était en train de tout casser à l'intérieur,
de jeter mes affaires par la fenêtre, et il continuait à
m'insulter. Je n'avais pas d'autre choix que de retourner à l'intérieur,
prendre mon portable pour contacter mes amis français qui se
trouvaient à plus de deux heures de là. Je me suis donc
levée du trottoir où je respirais un instant pour retourner
à l'intérieur, mais P ne voulait pas m'ouvrir. Je lui
ai dit qu'il n'avait pas le droit de me laisser dehors, que j'allais
apeler la police s'il ne m'ouvrait pas. Alors il m'a ouvert. Tout était
cassé, toutes mes photos déchirées, et ce qui m'a
le plus blessée, c'était de voir qu'il avait détruit
un cadeau de mariage que j'avais rapporté de France pour une
de mes amies professeur qui venait de se marier. Alors je suis allée
dans le salon, où l'ouragan de violence avait tout emporté,
pour essayer de trouver mon portable. Mais il l'avait caché et
ne voulait pas me le rendre. Impossible alors pour moi de contacter
mes amis.
P a commencé à me cracher au visage, à me jeter
ses verres de bière au visage. Mes yeux brulaient de souffrance,
je ne pouvais plus les ouvrir car je portais des lentilles de contact.
J'étais terrorisée de voir celui avec qui je partageais
ma vie, celui avec qui je faisais tant de choses, se comporter ainsi
envers moi.
Puis il m'a dit que le jour où j'avais tenté de me suicider,
je n'aurais jamais du me manquer. Je lui ai répondu de ne pas
parler de ce qu'il ne connaissait pas, qu'il ne savait pas pourquoi
j'avais fait ça. Il m'a dit : "biensûr que je le sais,
tu es une grosse putain, et tes parents ne t'ont jamais aimé."
Je me suis sentie blessée, bien plus par ces paroles que par
l'alcool qui me brulait les yeux. Alors je l'ai claqué, en y
mettant toute ma force. C'est alors qu'il m'a jeté au sol, et
m'a mordu au bras droit, oui, il l'a fait, c'est à ce moment
qu'il a franchi le cap, à cet horrible moment qu'il a touché
mon corps, pas comme il avait l'habitude de le faire, mais violemment.
Mon bras été gonflé, et je saignais. Depuis, je
porte encore cette marque, celle de ses dents, sur mon bras droit, pour
me rapeler la violence de cette nuit.
J'ai eu très mal, je tremblais de terreur, je ne pouvais plus
bouger. L'animal avait fait de moi sa proix. Les hurlements provoqués
par la douleur l'ont plongé dans un état de démence,
ce n'était plus lui. Il a écrasé ses mains sur
mon visage, en me disant : "si tu ne fermes pas ta putain de sale
gueule, je te tue, car je ne veux pas retourner en prison pour une connasse."
J'étais tétanisée, la pression de ses mains sur
mon nez et ma bouche m'empéchait de respirer, et je ne pouvais
plus crier.
Alors il m'a laché, je faisais une crise de tétanie. Cet
homme qui était en train de faire de moi sa victime était
aussi celui que j'aimais.
Je suis restée un long moment au sol, sans avoir la force de
bouger, ni même le courage de crier. Il me dominait du regard
en me répétant qu'il allait me tuer si j'essayais d'alerter
quelqun.
Après de longues et éternelles minutes de souffrances
physique et d'incompréhension totale, je me suis remise à
lui parler, mes membres tremblaient, comme la terre qui tremble après
un violent tremblement de terre. Je lui ai demandé mon portable,
il l'a sorti de sa poche et l'a cassé en deux, d'une seule main,
en me disant que j'étais foutue.
Je n'avais plus qu'une seule chance : essayer de m'enfuir par la porte
qui mène au jardin. J'ai courru, en lui disant : "je sais
pourquoi tu es allé en prison, tu as tué quelqun, tu es
un assassin." Il m'a attrapée, jeté dans la cuisine,
frappé à coups de poing au visage. Mon corps alors si
fragile s'est abattu sur le sol, mon visage était en sang, et
mon âme déchirée. Il m'a frappé la tête
contre le sol, et il a recommancé à m'empécher
de respirer. Je n'en pouvais plus, j'ai alors cru que j'allais mourir.
Après des secondes interminables il m'a laché, il me terrorisait
du regard, et me menaçait de me tuer. Je suis restée une
demie heure, peut être plus, peut être moins, accablée
de coups et tâchée de sang, sur le sol de la cuisine. Lorsque
je suis parvenue à me relever, il me suivait partout. Je savais
que si je ne m'enfuyais pas, j'allais mourir, mais je savais aussi que
si j'essayais de m'enfuir une fois de plus, il me frapperait encore,
sans me lâcher cette fois. Il n'arrêtait pas de me répéter
qu'il ne voulait pas retourner en prison.
Il est allé dans la chambre et il m'a demandé de le suivre.
J'ai pris le mirroir qu'il avait cassé sur le sol, ce visage
n'était plus le mien. Un visage taché de sang, aussi blème
que le visage d'un défunt.
La fenêtre était ouverte, il était assis sur le
lit, sa tête entre ses mains. Je ne pouvais plus rester dans cet
enfer, alors j'ai enjambé la fenêtre. Mais biensûr
il m'a rattrapé, et cette fois il m'a étranglé,
en hurlant : "je te casse le cou, je te tue, je t'avais prévenu,
je ne veux pas retourner en tole."
Mon regard le suppliait de me lâcher, mais il ne me lâchait
pas. J'ai pensé à mes parents, me disant que jamais plus
ils n'allaient me revoir, et que personne ne saurait ce qu'il m'était
arrivé. Mon souffle s'est arrêté, ma tête
à frappé me mur, je ne respirais plus.
P m'a lachée, et a commencé à pleurer. Il ne pleurait
pas parce qu'il regrettait ce qu'il venait de terminer, mais il pleurait
parce qu'il ne voulait pas retourner en prison.
Une seconde de plus, et je mourrais. Je ne ressentais rien d'autre que
de la terreur, et qu'une horrible envie de vomir. Après avoir
embrassé ses lèvres brulantes, j'avais embrassé
la mort.
Plusieurs minutes se sont passées avant que je reprenne mon souffle
et ma respiration, mon corps reposait sur le sol de notre chambre, ce
lieu devenu notre cimetière.
J'ai réalisé que j'avais épuisé toutes mes
chances, et je ne pouvais plus tenter de m'échapper.
Alors j'ai pris P dans mes bras, il pleurait. Je voulais lui donner
confiance afin de m'échapper plus tard. Il était 7h du
matin, il n'y avait personne dans la rue, je venais de froler la mort,
et mon corps était épuisé.
Je l'ai rassuré en lui disant que j'allais rester à la
maison pendant plusieurs jours sans sortir, que personne ne verrait
mes coups, que je n'irai pas voir la police, qu'il ne retournerait pas
en prison.
3 heures plus tard, P est parti aux toilettes, c'était une chance
pour moi. Une dernière chance. Je n'y ai pas réfléchi
très longtemps : "tu pars en courant et tu trouves quelqun
dans la rue pour te sauver, ou tu restes et il te tue demain."
Alors je me suis enfuit, pour me réfugier dans un magasin. Je
ne voulais pas dire ce qu'il m'était arrivé, j'avais trop
peur qu'il arrive et me tue.
La police est arrivée, P s'est fait arréter au même
moment.
Après
de longues heures passées au poste de police, et sans avoir dormi
depuis plus de 36 heures, je suis allée à l'hôpital.
P devait
comparaître au tribunal le vendredi 11 juillet de cette même
semaine, mais il ne l'a pas fait. Il est désormais recherché
par la police anglaise au niveau national, et moi je suis de retour
en France.
J'ai attendu 3 semaines avant de revenir en France, je n'avais pas la
force d'en parler à mes parents.
Je me retrouve loin de mes rêves, loin de tout. Mes somnifères
m'aident à dormir quand la douleur est trop vive.
Je ne serai pas en mesure de reprendre mon poste à l'école
en Angleterre à la rentrée, et mes anti dépresseurs
m'aident à tenir le coup, le psychiatre aussi.
La marque de ses dents sur mon bras est toujours présente, 6
semaines plus tard, et je souffre d'une luxation de la mâchoire.
Mais mes douleurs physiques ne représentent rien comparées
à la souffrance intérieure. Il a détruit mes rêves
et assassiné mon âme, en une nuit, une seule.
Nous devons comparaitre en cour royale de justice en Angleterre, une
fois qu'il sera retrouvé. Il continue de me harceler au téléphone
en disant qu'il porte une arme. Ma ligne a donc été coupée.
S'il vous
plaît, publiez mon témoignage, je vous en donne l'autorisation.
Je vous en prie, publiez le, pour moi, pour ma fierté perdue,
pour des milliers de femmes.
J'écris
énormément depuis ce traumatisme, et j'aimerais vivement
faire part de mes écrits aux personnes intéressées.
J'aimerais également recevoir des conseils, autant sur le plan
juridique que psychologique.
Mais je vous en supplie, publiez cet e mail, il sera pour moi le signe
d'une première victoire, et autorisez l'affichage de mon adresse
:
victime.delui@laposte.net
Merci infiniment,
une femme parmi tant d'autres.
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