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C'est si difficile d'en parler

Email en bas de page. Réservé aux femmes victimes de viol. Merci de respecter cette condition.

J'ai 33 ans, et à l'âge de 15 ans, je me suis laissée malmenée sexuellement par une bande de copains de lycée, qui m'avaient tendue un piège chez l'un d'eux, un samedi après-midi, prétextant une fête entre copains : je me suis trouvée seule fille au milieu de six jeunes garçons. J'ai d'abord ressenti comme un profond malaise, et quand l'hôte des lieux m'a obligée à m'allonger sur son lit, puis m'a pénétrée, je me suis laissée faire (aujourd'hui encore, cela me met en colère contre moi-même) sans être capable de lui dire non.
Depuis ce jour, et depuis une deuxième tentative de leur part d'une autre nature, un après-midi où ils sont arrivés par surprise chez un autre de mes copains avec qui je travaillais, et où cette fois j'ai réussi à partir avant leurs abus (pleurant, et me faisant insulter par eux), ma vie est comme une succession de périodes de dépressions et d'acalmies, avec une sensation perpétuelle d'être spectatrice de mes émotions, des évènements de ma vie, et de tout ce que les gens "normaux" et "moins idiots" (ceux qui savent dire "non") vivent en ayant l'air de s'en contenter.
Je n'ai jamais réellement fait le lien entre ma "nature dépressive", mon agressivité, mes indifférences envers les autres qui font fuir tous ceux et celles que j'approche et ce viol, que je n'avais jamais considéré d'ailleurs comme un viol jusqu'au choc de la lecture de l'article 222.23 du code pénal qui dit que tout acte de pénétration ... fait sous la menace, la contrainte, la violence ... est un viol qui s'est affiché sur les écrans de télé à l'occasion d'un reportage sur le sujet et diffusé dans Envoyé spécial jeudi dernier [le 12.10.00 NDW], j'ai tout à coup repensé à ce samedi où ma vie a basculé dans un autre monde et j'ai eu aussitôt la sensation qu'il s'agissait bien d'un viol dont j'avais été purement et simplement victime, même si je connaissais mes agresseurs, même si je n'étais pas ressortie pleine de bleus.
Mais aujourd'hui, je dois admettre que ma dégringolade scolaire en seconde (qui est passée inaperçue aux yeux de mes parents, car ne faisant plus rien à l'école, je continuais à être moyenne ou bonne élève) puis ma dépression latente qui dure toujours, puis ma parano excessive avec les hommes, et tous mes échecs amoureux, puis le mépris de moi-même, puis l'incapacité que j'ai toujours, il me semble, à parler de mon ressenti sans m'emporter, pleurer ou crier, puis enfin la peur qui reste collée à mon être vis à vis des hommes, et même des hommes jeunes (je suis prof en lycée aujourd'hui et incapable de regarder les garçons sans méfiance !) puis un divorce dans une grande violence de la part de mon ex-mari, puis les humiliations d'un amant qui m'a utilisée comme un simple objet avant de me laisser tomber, et enfin le tort et le manque de considération que je fais à mon tour subir à mon conjoint présent, pourtant sans aucun doute le seul qui sache me montrer patience et affection, tout ceci aujourd'hui semble avoir une explication autre que ce que je pensais être dû à une négligence affective familiale (étant 5ème enfant d'une famille de 7, juste avant une petite soeur très malade qui demandait toute l'attention de mes parents, que j'ai été chercher auprès de mes institutrices, de mes profs et plus tard des garçons).
En thérapie depuis 3 ans, je n'ai pas abordé cet événement avec mon psy, car j'ai peur de le faire, me sentant totalement coupable de ce crime. Je ne le ferai pas avec lui car je déménage dans 2 semaines, mais je ressens un grand besoin de rencontrer d'autres femmes ayant été victimes de ce genre de choses, et je cherche une association en région parisienne où je puisse parler, écouter, me débarrasser enfin de ce fardeau vieux de 17 ans ... et qui me hante en fait toujours autant.
Merci de votre considération.

Merci de votre réponse.
Je veux bien que soit publié mon témoignage "c'est si difficile d'en parler". J'ai créé une boîte aux lettres anonyme (explications à ce sujet ici. NDW) par laquelle j'aimerais beaucoup pouvoir échanger mes sentiments avec d'autres femmes.
Comment rentrer en contact avec elles ?
Ma nouvelle adresse email est : belene.minu@laposte.net
Celle-ci peut être diffusée par vos soins, si elle me permet d'avoir contact avec d'autres victimes de viol. Un témoignage en particulier "je me sens sale et sordide" m'a touché, et j'aimerais pouvoir en discuter avec la victime.
Merci de votre aide.

Pour écrire directement à "belene.minu", cliquez ici.

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