Blessée
dans mon corps et dans mon âme.
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anonyme en bas de page.
Bonjour,
j'ai 27 ans je suis mariée depuis 7 ans mon mari m'a frappé
violemment le 14/05/01 j'ai l'oeil au beurre noir, des points dans la
bouche et au dessus de la lèvre, un ensemble d'hématomes
sur le visage et sur le corps. Mais la blessure la plus dure a supporté
est morale.
J'en ai parlé avec lui hier il me dit qu'il regrette et que ça
ne se reproduira plus mais comment faire pour le croire je souhaiterais
savoir si il a un moyen de lui faire confiance, ou encore des lieux
ou l'on peut parler de ce qu'il nous est arrivé.
Ce soir là, lui et moi sommes rentrés creuver du boulot
j'étais plutôt mal du fait non seulement qu'il n'en fiche
pas une à la maison mais aussi pour plein de choses. Il sentait
que j'étais énervée mais je suis allée chercher
le pain et j'étais encore plus énervée contre lui.
J'ai l'impression de tout devoir assumer il ne sait pas ou sont les
choses à la maison du quotidien.
Bref j'ai claqué la porte de notre chambre il est rentré
en furie m'a donné un coup dans le dos et a essayé de
m'étrangler. Sa soeur nous a séparés et j'ai alors
voulu lui parler et là je ne me suis pas controlée je
lui ai mis une gifle.
Il ne l'a pas admis et m'a envoyé une droite, KO. J'ai pris d'autres
coups avant de réaliser que je saignais. Je ne sais pas vraiment
ce qui m'a pris de le gifler mais je me sentais si humiliée rabaisser
que je n'ai pas pu me contrôler. Ce geste de ma part m'a fait
qu'envenimer les choses dans un sens, mais est ce que pour autant il
avait le droit de me frapper ?
J'ai appris qu'il avait déjà eu des problèmes au
lycée il avait frappé plusieurs camarades pendant ces
moments là il me dit qu'il ne réalise pas se qu'il se
passe il voit tout noir.
Je ne sais pas si je peux espérer que notre vie redevienne comme
avant pour l'instant nous faisons chambre séparé.
Dimanche dernier nous sommes allés à Disneyland, on a
passé l'aprés midi à s'embrasser comme des ados
je ne comprends pas.
Il sait que pour l'instant je n'ai pris aucune décision il m'a
dit qu'il acceptera ma décision sans broncher même si je
demande le divorce. J'y ai réfléchi mais pour l'instant
je suis trop en colère pour prendre une décision saine
pour moi et pour lui.
Merci de votre attention, écrire ces lignes m'a fait du bien.
Cordialement,
li.avril
Bonjour,
La gifle que vous lui avez infligée ne justifie en aucune façon
la violence des coups que vous avez reçus. Quels que soient les
décisions que vous prendrez, j'espère que vous avez fait
établir un certicificat d'ITT (lire
ici), sinon faites le en le demandant au médecin qui vous
a reçu et soigné. Peut-être que vous ne l'utiliserez
jamais ... mais vous pourriez à l'avenir amèrement regretter
de ne pas l'avoir fait établir. Mettez le en lieu sûr.
Bien sûr que l'idéal est d'éviter la violence, y
compris de votre part, mais autant une gifle, en tant que geste isolé
d'énervement, est "compréhensible", autant une
telle violence n'est pas supportable : la force d'un homme surpassera
toujours celle d'une femme ; son usage est aussi disproportionné
qu'illégitime, quelle que soient les raisons invoquées.
Par ailleurs, l'absence ou le manque de contrôle ne peut être
- en aucun cas - une circonstance atténuante, au contraire :
c'est inquiétant pour l'avenir.
Les problèmes de partage des taches domestiques que vous évoquez
est malheureusement un classique : cela n'excuse rien et vous pouvez
réclamer légitimement de votre compagnon qu'il prenne
en charge la moitié de celles-ci, sinon au moins une partie.
Vous êtes allés à Disneyland et vous vous êtes
embrassés comme des ados : la violence masculine, en tant
que tentative d'emprise sur l'autre, est construite en cycles. Je ne
peux préjuger de la situation mais je vous recommande de lire
attentivement cette
page. Vous verrez que, à quelques détails peut-être,
ce que vous avez vécu ressemble étrangement à ce
qui est décrit ... Soyez donc prudente et ne vous laissez
pas "berner" trop vite par une "lune de miel" ...
passagère.
Vous pouvez parler de votre situation en consultant une conseillère
conjugale ou un(e) psychologue. Vous obtiendrez des renseignements auprès
de SOS Violence Conjugale au 01.40.33.80.60 en fonction de votre
lieu de résidence ou auprès d'un Centre d'Information
Droits des Femmes (regardez
ici). Si votre mari acceptait de faire la démarche avec vous,
ce serait formidable ; s'il refuse, ce n'est pas un bon pronostic.
La violence n'est pas inéluctable, vous devez la refuser à
tout prix ... et préparer votre avenir, qu'il soit fait
avec votre compagnon ou pas.
N'hésitez pas à me réinterroger.
Cordialement,
Yves Lambert
Bonjour,
Tout d'abord merci d'avoir répondu aussi rapidement, dans un
premier temps je souhaitais vous dire que j'ai fait établir un
certificat de l'hôpital, par la suite je me suis rendue au commissariat
où j'ai déposé une main courante, ceci n'entraine
aucune poursuite contre mon mari mais je pense que c'est déjà
une protection au cas ou cela recommencerait. La policière a
été très compréhensive je m'y suis rendue
dans la nuit j'ai déposé ma plainte, remis le véhicule
familial à sa place pour me rendre à l'hotel à
coté de chez moi, il était complet. Je les ai recontacté
et il m'ont emmené dans un hotel formule1 pas très loin
de mon domicile. Je dois dire que cet acte m'a donné une autre
image de ces braves gens.
Je n'ai rien contre le fait que vous publiez mon témoignage,
la seule chose importante à mes yeux est de garder mon anonymat
car personne, et surtout pas mes parents ne doivent savoir ce qui s'est
passé car mon père réagirait peut être très
mal. Je me suis mariée à 20 ans l'année de
mon bac, pour eux c'était trop tôt.
J'en ai tout de même parlé a mon frère qui a trouvé
cela tout à fait anormal. Cependant j'ai ouvert une autre adresse
Email li.avril@laposte.net.
Vous pourrez ainsi mettre mon mail.
D'autre part, je tenais à vous dire d'une part que c'est mon
mari qui m'a demandé de prendre vos coordonnées car nous
sommes allés à l'hôpital ensemble pour que je fasse
des examens au niveau de ma tête suite à des nausées
et des mots de tête importants. Résultat il a vu l'affiche
en salle d'attente et m'a demandé de prendre les coordonnées.
Je pense qu'il a pris conscience de ce qui s'est passé. Il est
d'accord pour venir avec moi chez un psychiatre à coté
de notre domicile.
Je reste tout de même vigilente et nous faisons pour l'instant
chambre à part ce qu'il a accepté sans broncher. Une chose
est importante est d'en parler soit avec ses amis ou sa famille ou le
principal concerné si possible, surtout calmement. La première
journée qui a suivi cette violence j'étais sous le choc
et je pleurais toute seule. Par la suite, j'ai voulu en parler je me
suis donc servi d'internet et de ma parole pour en parler à mon
mari et mon frère. Il ne faut pas rester seule face à
ça, la violence est inadmissible quelque soit le contexte.
J'ai rendez-vous mercredi matin avec un psychiatre avec mon mari. Je
vous enverrai certainement de mes nouvelles car même si je m'exprime
à travers des mots écrits je trouve ça plus facile.
Merci encore pour votre site qui est vraiment génial et merci
d'être à notre écoute
li.avril@laposte.net
Bonjour,
Tout ce que vous m'expliquez est plutôt positif, y compris - surtout
- l'attitude de votre mari à la suite des événements.
Vous avez bien fait de faire établir un certicficat, de même
pour la main courante. Ce sont des précautions indispensables.
C'est évidemment une excellente chose qu'il vienne avec vous
voir un psychiatre.
Merci pour vos félicitations : elles nous font chaud au coeur.
Un petit détail sans importance : l'affiche que vous avez dû
voir à l'hôpital présente le numéro d'urgence
de SOS Femme Violence Conjugale (Cf. ma première réponse
...), que vous pouvez aussi trouver sur notre
site ; il s'agit d'une autre association vers qui nous orientons
fréquemment ; nos "noms" sont très similaires
(notre propre association s'appelle SOS Femmes Accueil), c'est un hasard.
N'hésitez bien sûr pas à me donner de vos nouvelles,
je serai heureux d'en avoir.
Cordialement,
Yves Lambert
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