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Comment protéger ma fille des violences de son père ?

Janvier 2002

je viens de lire un certain nombre de messages, avant de me décider à vous écrire.
j'ai 35 ans, deux filles de 8et 6 ans d'une première union, et vis actuellement avec un homme qui me fait oublié peu à peu ce que j'ai vécu.
je dois dire que pour moi, c'est un véritable ré-aprentissage, et que aujourd'hui encore, après trois ans et demi de vie commune, j'ai encore parfois des réactions liées à ce que j'ai vécu avant.
je suis séparée du père de mes filles depuis novembre 97. quand je suis partie, c'était seule, car il avait réussi à me convaincre que je le turais si je partais avec les filles. ce que j'ai vécu avant cette séparation, c'était des agressions verbales quoptidiennes, un éloignement de mes amis et de ma famille, de la suspicion constante, et des rapports sexuels contraint. il disait "qu'il y avait droit".
après mon départ, j'ai trouvé un appartement, mais il avait les filles et voulait les garder. sur conseil de mon avocate de l'époque, je suis retournée avec lui, dans le but de repartir avec les enfants. cette période a été très dure. il avait déménagé, j'habitais avec lui, mais je n'avais pas les clés, et quand je rentrais le soir, je n'étais jamais sure qu'il m'ouvre. il disait parfois qu'il "me laissait ma soirée", et donc que je ne devais pas rentrer. il faisait alors des allusions très explicite sur le fait que je ne devais pas me plaindre, puisqu'il me laissait me faire sauter ailleurs, la seule chose, c'était que lui décidait quand.
en avril 98, je suis repartie un matin avec mes filles dans mon ancien appartement. et là, j'ai fait la bétise de déménager à mon tour pour répprocher les filles de leur père. je me suis retrouvée sur la même commune que lui.
je vous passe les détails, mes après plusieurs années de procédure, en juin 2001, je me suis entendu dire par le juge qeu la garde des filles serait alternée, et que je ne devais pas quitter la région Ile de France.
mon compagnon actuel m'a beaucoup soutenu.
actuellement, comme leur père n'a pas déménagé pour se rapprocher de chez moi (j'ai re-déménagé pour vivre avec mon ami), malgré l'engagement qu'il avait pris devant le juge, les filles sont les jours de classe avec moi, et les autres jours avec leur père. je ne les vois donc jamais le week end, sauf durant les vacances scolaires. la situation est dure, mais je fais ce que je peut pour soutenir mes filles.
je n'ai jamais porté plainte. j'ai juste une fois fais une main courante. de toute façon, il n'a jamais rien fait devant témoin. mais aujourd'hui, ma préoccupation est toute autre. j'ai toujours dit que je ne voulais pas oublier, à cause de mes enfants, et les problèmes commencent à se poser. les pressions qu'il m'a fait subir durant des années (pressions psychologiques, insultes, colèretrès fortes) commencent à se reporter sur ma fille ainée, 8 ans, qui ne peut pas faire face.et ça, il est hors de quesiton que je l'accepte. alors je me dis que si j'avais porté plainte, il aurait déjà un dossier, et que je pourrais aussi faire valoir les violences que ma fille subit.
je ne sais pas trop par quel bout prendre le problème. pendant combien de temps après une séparation ( en 97),(nous avons vécu 6 ans ensemble sans être mariés) peut on porter plainte, et avec quelle qualification?
il a toujours réussi à retourner le problème et à me faire passer pour la mauvaise et la folle, et il peut rester cohérent et convainquant durant très longtemps (3 heures et demi, d'après un chronométrage fait un jour par mon frère). aujourd'hui, je crains de ne pas être entendue, mais je dois faire quelque chose pour mes filles. je suis prête pour celà à subir des question, des entretients, et même des expertises s'il le faut. je sais, moi, ce que j'ai subit, mais comment faire pour que cela ne reste pas letre morte.
merci de me répondre.
vous pouvez publier mon message, mais pas mon adresse email.

Bonjour,
D'un point de vue pénal, une plainte pour violences à votre encontre serait immédiatement classée d'abord parce que les seuls faits qui puissent être sérieusement poursuivis (pénal) sont les coups et blessures et ils sont prescrits après trois ans, ensuite parce que vous n'êtes pas en mesure - compte tenu de l'ancienneté des faits - de fournir un certificat médical.
Par ailleurs, je crois comprendre que vous n'avez pas utilisé ces faits contre votre ex-mari dans le cadre d'une procédure civile (divorce).
Néanmoins, vous pouvez agir pour protéger votre fille. Vous pouvez à tout instant demander au juge des affaires familiales une révision des conditions de visite et de garde : vous pouvez même aller jusqu'à demander que, compte tenu du contexte, le père ne bénéficie plus que d'un droit de visite encadré, qui s'exercera en lieu neutre sous le regard de travailleurs sociaux.
Il est clair que de pouvoir maintenant démontrer les violences que vous avez subies par le passé peut aider à éclairer le juge mais ce ne sera pas suffisant. Le mieux serait de pouvoir présenter des témoignages (modèle). Il est possible que le juge diligente une enquête sociale. Il est peu probable qu'il aille jusqu'à demander une expertise psychologique mais des éléments que vous apporteriez peuvent l'en convaincre. Compte tenu de la complexité du dossier, vous auriez tout intérêt à ce que vos intérêts soient défendus par un avocat.
Enfin, votre fille peut être entendue ... mais pas nécessairement. Le juge n'est tenu d'entendre les enfants que quand ils ont 13 ans. En dessous, c'est à lui de décider de l'utilité d'une telle audition, notamment en vertu des conséquences que cela peut avoir sur l'enfant.
(Je publie notre échange sans votre adresse électronique et "anonymisé", je pense qu'il peut intéresser d'autres personnes.)
Cordialement,
Yves Lambert

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