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Je me sens un peu perdue ...

Email au pied du message.
Mars 2003

Bonjour,
C'est pour moi assez difficile d'écrire tout ce que je pourrais dire sur les sujets traités.
Je voudrais commencer par le début et c'est plutot douloureux pour moi. Et je ne sais pas où vraiment cela commence.
Ma mère a été violée la plupart du temps par mon père à partir du lendemain de son mariage.
J'ai été conçu lors d'un de ces viols.
Ma mère a voulu m'avorter en utilisant des aiguilles. (pas encore prouvé, seul mon corps parle)
Mon père a violé ma mère alors qu'elle était en train d'accoucher de moi, ses contractions étaient bien avancées et elle voulaient partir à la maternité mais mon père ne l'a pas entendu de cette façon.
J'ai subi la maltraitance physique et psychologique de la part de mes deux parents pendant tout mon enfance et mon adolescence. (tout comme mes frère et soeurs)
Mon père violent, ma mère cruelle.
J'ai vu ma mère humiliée en permanence par mon père, ils se disputaient sans cesse tous les jours.
J'ai du défendre un jour ma mère de la violence de mon père (à 14 ans), j'ai utilisé ce jour là une énergie phénoménale et suis restée prostrée pendant plusieurs heures sans aucune aide de personne. Ma vie a basculée dangereusement à partir de ce moment là.
J'ai subi un abus sexuel dans le métro à 16 ans de la part d'un homme d'un cinquantaine d'année à la vue de nombreuses personnes dont aucune n'a bougé pour moi. J'ai subi des attouchements sexuels et ce type m'a embrassé dans ma bouche. Je n'ai rien dit à personne.
J'ai été hospitalisée de nombreuses fois en hopital psychiatrique pour automutilation, tentatives de suicide, dépression, crises de nerfs et je ne sais quoi...
Mes parents m'ont jeté à la rue quand j'avais environ 20 ans.
J'ai subi une abus sexuel de la part d'un policier, c'est un horrible souvenir qui me dégoute profondément. J'étais en crise et les policiers sont venus pour m'emmener à l'hopital psychiatrique. Ils m'ont menotté et m'ont bloqué les jambes par un système métallique qu'ils ont dans leur véhicule. J'étais allongée les mains dans le dos et les pieds bloqués. Arrivé à l'hopital ils sont tous descendu du car sauf un qui est resté et qui a pratiqué des attouchements sur moi, et a introduit sa langue dans ma bouche. Je n'ai rien pu faire ni rien pu dire. J'ai tout simplement oublié. Cela m'est revenu l'an passé lors d'une de mes séances de thérapie.
J'ai passé toute ma vie à essayer de comprendre pourquoi à moi, pourquoi je suis comme je suis, pourquoi j'ai vécu ce que j'ai vécu. Je me suis senti coupable toute ma vie jusqu'à l'an passé, coupable d'etre vivante sans comprendre pourquoi.
Durant toute mon adolescence mon corps a exprimer ce que j'avais vécu et personne n'a entendu, personne n'a compris, meme pas les psy.
L'an passé j'ai compris que j'avais déjà eu un très mauvais départ, jamais parlé. Mon corps a passé de nombreuses années à exprimer ce que j'avais subis depuis ma conception, certains faits on été confirmé certains autres non. Je ne peux pas obliger mes parents à dire.
Je suis là, je vois mon père et il me dégoute, je n'ai plus rien à lui dire.
J'ai peu de contact avec ma mère.
Je me demande ce que je peux faire de tout cela, de toute cette histoire qui est la mienne et que je ne peux pas changer. Je suis dégoutée.
Je viens de comprendre à quel point mon père a agit de façon criminelle, qu'il est un criminel. Et cela me dégoute encore plus.
C'est trop pour moi.
Actuellement je vois une thérapeute depuis 3 ans et demi et cela m'aide énormément. Je pense avoir un trouble de la personnalité et n'ai pas une vie "normale" meme si j'ai tout de meme réussis à trouver une place dans cette société tout en me sentant à la marge.
J'élève seule mes deux enfants qui sont ados et là c'est une réussite pour moi parce que j'ai rompu l'enchainement des générations passés en ce qui concerne la maltraitance, nous sommes tous les trois en grande confiance les uns pour les autres.
Aujourd'hui je peux dire que je suis là avec mon histoire, je suis fragile et je sens la colère monter, j'en veux à la société entière de m'avoir laissée dans une telle souffrance, de n'avoir rien fait pour moi. Je ne trouve pas normal d'avoir passé 43 ans de ma vie à souffrir autant.
J'ai envie de porter plainte contre tout le monde. Je suis quelque peu révoltée meme si cela ne se voit pas.
J'aimerai que ce que j'ai vécu puisse ne plus jamais se reproduire. J'ai trop souffert.
Je suis là et je ne sais pas quoi faire de ça. J'ai commencé à écrire des chansons, un livre, des poésies.
Je suis un peu abasourdi, j'ai besoin de demander réparation mais que penser quand il s'agit de son père... trop de morale derrière tout ça...
Je me sens un peu perdue...
Merci
Ellof

Bonjour,
Je ne sais pas trop quoi vous répondre ni comment vous aider.
Votre parcours fait penser à celui de Marie Cardinal qui a écrit "Les mots pour le dire" : l'avez-vous lu ? C'est en faisait sa thérapie qu'elle a découvert que sa mère avait tout fait pour avorter d'elle, sans y parvenir.
Souhaitez-vous que votre message soit publié ici avec votre adresse électronique ??
Cordialement,
Yves Lambert

Bonsoir Yves,
Je vous remercie de votre attention.
Oui j'ai lu "les mots pour le dire" de Marie Cardinal lorsque j'avais 17 ans, quand son livre est sorti.
Ce livre m'avait donné espoir, comme une porte de sortie au milieu de mon désespoir, du marasme dans lequel j'étais.
A la suite de cette lecture, j'ai demandé à mes parents à voir un psy, ce qu'ils ont refusé dans un premier temps. Son histoire m'a permis de comprendre que tout n'était pas joué, qu'il pouvait y avoir une sortie. C'est un livre plein d'espoir.
Et je l'ai relu l'an passé, comme un besoin soudain de devoir relire ce livre. Mon corps à réagi fortement lorsque j'ai relu le passage dans lequel elle raconte comment elle a su que sa mère enceinte avait voulu la tuer.
C'est vrai que le corps parle énormément, il suffit d'etre à son écoute et de l'entendre.
Je suis d'accord pour que mon témoignage soit publié sur votre site avec mon adresse électronique mais je vous demande de modifier mon nom à la fin du message et de le remplacer par Ellof.
Actuellement je suis abattue. Ce que nous vivons encore maintenant mes frère et soeurs et de l'ordre d'un drame familial qui n'en finit pas. Chacun d'entre nous à son histoire particulière à partir d'un vécu commun. Nos histoires se ressemblent dans le sens que notre santé est fragile, que nous avons vécu des accidents, que nous vivons en ayant des difficultés d'adaptation, des difficultés relationnelles. Les thérapies que chacun a entrepris de son coté nous aident tous mais nos ames sont meurtries et les souffrances encore présentes. C'est vraiment difficile.
Les conséquences des violences que nous avons subies et dont nous avons été témoins sont terribles et si injustes...
J'aimerai savoir comment je peux dénoncer tout cela sans avoir à me cacher, sans risquer d'etre jugée comme attentant à la vie privée de mes parents.
Je trouve injuste d'avoir vécu tout cela et de me sentir obligée de me cacher, je trouve cela insupportable, comme si finalement j'étais coupable. Pourtant je suis grandement concernée par cette histoire, c'est aussi ma vie privée. Et c'est moi qui souffre.
Mon père lui est bien tranquille, il ne se pose pas de question, il n'a meme pas idée de ce qu'il a fait à ma mère, à nous: ses enfants.
Je ne peux pas comprendre ça? Comment je peux comprendre ce qu'il a fait?
Je ne sais pas.
Ellof

ellof@noos.fr

Bonjour,
Vous ne pouvez pas dénoncer vos parents et ce qu'ils vous ont fait subir - en tous cas sans préserver leur anonymat. Juridiquement, le problème tient moins de l'atteinte à la vie privée que ... de propos diffamatoires. Autrement dit, ils pourraient se retourner contre vous.
Par ailleurs, toujours d'un point de vue juridique - donc "froid" - il n'y a pas de délit constitué à votre égard ...
N'attendez donc rien de la justice de ce point de vue.
Néanmoins, vous pourriez utilement interroger la juriste (gratuit) du CIDF le plus proche de chez vous. Adresses : http://www.infofemmes.com/Adresses.html
Cordialement,
Yves Lambert


Merci Yves pour ces renseignements.
La loi m'attriste énormément parce qu'il m'a fallu 43 ans pour découvrir ce que j'avais réellement vécu depuis ma conception, pour comprendre. Alors c'est sur il n'y a rien que je puisse prouver. Ma mère a parlé il y a seulement 7 mois.
Je ne peux que constater les dégats que cela a causé en moi dans la construction de ma personnalité, tout au long de ma survie.
Je ne peux que constater mes années de souffrance, mes nombreux séjours en hopital psychiatrique, mes dépressions.
Je ne peux que constater les maltraitances , les agressions sexuelles subies dans le passé.
Je me sens etre une victime sans voix parce que finalement mes parents pourraient se retourner contre moi et avec mon passé psychiatrique et mes dépressions toujours d'actualité il leur sera très facile de me faire passer pour malade.
Vivre pour moi est vraiment difficile, je n'ai réussis qu'à survivre jusqu'à aujourd'hui.
Ellof

ellof@noos.fr


Bonjour,
Je comprends ... En effet, vous faites partie des victimes à qui on ne pourra rendre justice de ce qu'elles ont subi ...
J'espère que vous vous en sortirez et trouverez le bonheur malgré tout ...
Puisse votre témoignage sur le site vous rendre, grâce à l'anonymat, un peu de cette justice que vous n'obtiendrez pas sans cela ...

Cordialement,

Yves LAMBERT

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