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Il pleut sur
Nantes Quand j'ai
découvert Barbara, il y a une quizaine d'années, une de
ces chansons me faisait complètement fantasmer, c'était
Nantes ou l'histoire de cette femme qu'on appelle pour soulager la conscience
de son père incestueux à l'aube de sa mort. A l'époque,
le mien venait de me violer, il ne l'a fait qu'une fois, et je révais
d'un avenir shakespearien pour nous deux, équivalent à
celui que chantait Barbara. J'avais 15 ans quand les faits se sont produits
et l'entourage auquel j'ai raconté mon histoire (ma mère,
des amis de mes parents et une de mes amies) ne m'a pas cru, bien sûr.
Depuis, mes parents se sont séparés, non pas à
cause de cette histoire mais parce que mon père s'est barré
avec une autre nana en 1996. Ma mère a eu beaucoup de mal à
s'en remettre, elle a fait une énorme dépression et a
sombré dans l'alcool. Je n'en ai jamais voulu à mon père
d'être parti mais en revanche je lui en ai beaucoup voulu d'avoir
été odieux avec ma mère. Il s'est jeté corps
et âmes dans une guerre sans merci, l'accusant de tous les mots
de la terre et notamment de nous monter, nous ses enfants, contre lui.
Un jour, il m'a même rappelé ce viol que j'avais décidé
d'occulter, en envoyant un courrier à ma mère dans lequel
il m'accusait d'adultère avec l'un de leurs amis. Et tout à
coup, j'ai découvert l'aigle noir de la même Barbara, ce
que voulait vraiment dire ce chant. Mais à l'époque, je
n'ai pas réagi contre mon père parce que l'urgence était
de sortir Maman de sa mélasse. Bien que je la détestais
profondément pour tout le mal qu'elle nous faisait en nous appelant
toutes les nuits complètement ivre, pour le chantage qu'elle
exerçait à notre encontre à multiplier les menaces
de suicide (et même, par deux fois de passer à l'acte),
je ne pouvais la laisser se bousiller sans rien y faire. Il y a avait
le feu dans sa baraque, l'important c'était elle et, à
ce moment, j'ai mis ma vie entre parenthèses. Depuis 2 ans et
demi, Maman va mieux et bien qu'il soit parfois difficile de lui faire
comprendre que je ne veux plus désormais lui servir de bouée,
elle parvient peu à peu à me laisser du champ pour me
construire et me laisser vivre. Depuis 2 ans et demi, j'ai pu poser
un peu mes valises, penser un peu plus à moi et j'ai pris peur.
Curieusement (ou pas), j'ai commencé à boire à
mon tour. L'alcool fait désormais partie de mon quotidien et
il me procure l'illusion du courage pour dire et faire les choses. Il
n'est peu de relations, peu de discours que je puisse gérer sans
l'aide d'un elixir enivrant. C'est notamment grâce à la
bouteille que j'ai trouvé la force, l'année dernière,
de mettre mon père devant le fait accompli et de le menacer de
porter plainte contre lui, 13 ans après son délit à
mon encontre. Il n'a pas nié et m'a promis d'assumer ses responsabilités,
toutes ses responsabilités(il avait aussi de temps en temps la
main un peu leste quand nous étions petits), ce qui m'a encouragée
à ne pas le traîner en justice. Mais une fois de plus,
il m'a dupée. J'ai fait d'énormes efforts pour essayer
de communiquer avec cet homme qui m'a toujours fait peur, avare de confidences
en tout genre, incapable du moindre geste affectueux à notre
égard. Une fois de plus, il a joué les martyrs en m'expliquant
que tout ce qui m'était arrivé dans mon enfance l'avait
été par ma faute (j'étais une enfant difficile)
et celle de ma mère (qui nous montait systématiquement
contre lui). Sa couardise m'écoeure vraiment car j'avais besoin
pour être un peu plus en paix qu'il assume l'éducation
qu'il m'a donnée, qu'il en reconnaisse les travers comme les
atouts. Il y a deux mois, toujours sous l'effet du breuvage houblonnier,
j'ai pris ma plume, lui ait écrit que, face à son attitude
pour le moins vaporeuse, j'ai décidé de le quitter définitivement.
J'avais l'intime conviction qu'il avait en mains les clefs de ma serrénité
ou au moins une partie. J'ai aujourd'hui vingt-neuf ans et j'estime
être en mesure de donner seule une direction à ma vie,
ce pourquoi j'ai préféré rompre avec lui. Puisqu'il
se refuse à m'apporter quelques petits bouts de mieux-être
en me permettant de me réapproprier mon passé, il me faut
désormais aller au charbon toute seule. Mais, putain, j'ai mal
et surtout j'ai peur. Alors je continue de me voiler régulièrement
la face en buvant jusqu'à plus soif. PS: mon mail peut-être communiquer sans souci. Bonjour
Marie, |