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Comment envisager
une grossesse ? Email
en pied de message. Bonjour,
Je voudrais tout d’abord vous féliciter et vous remercier pour votre site. Cela fait longtemps que je voulais vous écrire mais je me disais « Ils doivent recevoir des tas de mails ». C’est la première fois que j’essaie de raconter mes maux en mots. Par où commencer ? J’ai 32 ans. J’ai subi des attouchements sexuels entre 8 et 11 ans. J’ai dû me battre seule pour que ce cousin de 25 ans qui voulais « jouer » avec moi me laisse tranquille. Avec le recul, je comprends que la raison pour laquelle il m’a laissée tranquille est qu’il a eu une trouille bleue que je parle. J’ai parlé 10 ans plus tard. Bien trop tard. Je n’ai pu parler que lorsque j’ai appris qu’il était mort d’une overdose. Sa mort m’a libérée, mais j’enrageais de ne pas avoir pu me venger. De quelle vengeance rêvais-je au juste ? Je ne sais pas. Sa mort a également provoqué comme un électrochoc en moi. Des souvenirs revenais. Je voulais taire mes souvenirs, mais ils ne se taisaient pas. Il fallait pourtant oublier, car je pensais ne pas avoir le droit de me plaindre, ne pas avoir le droit de me voir comme victime, puisque je n’avais subi « que » des attouchements sexuels alors que d’autre avaient vécu des choses bien plus dramatiques. On me rirait au nez… On ne me croirait pas… Je me suis enfermée dans ma bulle de mal-être, sans vouloir accepter que ma souffrance venait de ces attouchements. Puis j’ai eu la chance de rencontrer une psy qui m’a fait revenir à la vie dès la première séance. Elle m’a dit quelque chose que je n’oublierai jamais : « Que cet homme vous ait touché le sexe une fois ou dix mille fois, c’est inacceptable. Vous étiez la victime et il était coupable ». Elle a répété ces phrases plusieurs fois, en insistant sur « inacceptable », « vous », « victime », « il », « coupable ». J’ai alors pu entamer un vrai travail sur moi-même. J’ai appris à m’aimer, aimer la vie, aimer un homme… moi qui pensais cela impossible. J’ai rencontré un homme formidable qui – sans le savoir au début – m’a fait faire des pas de géante. La plaie n’est pas complètement refermée (le sera-t-elle jamais un jour… ?) mais j’avance. Je ne dis pas que tout a été facile, non. Il m’a fallu du temps pour accepter les sentiments que j’éprouvais pour lui. Il m’a fallu des mois pour le laisser approcher, des mois encore pour le laisser me toucher, des mois pour comprendre qu’une relation sexuelle n’est pas synonyme d’abus sexuel. Aujourd’hui je me trouve confrontée à une autre montagne à surmonter : mon mari me parle de plus en plus de bébé, et cela m’angoisse énormément. Les cauchemars ont recommencé. Comment lui expliquer ma peur d’avoir un enfant ? Comment envisager une grossesse ? Comment pourrais-je élever un enfant alors que je n’ai pas eu le temps d’être enfant ? Serai-je capable de le / la protéger ? Et si c’était une fille… ? Je serais alors encore plus angoissée, ce qui est stupide, je le reconnais. Je ne peux pas consulter de psy en ce moment car je suis à l’étranger. Malgré les hauts et les bas, je sais que je trouverai la force de surmonter ces questions. Une dernière petite chose : je voudrais dire à tout ceux et toutes celles qui ont grandi trop vite que même s’ils ont l’impression qu’ils ne leur reste qu’une petite flamme de vie, il faut en prendre soin. Elle est précieuse. Ne niez pas le passé, car cela ne sert à rien. Il faut au contraire l’affronter et l’utiliser pour être encore plus fort(e). Au lieu de gaspiller votre énergie à essayer d’oublier le passé, utilisez cette énergie pour faire grandir votre flamme. Vous verrez que vous ne pourrez plus l’arrêter ! Elle voudra encore grandir, grandir, grandir… Regardez, vous avez souri, et elle a déjà grandi… Pardon pour la longueur… Merci de m’avoir lue.
Lynda lyndakan@caramail.com Bonjour, |