J'ai une très bonne amie dont je suis amoureux et qui a été victime d'inceste dans son enfance. Je recherche des informations sur les aides psychologiques que je pourrais lui apporter. j'ai malheureusement peu d'informations sur ce qui s'est passé, le sujet étant délicat à aborder, et j'ignore donc à quel degré et à quelles fréquences cela s'est passé, mais la question est urgente, son désir d'autodestruction de faisant de plus en plus important.

La situation est très délicate, vous devez être extrêmement attentif à la jeune femme dont vous parlez. En commettant un inceste, le parent qui s'est rendu coupable (admettons que ce soit le père) a doublement brisé une loi essentielle parmi celles qui régissent les relations humaines : d'abord, le tabou de l'inceste, qui interdit à un père d'avoir des relations sexuelles avec ses enfants ; d'autre part, ce parent est devenu bourreau. Un acte pareil détruit la confiance qu'une personne victime d'inceste peut avoir dans les adultes, surtout les hommes, et fabrique une image extrêmement dégradée de la sexualité masculine.

L'inceste a d'autres conséquences graves : du silence ou de la parole de l'enfant victime va dépendre soit son calvaire, soit l'éclatement de la famille. C'est une responsabilité bien trop lourde, qui a des effets psychologiques dramatiques. L'une ou l'autre solution est dramatique : si l'enfant parle, donc, il est responsable de l'éclatement de la famille, éventuellement de l'incarcération du père, de l'opprobe jetée sur toute la famille, etc. S'il ne parle pas, son calvaire n'a pas de fin ... notamment si la mère se révèle incapable de protéger la victime, soit parce qu'elle "ne voit pas", soit parce qu'elle "n'entend pas", soit parce que ça "l'arrange" (pendant ce temps, son mari n'a pas de demandes sexuelles qu'elle n'a pas envie d'accueillir favorablement ...).

Les enfants (ou ados, ou jeunes, ...) victimes d'inceste ressentent généralement une honte énorme et se sentent coupables. La plupart du temps, ils se dégoûtent eux-mêmes, ils se mésestiment gravement, surtout si personne n'intervient. Ils en viennent souvent à être convaincus qu'ils sont responsables de ce qui arrive ou de ce qui est arrivé.

Les désirs d'autodestruction dont vous me parlez sont à prendre très au sérieux.

Vous pouvez aider cette jeune fille par les attentions que vous lui montrerez, votre gentillesse, votre tendresse, votre patience (surtout en matière sexuelle), vous pouvez l'aider si vous vous centrez sur ses désirs et non les vôtres, surtout en matière sexuelle ... Cela peut avoir des conséquences difficiles à gérer pour vous.

Mais, fondamentalement, vous ne pouvez pas lui apporter réellement l'aide psychologique dont elle a besoin : vous devez confier ce travail à un spécialiste, un professionnel. Il est nécessaire que cette jeune fille consulte un psychologue ou un psychothérapeute, sans votre présence (qui, de toutes façons, ne seraient pas acceptée par un praticien). Des consultations auprès d'un psychiatre exerçant en ville (pas à l'hôpital) semblent indiquées : elles sont remboursées par la sécu. Elle peut aussi consulter un psychologue dans un Centre Médico-Psychologique : c'est gratuit.