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Message ou FAQ

 

Je me trouve confrontée à des souvenirs anciens avec lesquels je vis depuis plus de 10 ans, et j'ai du mal à savoir ce qui s'est passé. J'avais environ 18 ans et je travaillais pour l'été dans un [village vacances]. Un garçon que je connaissais un peu (nous nous étions peut-être embrassés une fois) est entré dans la chambre où je dormais, il s'est allongé sur moi et il m'a pénétré sans rien me demander, sans me laisser le temps de dire non. Il sentait le vin. Et ça s'est arrêté aussi vite que ça avait commencé. Le lendemain, je me rappelle m'être sentie très mal. Je ne pouvais plus soutenir aucun regard et j'ai quitté mon travail d'été. Je n'en ai pas parlé depuis. Je ne l'avais pas formalisé jusqu'à aujourd'hui, j'ai besoin d'aide. Mon mari dit que, pour lui, je n'ai pas été victime de viol. Je ne sais pas quoi penser.

Selon ce que vous décrivez de ce qui vous est arrivé, vous avez été victime d'un viol, cela ne laisse aucun doute. Ce qui caractérise le viol, c'est l'absence de consentement de la victime : vous dites très bien que vous n'avez même pas eu le temps de dire non, que tout s'est passé trop vite, sans compter l'effet de surprise. Vous étiez d'ailleurs si peu consentante et vous avez tellement eu le sentiment que ce qui s'était passé était une atteinte très grave à votre initmité et votre liberté que, le lendemain, vous vous êtes sentie très mal et vous n'osiez plus croisé le regard des autres, comme si peut-être cela se voyait, en tous cas comme si vous aviez honte.

La honte et la culpabilité sont des effets malheureusement classiques du viol. Certaines personnes se révoltent, se rebellent, même après coup, même parfois longtemps après, et elles ont raison car elles ne sont pas coupables mais victimes. Vous de même : vous n'êtes pas coupable.

Vous avez été victime de viol de façon certaine aussi parce que, dix ans après, vous y pensez encore, cela vous fait mal, vous dites que vous avez besoin d'aide. Vous avez du mal à savoir ce qui s'est passé, vous avez enfoui votre souffrance pour vous protéger et elle resurgit maintenant.

Un baiser échangé un soir, ou même des allusions, ou même des propos sybillins (genre flirt) qu'un homme et une femme peuvent échanger dans un cadre de vacances (ou autre contexte) ne valent en aucun cas une quelconque autorisation pour vous pénétrer à toute vitesse sans votre consentement : encore une fois, c'est un viol.

Cet homme, qui sentait le vin, a probablement cédé à une pulsion sexuelle immédiate sous l'effet désinhibiteur de l'alcool : cela n'excuse rien et ce comportement tombe sous le coup de la loi pénale. Le viol est un crime, jugé aux assises (prescription après 10 ans).

Vous avez rompu le silence, c'est le premier pas. Vous avez maintenant besoin d'aide : peut-être pourriez-vous téléphoner utilement à SOS Viols au numéro suivant : 0.800.05.95.95. L'appel est gratuit et anonyme. Une femme vous répondra. Elle vous confirmera ce que je vous ai écrit, sans doute avec d'autres mots, mais cela ne changera rien au fond. Elle vous conseillera sur les démarches pour vous faire aider.

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