Violée
à 12 ans par mon moniteur de colo
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Bonjour,
J'ai 19 ans, et je viens juste de découvrir votre site.
Beaucoup de messages m'ont touché au plus profond de moi-même, je peux
même avouer que certains ont failli me faire pleurer, me faisant rappeler
chaque seconde ce qu'il m'était arrivé, ce que je subissais, ce que
j'étais...
En réalité, n'importe qui me voit dans la rue est incapable de détecter
chez moi le moindre problème. Actuellement, je n'ai aucun problème de
poids, mon visage est de nature assez commune, j'aime bien rire, je
sors très souvent, je suis souvent entourée, bref, tout semble parfait...
Je fais des études dans le domaine graphique des sites internet, j'ai
toujours été très bonne élève, j'ai une sorte de don pour le dessin,
j'ai des parents qui m'aiment et qui sont extrêmement fières de moi,
je suis un exemple pour beaucoup de monde, etc. Les seules personnes
capables de dire que tout ne tourne pas très rond des fois, ce sont
mes parents et mes proches... ils ont grandi avec moi, ils savent qu'il
y a eu une rupture à un moment... mais quand ? ...alors là, ils
ne savent pas, et ils ne le sauront probablement jamais...
Ils ne comprennent pas pourquoi je suis distante avec eux, ils ne comprennent
pas non plus mes moments d'absences soudaines, où je deviens aussi blanche
qu'une morte vivante, où ils ont l'impression que je sors d'une séance
de film d'horreur, et où je suis deconnectée du monde entier... Je réussis
à en parler en ce moment, l'anonymat et l'ordinateur me protège... mais
j'ai quand même réussi à me délivrer de ce terrible secret il y 6 mois...
j'ai pété un plomb, j'en avais marre de jouer un rôle, tout les matins,
je me levais en évitant le miroir et en me disant : "allez, un autre
jour où on rigole et où on sourit... un autre jour où on joue à la jeune
fille modèle qui n'a aucun problèmes et qui a eu une libération sexuelle..."
Et oui, parce qu'il fallait bien faire semblant devant les copines...
devant tout le monde d'ailleurs... mais un jour, on n'en peut plus de
faire semblant... Alors j'ai craqué et j'ai tout balancé à une copine...
d'un seul coup, comme ça... d'ailleurs ça lui a fait un choc... Alors,
comme à une copine, je ressens le besoin de vous le balancer, là, comme
ça, mais vous avez l'air d'être un peu plus habitué qu'elle... ce qui
est préférable...
J'avais 12 ans et comme j'avais fais l'année précédente, je suis partie
en colonie de vacances. J'avais vraiment adoré l'année d'avant, alors
je voulais recommencer. J'étais une jeune enfant très renfermée car
très complexée... j'adorais me faire des amis, même s'ils ne couraient
pas les rues. Et cette année là, je suis tombée folle amoureuse d'un
moniteur. J'ai eu le malheur de le dire à une copine, et tout le monde
l'a su, lui y compris. Il s'est rapproché de moi en tant qu'ami, et
puis il me faisait certains regards tres intimes. Et moi, j'appréciais,
forcément mais je ne lui rendais pas, enfin, je ne sais pas, peut-être...
finalement.
Il avait 18 ans, j'en avais 12, pour moi, c'était impossible...
Et puis on est tous partis en randonnée pédestre (colo montagne). La
montagne, j'adorais ça, ça me défoulait. Lui n'était pas là (il était
moniteur chez les petits). Malheureusement, je me suis fais une déchirure
musculaire au niveau de l'aine et on m'a rapatriée d'urgence au centre.
Après un rendez vous chez le médecin, direction la chambre où il n'y
avait plus personne...
Il est arrivé, l'air catastrophé de ce qui m'était arrivé... Moi, j'étais
assise sur mon lit, avec une crème à coté de moi, j'avais mal... il
m'a demandé ce que c'était, je lui ai dit que je devais m'appliquer
ça... et puis, il m'a dit qu'il était préférable que ce soit fait par
quelqu'un de responsable, qui avait le brevet de secourisme, etc. Moi,
je ne savais pas, en fait, je ne voulais pas, alors il s'est approché
de moi, et il m'a demandé de lui faire confiance... c'etait un ami proche,
alors j'ai dit oui... il m'a passé cette crème tout en me regardant
sensuellement. J'étais génée, j'évitais ses regards... et puis il m'embrassé,
tout en me disant qu'il était terriblement attiré par moi, et sa main
a dérapé...
Les volets des chambres de ce bâtiment étaient fermées puisque tout
le monde était parti... il n'y avait personne pour l'empêcher... j'étais
piégée... son poids sur moi m'empêchait de bouger... ça a duré
3 nuits... les autres sont revenus, et puis la vie a continué,
pour les autres surtout... parce que moi, je ne mangeais presque plus,
je ne parlais presque plus, et je n'arrivais pas à marcher (mais ça
coïncidait avec ma déchirure) donc personne ne s'est rendu compte
de quoique ce soit... .Je suis rentrée chez moi, mes parents avaient
été prévenus... ils ont du se rendre compte que ça n'allait pas, mais
je me forçais à essayer d'aller mieux, pour eux... j'avais terriblement
honte...
Ensuite, l'année qui a suivi, j'ai fais dépressions sur dépressions,
crise d'anorexie avec crise de boulimie... enfin une année terrible...
Et puis j'ai réussi à l'enfouir au plus profond de moi-même, pendant
6 ans... mes parents n'ont pas cherché trop à comprendre mes dépressions...
je leur disais juste que je me sentais mal dans ma peau...
Seul hic : les garçons... ma mère s'est bien rendu compte que je n'étais
pas attirée, elle s'est même demandée si je n'allais pas changer de
bord... elle a été rassurée quand je lui ai raconté mes 1ères
aventures (fausses, bien entendu).
Ma scolarité, elle, ne changeait pas, je faisais des efforts terribles
pour rester au top pour que mes parents ne se doutent de rien... il
ne fallait surtout pas qu'ils le savent, surtout pas. J'ai enfin eu
mes 1ères aventures cette année (à 19 ans !) qui
se sont mal terminées... Je ne supportais pas d'éprouver de l'amour
envers quelqu'un, l'idée de donner de l'amour me donnait envie de vomir,
tout comme l'idée d'en recevoir...
Et puis, j'ai flashé sur un garçon en boîte, j'en suis tombée amoureuse,
dès la 1ère seconde (coup de foudre)... c'etait il y a quelques emaines,
le jour de mon anniversaire... il m'a dit qu'il l'a eu aussi, on a passé
des moments très agréables, et c'était la 1ère fois que j'avais envie
d'aimer et d'être aimée, malheureusement, lui, m'a largué il
y a quelques jours... devinez pourquoi... parce que je ne couchais pas...
Depuis ce jour, je suis désespérée, parce que c'est vrai que
je suis totalement dépourvue de désir sexuel, rien que d'y penser, j'ai
mal...
Mais pour réussir a rééprouver ce que j'ai ressenti avec
ce garçon, j'ai envie de m'en sortir mais je ne sais pas comment...
C'est une réalité, le sexe doit être present dans un couple, surtout
de nos jours, mais comment faire quand on a été violée ??... et
que le sexe a été une torture ?
S'il vous plaît, aidez moi... je n'en peux plus... Cela ne me
dérange pas que ce soit publié... Merci de m'avoir lu...
Bonjour, J'ai bien reçu votre email.
Je l'ai lu avec beaucoup d'attention. On a beau avoir l'habitude, comme
vous dites, c'est à chaque fois une nouvelle histoire, et autant d'émotions.
Votre souffrance ne laisse pas indifférent, loin de là.
Vous avez été victime d'un viol commis par personne ayant autorité sur
une mineure de moins de 15 ans. Pénalement, c'est donc un crime avec
circonstances agravantes. L'auteur encourt 20 années de réclusion criminelle :
ça n'est pas rien et cela vous montre à quel point ce que vous avez
vécu est odieux et criminel. Pour finir avec les aspects pénaux (et
peut-être avant d'y revenir), sachez que vous pouvez poursuivre cet
homme : le délai de prescription ne sera échu que 10 ans après
la date anniversaire de votre majorité.
Vous l'avez bien compris, toutes vos difficultés actuelles sont la conséquence
de ce viol. C'est pourquoi un viol est criminel, il est extrêmement
destructeur, tout particulièrement sur une enfant. Mais vous devez savoir
qu'il est possible de se reconstruire. La honte que vous ressentez,
votre culpabilité sans doute, votre absence de désir, votre peur des
hommes peut-être (vous trouverez des mots plus appropriés que les miens,
plus justes) et de leur sexualité, tout cela est normal compte tenu
de ce que vous avez vécu.
En effet, en dehors du viol même qui est une atteinte très grave en
ce sens que l'auteur nie la volonté de la victime et en fait un pur
objet, les effets sont chez vous encore plus importants parce que, à
douze ans, vous étiez bien trop petite : je veux dire par là que,
en dehors même des souffrances physiques que vous avez dû subir, vous
avez découvert le sexe d'un homme, son orgasme, la pénétration à laquelle
vous n'aviez sûrement jamais réfléchi avant, un aspect quelque peu animal
de la sexualité et en particulier de la sexualité de certains hommes,
etc. à une époque de votre développement psychologique qui ne vous préparait
pas du tout à cela. Cela a probablement engrammé chez vous une certaine
image de la sexualité - horrible - qui, par ailleurs, reste
intimement liée aux sentiments provoqués par le viol : peur, honte,
culpabilité.
Il est possible de retrouver votre harmonie perdue. Il vous sera possible
de vivre une vie affective épanouissante. Pour cela, vous devez vous
reconstruire. Et, pour vous reconstruire, il va falloir parler. J'insiste
: il va falloir parler.
C'est très difficile, vous le savez bien, c'est très douloureux, mais
il faudra payer ce prix-là, nécessairement.
Comment parler ? A qui parler ? A partir de là, il existe
plusieurs hypothèses, qu'il vous faudra examiner.
A vos parents ? Je ne sais pas quel type de relations vous entretenez
avec eux mais cela peut être extrêmement utile : il faut néanmoins
que vous mesuriez dans quelle mesure ils sont ou seront des parents
soutenants. S'ils vous aiment (99,99 % de chances que oui !), cette
révélation sera pour eux un choc extrême. Ils se reprocheront de n'avoir
rien vu, de n'avoir pas su protéger leur petite fille, etc. Il est possible
qu'une grande colère en naisse, dirigée contre l'auteur du viol. Et
ce serait bien normal : après tout, il y a un abominable salaud
qui court encore et est sûrement dangereux pour d'autres. Dans certains
cas, il arrive que des parents ne croient pas. Vu votre âge, cela semble
néanmoins difficile.
A la justice ? Encore une fois, vous pouvez porter plainte. Vous allez
vous dire : 7 ans après, il ne reste plus de traces matérielles.
C'est exact. Il reste néanmoins des traces psychologiques chez vous,
aisément mesurables. Par ailleurs, vous n'avez aucune autre raison de
poursuivre un moniteur de colo 7 ans après, que vous n'avez rencontré
qu'en cette occasion, et qu'il sera facile de retrouver. Sachez ensuite
que la plupart des auteurs de viols avoue. Le passage par la justice
est extrêmement réparateur, même si la sanction paraît souvent dérisoire
aux victimes : il n'y a en fait pas de vrai prix pour réparer ce
que vous avez subi. Mais l'opprobe public et 10 ans de prison sont
un prix mérité pour ce salaud (il est rare qu'une cour d'assises donne
la sanction la plus élevée, soit 20 ans). Votre objet ne doit pas être
la vengeance mais la justice : la société, par le biais d'une cour
d'assises, doit reconnaître votre statut de victime, ses conséquences,
et punir l'auteur.
Vous pouvez aussi avoir besoin de l'aide d'un psychologue ou d'un psychiatre :
c'est un espace de parole essentiel qui vous permettrait de travailler
sur vous-même.
Voilà une première réponse. Vous avez bien fait de nous écrire. J'attends
votre réaction.
Restez en contact.
A bientôt,
Très cordialement,
Yves Lambert
PS : vous avez écrit qu'une publication ne vous dérange pas. J'ai deux
questions : 1) souhaitez-vous une publication ? 2) souhaitez-vous
que votre email soit publié ?
Merci
de votre réponse, ça fait toujours du bien d'être écoutée. En disant
que cela ne me dérangeait pas que ce soit publié, cela voulait
dire que je souhaitais faire partie des témoignages de votre site...
pour peut-être, être reconnue, et prendre contact avec des jeunes femmes
qui ont subi la même chose, peut-être que cela m'aiderait, je ne sais
pas... je cherche tellement de solutions...
En ce moment, ça va beaucoup mieux, c'est pour ça que je ne veux pas
laisser passer l'opportunité de m'en sortir. En fait, mon viol me suit
partout, pas seulement dans ma tête, physiquement. Depuis, cet acte,
je n'ai jamais vraiment eu de cycles normaux, et cela fait 2 mois que
je les ai régulièrement !. .c'est une première... ça me fait tellement
de bien... J'avais aussi d'énormes problèmes de bassins, des contractions
musculaires un peu partout que les médecins n'ont jamais vraiment été
capables de m'expliquer, mais au fond de moi, je connaissais l'explication,
j'en cherchais une autre bien entendu, pour essayer d'échapper à ma
vie, mais le passé vous rattrape rapidement... Un gros problème de mâchoire
aussi, un peu déboîtée à cause d'un coup de poing qu'il m'avait donné,
qui me faisait très mal depuis longtemps... récemment, je me suis décidée
à consulter un stomato, et ce sera bientôt résolu, ça va déjà beaucoup
mieux...
Et puis enfin, depuis ce coup de foudre, une envie d'aimer et d'être
aimée... ça aussi, c'est une 1ère.
Voilà, en fait, j'aimerais bien être en cours de guérison mais c'est
loin d'être terminée... et j'aimerais bien garder contact avec vous...
Jj'ai rencontré par hasard une femme de 33 ans qui a été violée par
son père pendant toute son enfance... on en a parlé, et elle m'a motivée...
je veux faire une thérapie... pour être guérie le plus vite possible.
Pour pouvoir avoir une vie normale, pour pouvoir avoir des relations
qui ne finissent pas en catastrophe parce que je ne peux pas satisfaire
une pulsion sexuelle...
Voilà... Mais, ce qui est sûr, c'est que mes parents ne sauront jamais
au courant... ils viennent de divorcer, ils ont des tendances suicidaires
tous les deux... je n'imagine même pas leur réaction, je sais qu'ils
me croiront... mais ça ferait un scandale dans ma famille, un vrai carnage...
alors je préfère me soigner sans qu'ils le sachent, pour
aller mieux, et pour eux aussi... Ils ont beaucoup souffert, je ne veux
pas être la cause de dépressions nerveuses... parce que si ce secret
est révélé et bien elles seront inévitables, je les connais trop bien
pour ça... Et pour porter plainte, et bien je préfère attendre d'aller
encore mieux, je crois que je plongerais si je le revoyais maintenant...
il faut se préparer à ça... Et je crois que j'aurais trop peur qu'il
me traite de menteuse devant toute ma famille ou mes proches...
C'est la peur qui me hante, c'est que l'on me traite menteuse, ou carrément
d'allumeuse..
Il faut dire qu'il me répétait tout le temps que c'est moi qui l'avait
aguiché et que c'est moi qui l'excitait... je ne veux pas resubir ça,
non, je ne veux pas...
Merci encore d'avoir répondu...