Des nouvelles
de Frédérique
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en pied de message.
Août 2003
Bonjour,
Je m'appelle Frédérique, il y a quelques mois, j'ai déposé
un message sur votre sîte (message
n° 46) et vous avez eu la gentillesse de le publier. J'ai reçu
de nombreux témoignages. Je n'ai pu répondre à
tous. Mais je voulais donner de mes nouvelles.
Après plusieurs mois de bagarres, et après avoir écrit
au procureur de la république, en lui disant que j'étais
prête à "faire du bruit avec tous les moyens dont
je pouvais disposer (médias, internet etc....), j'ai même
fait un passage télévisé sur la chaîne régionale,
mon "mari" a été mis en examen pour violences
conjugales et tentative de viol. A ce jour, l'enquete est close et nous
attendons la décision du juge :correctionnelle (juste les violences)
ou cour d'assises (viol). A priori, d'après le policier qui s'est
occupé de l'enquête (et qui est exemplaire d'écoute
et de compréhension) et mon avocate, mon mari aura du mal à
passer "à travers" la Cour d'assises : le témoignage
de ma fille aînée (16 ans, et qui avait assisté
à tout, et voire même, m'a sauvée, si ce n'est la
vie, d'un mauvais pas) - j'ai dû me bagarrer pour qu'elle soit
entendue, au début, la justice ne voulait pas - les certificats
médicaux éloquents, et les rapports très favorables
des psychiatres experts que j'ai rencontrés suffisent à
prouver ce que j'affirme, et cela devrait suffire à envoyer mon
mari en Cour d'Assises.
Je ne sais pas ce que tout cela donnera, mais je suis au moins reconnue
pour 10 ans d'enfer : c'est énorme pour moi, cela m'aide à
revivre, même si je connais la galère financière,
car, mariée sous le régime de la communauté, je
paie le très lourdendettement de mon mari (qui est encore au
chômage après avoir escroqué son nouvel employeur
!!!!). Même si l'enquête a révélé des
faits dont je ne savis rien : je ne connaissais pas mon mari : doubles
vies en permanence, escroqueries en tout genre.
Je me lève les matins légère, j'ai rencontré
un homme bien, je fais de moins en moins de cauchemars les nuits, je
recommence à croire en l'être humain. Trés croyante,
j'ai même pu discuter de tout cela avec un super prêtre,
car j'avais des états d'âme sur le pardon : il m'a donné
"son feu vert" pour mon action en justice, me disant que le
pardon, je l'avais donné pendant 10 ans, et qu'il n'avait pas
su le "ramasser", juste en profiter un peu plus. Cela m'a
lavée. Tout n'est pas réglé pour autant dans ma
tête : je dois me battre contre moi même pour réapprendre
à faire confiance etc etc.... mais je crois que je tiens le bon
bout.
Je chante dans un groupe de musique de variétés, on anime
des bals, des mariages, j'ai même écrit un texte pour les
femmes battues, un de mes musiciens est en train de le mettre en musique.
Ancienne gymnaste, j'entraîne bénévolement une équipe
de petits gymnastes garçons. Tout cela me réapprend la
vie, et aussi, le sourire de mes trois filles qui veut dire "LE
PLUS BEAU RESTE A VENIR".
Il me reste tout de même des séquelles physiques du 29
septembre, puisque une de mes vertèbres cervicales est bien abîmée,
et me fait souffrir régulièrement : je vais devoir être
hospitalisée pour des élongations cervicales, mais peu
importe, je vis.
S'il vous plaît, publiez ce message : on peut revivre !
A toutes mes soeurs de souffrance : levez vous, battez vous contre la
justice, ne vous laissez pas intimider par les magistrats, les policiers,
les procédures... c'est ce que j'ai fait, et je suis en train
d'obtenir gain de cause : la justice est nécessaire dans nos
histoires, elle est un rempart contre la haine et les désirs
de vengeance dans lesquels nous ne devons pas sombrer afin de ne pas
devenir pareilles à ces monstres, elle est nécessaire
parce que cette reconnaissance aide en partie à revivre, à
garder la tête haute. Elle est nécessaire pour l'exemple
que nous devons donner à nos enfants (d'autant plus que j'ai
3 filles, à qui cela pourrait arriver). Je ne suis pas pour autant
fière de tout cela : ce monstre reste le père de mes filles,
il reste une grande histoire d'amour (du moins au début), et
ce n'est pas simple, de savoir qu'il peut finir derrière des
barreaux, il faudra l'expliquer à mes filles ; mais j'apprends
chaque jour à dépasser cela : il reste un délinquant,
un malade, et rien n'excuse ses agissements.
Depuis quelques semaines, même s'il y a encore des "bas",
et je sais qu'il y en aura d'autres (on m'a prévenue qu'un procès
est une épreuve difficile), j'ouvre ma fenêtre et je trouve
que la vie est belle, et qu'elle vaut le coup.
Merci de tout coeur à tous ceux et toutes celles qui m'ont écrit,
merci pour votre sîte, tous ces témoignages m'ont été
d'un grand secours : j'ai compris que je n'étais pas folle et
que j'avais des droits. Cela m'a aidé à vouloir justice,
car je n'ai rien oublié :pas la moindre seconde de 10 ans de
souffrance, et, même si je suis sereine aujourd'hui, je me battrais
jusqu'au bout, question d'honneur.
MERCI !!!!!
Frédérique
PS : si vous publiez ce témoignage, merci d'indiquer l'adresse
email suivante : fred342@caramail.com,
et de ne pas diffuser mon nom de famille.
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