Mon agresseur
est dehors et moi en prison ...
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Décembre 2003
Des nouvelles
de mysticblue, message 53
Après
avoir publié mon texte, je pensais voir le bout du tunnel mais
hélas j'ai appris un mois après, en février 2002,
que mon bourreau avait été libéré en août
2002 - je vous passe les détails de la façon dont j'ai
appris sa libération. Bref même si, comme je le disais
dans mon premier témoignage, je commençais a reprendre
une vie normale, je me rends compte que c'est faux : 2 ans après
les faits, je ne m'en sors toujours pas même si je tente de repousser
au plus profond de ma mémoire les faits, il suffit d'un rien
pour que tout revienne en tout premier plan.
L'instruction de mon affaire est toujours en cours : j'ai été
convoquée à une nouvelle expertise psychiatrique et je
risque d'en recevoir une autre très prochainement - ce ne sera
que la 6ème.
J'ai été victime de ce mécréant mais je
me demande à l'heure actuelle si ce n'est pas lui la victime
: tout est fait pour que je me sente coupable et responsable. Combien
de fois me suis entendue dire : "mais pourquoi tu n'es pas partie
dès la première fois?" Et oui, pourquoi je suis restée?
Et bien dans un tel contexte d'emprise, de harcèlement et de
mauvais traitements et bien on reste avec son bourreau parce que l'on
a peur. A plusieurs reprises il m'a menacé de mort "tu vas
finir dans le canal" et un jour il m'a même dit "tu
sais tu peux appeler "au secours" il n'y a personne qui viendra
t'aider" et malheureusement c'est vrai. Petit à petit on
s'enfonce dans une spirale infernale et rien ne peut vous en sortir
hormis de faire une enième tentative de suicide.
Aujourd'hui, je ne supporte toujours pas mon coprs aussi bien l'aspect
extérieur à cause des tatouages (au nombre de 6 avec son
nom et son prénom), que l'intérieur - je me sens toujours
aussi sale, souillée. Depuis 2001, je n'ai jamais pris de bain,
je n'entretien pas mon corps - pas de lait hydratant - je ne me lave
qu'au lavabo comme ça je ne me vois pas (il m'arrive aussi d'avoir
vraiment la flemme de me laver, ou alors je me récurre à
fond). J'ai toujours des troubles de comportement alimentaire oscillant
entre l'anorexie et la boulimie. Je ne fais aucun projet - je ne peux
me projeter dans l'avenir, je ne peux envisager de prendre un appartement
étant donné l'ampleur du désastre tant psychologique
que financier.
On me répète aussi souvent que cela pourrait être
re-qualifié, et donc passer en correctionnelle au lieu des assises,
mais cela voudrait dire qu' à nouveau on croirait davantage mon
agresseur que moi. Agresseur qui soit dit en passant doit à nouveau
mener une vie comme celle qu'il avait avant, c'est à dire sans
aucun remord quant à ce qu'il m'a fait subir. Vous me direz il
est sous controle judiciaire et alors : mais à quoi cela sert-il
d'être sous CJ, rien n'est vérifier, il peut faire ce qu'il
veut. Quelle(s) contrainte(s) a-t-il?
C'est moi qui suis en prison et depuis 2 ans maintenant.
Je sais que je ne dois pas me laisser submerger par la culpabilité
et la honte d'avoir été violée et battue et mise
en danger de mort par mon ex-concubin, mais parfois cela devient trop
difficile. D'un autre côté je me dis qu'il faut je trouve
la force de me battre pas seulement pour moi, mais pour toutes les autres
pour que plus jamais quelqu'un se trouve dans la même situation.
Alors pour merci à toutes celles et ceux qui auront pris le temps
de me lire, et promis, je vais me battre pour nous toutes.
Avec toute mon affection,
mysticblue@voila.fr
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