Cinéma.
Chaos (Coline Serreau, France, 2001, avec Catherine Frot, Vincent
Lindon, Rachida Brakni, Aurélien Wiik, Ivan Franek, Michel Lagueyrie,
Wojtek Pszoniak, Line Renaud, Chloé Lambert, Marie Denarnaud).
Malika, une prostituée, est tabassée par trois malfrats
dans la rue. Paul et Hélène, dans leur voiture, assistent
à la scène sans intervenir. Rongée de remords,
Hélène décide de s'occuper de Malika à l'hôpital.
Coline Serreau nous livre un film sur trois niveaux : une partie polar,
une partie sociologique, une partie comédie traditionnelle. Heureusement
qu'il y a cette dernière, même si elle est sans surprise,
pour rendre le film regardable. Pour s'occuper de Malika, Hélène
abandonne le domicile conjugal, laissant Paul à ses doutes, à
son lave-linge qu'il ne sait pas faire marcher, à ses costumes
qu'il ne sait pas repasser. Frot et Lindon s'acquittent de leur tâche
(ils avaient déjà des rapports de couple orageux dans
Mercredi, folle journée de Pascal Thomas) avec conscience,
ça fonctionne bien.
L'enquête policière, qui mène au démantèlement
d'un réseau de proxénétisme, est une caricature,
avec des personnages de malfrats surtypés. Mais c'est l'aspect
sociologique qui est franchement indigne. Dans un long flash-back, Malika
raconte en voix off son parcours à Hélène. Son
père voulant la marier contre de l'argent en Algérie,
elle s'est enfuie, est tombée dans la prostitution. Mais elle
en avait dans le citron, Malika. Elle s'est mise à s'intéresser
à la finance et à boursicoter sur Internet (le plan qui
la montre sur le trottoir attendant le micheton en lisant je ne sais
plus quel canard financier est un régal). Elle finit par devenir
pute de haut-vol dans un palace de Genève et par sauver sa petite
soeur à qui son père réserve le même sort
qu'à elle parce que, n'est-ce pas, ils ont ça dans le
sang. Là, c'est absolument pitoyable, invraisemblable, boursouflé,
un véritable catalogue de poncifs. Dommage parce que Coline Serreau
avait su auparavant faire preuve de plus de subtilité que dans
ce film bancal et raté.
Philippe
DIDION
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