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Le "making of" du petit livret bleu |
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Journées d’Etudes Européennes, Metz, 12-14 novembre 1997 |
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Réseau Européen, VIH et Prostitution : |
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le petit livret bleu |
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Yves LAMBERT |
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Bonjour, mon nom est Yves Lambert et je suis responsable à Nancy d’un service social qui s’appelle Antigone. Ce service est développé au sein d’une association assez classique du secteur de l’action sociale, l’association Accueil & Réinsertion Sociale ou ARS qui gèrent trois CHRS [Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale], un Service d’Urgence Sociale, un Service d’Insertion par le Logement, etc. Au cours de cet exposé où il va s’agir à la fois de prostitution, de prévention de l’infection à VIH et de réduction des risques, je vais essayer de montrer en quoi la participation active à un réseau européen nous a permis de développer de nouveaux savoir-faire et de modifier profondément et durablement nos pratiques professionnelles. Ce service développe au principal deux missions. D’une part, depuis 1991, un programme d’action sociale au bénéfice de personnes en grande difficulté sociale et vivant avec le VIH, programme qui vise à l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires, notamment par le logement. (Vous noterez au passage que je ne parle pas d’insertion mais d’amélioration des conditions de vie.) D’autre part, depuis 1994, un programme que, faute d’avoir trouvé mieux, nous nommons Mission Prostitution et dont l’objet est, comme son nom l’indique, la prostitution. Ce programme est construit autour de trois axes principaux. D’abord un observatoire des activités liées à la prostitution sur le bassin de vie nancéien. "Observatoire" est un mot bien pompeux qui sert à désigner une réalité beaucoup plus humble : il s’agit de tenter d’observer et de comprendre les phénomènes liées à la prostitution, la géographie des activités, le nombre de personnes que cela concerne, la répartition sexuelle de la population en question, les différentes formes de prostitution, l’importance et l’impact de l’utilisation de produits psychotropes, etc. Ensuite, le traitement des questions de santé publique liées à la prostitution en terme de réduction des risques : le VIH bien sûr mais, plus généralement, les MST, les hépatites, avec une attention particulière portée à la toxicomanie. Enfin, un service social qui, également, vise à l’amélioration des conditions de vie des personnes prostituées. En cette occasion, je n’emploie pas non plus le mot "insertion" et en profite pour signaler clairement que l’objet même de notre travail ne consiste pas à lutter contre la prostitution. Le champ sanitaire et social de la prostitution est traversé par des courants idéologiques très forts ; c’est pourquoi je suis contraint de me démarquer ici des courants dit abolitionnistes pour dire que l’équipe dont je suis responsable se contente — si l’on peut dire — de défendre les droits des personnes prostituées, permettre leur accès aux droits sociaux, aux soins, à un logement, procurer une aide aux démarches et à la gestion des tâches quotidiennes (budget, logement, emploi, formation, etc.), assurer un soutien psychologique, favoriser le développement des liens sociaux. Ceci étant dit, il arrive de fait que l’amélioration des conditions de vie (quitter un hôtel à 150 F la nuit pour un vrai logement et être sous protocole de substitution de l’héroïne, par exemple) conduise un certain nombre de prostitué(e)s à cesser partiellement, progressivement ou complètement leurs activités prostitutionnelles. Pareil événement peut être éventuellement une conséquence de nos actions, sûrement pas un objectif. Disons que ces indications me permettent de signaler ici que la prostitution, particulièrement la prostitution dans la rue, est un monde de violence et de souffrance qui fait très souvent écho à la violence et la souffrance subies dans l’enfance. A Nancy, Caroline Brogonzoli-Alvarez a montré dans sa thèse de psychiatrie la fréquence avec laquelle les femmes prostituées ont été victimes d’abus sexuels dans leur enfance, généralement à l’intérieur du cercle familial, et elle a tenté d’expliquer les corrélations entre ces deux événements (enfance-abus sexuels / stade adulte-prostitution). On comprendra que certaines personnes prostituées cherchent à échapper à ce monde par ailleurs synonyme de discrimination, d’exclusion, de vie souterraine et d’absence de statut. Au reste, combien de personnes nous on dit dans la rue que la prostitution n’était qu’un passage, un moment "pour faire de l’argent", celui qui permettra de réaliser d’autres projets de vie (l’acquisition d’une boutique ou d’un bar, par exemple). Quittons un instant la prostitution pour en finir avec le contexte général de mon exposé et faisons un détour par la ville de Nancy, territoire sur lequel Antigone est implanté. La ville de Nancy appartient au réseau des Villes Santé de l’Organisation Mondiale de la Santé. En effet, l’OMS a construit un programme d’action intitulé en français Santé pour Tous, Health for All en anglais, programme dont l’objectif global est l’amélioration de la santé des populations à l’horizon de l’an 2000. Les villes volontaires signent une charte qui les engagent concrètement à promouvoir la santé par le biais d’un certain nombre d’actions au niveau local (de la qualité de l’air et de l’eau à la lutte contre le VIH, en passant par la réduction des nuisances sonores, l’alimentation des enfants en âge scolaire ou la promotion de la vaccination). Bien entendu, la santé est un vaste champ et l’amélioration du niveau de bien-être d’une population un front immense. Aussi, entre autres outils, l’OMS propose aux villes adhérentes d’intégrer des sous-réseaux qui travaillent de façon thématique : les MCAP pour Multi-City Action Plan ou Projet d’Action Multi-Villes. Chacun de ces MCAP organise ses actions à partir d’un thème commun à toutes les villes adhérentes : le tabagisme, l’alcoolisme, la santé des jeunes, etc. Il existe un Multi-City Action Plan on AIDS ou Projet d’Action Multi-Villes sur le Sida dans lequel la ville de Nancy s’est volontairement engagée. Outre Nancy, 15 villes européennes, au sens de la "Région Europe" de l’OMS, participent à ce réseau : Rotterdam (Pays-Bas), Dresden et Düsseldorf (Allemagne), Dublin (Irlande), Glasgow, Liverpool et Londres-Camden (Royaume-Uni), Göteborg (Suède), Pecs (Hongrie), Saint-Petersbourg (Russie), Sofia (Bulgarie), Tallinn (Estonie), Vienne (Autriche), Varsovie (Pologne), etc. De 1993 à 1997, j’aurai été le représentant de la ville au MCAP on AIDS et aurai ainsi servi d’interface entre le niveau international et le niveau local, notamment auprès du Collectif Sida, structure créée à l’initiative de Nancy Ville-Santé pour rassembler et coordonner les actions et les efforts des organismes impliqués localement de près ou de loin dans la lutte contre l’infection à VIH et ses conséquences. Le réseau MCAP on AIDS s’est donné trois outils de travail principaux : les business meetings ou réunions de travail dont la fréquence est semestrielle. Accueillie à tour de rôle par une ville du réseau, chaque réunion permet : de
partager des expériences et des modèles de travail les
action groups ou groupes d’action, sous-réseau du MCAP
lui-même où des correspondants locaux travaillent sur
un thème particulier, par exemple : la prévention
auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes,
VIH et prison, etc. C’est d’un twinning project qu’il s’agit ici. Quand, en 1994, les services de l’Etat s’adresse à l’ARS pour développer la Mission Prostitution au sein d’Antigone, notre connaissance de la prostitution s’arrêtait aux passerelles qui existent entre VIH et toxicomanie, souvent, et prostitution, parfois. Le programme VIH d’Antigone comptait donc quelques personnes prostituées ou anciennes prostituées, hommes et femmes, mais c’était à peu près tout. Nous savions qu’il n’aurait servi à rien d’attendre les personnes supposées bénéficier du programme derrière un bureau, serait-il celui d’un service spécialisé. La prostitution, plus même que l’homosexualité d’un certain point de vue, relève de l’aveu : ce n’est que très exceptionnellement qu’une personne prostituée se révèle comme telle à un professionnel, y compris aux médecins. Aussi, une seule solution : aller au devant des personnes, c’est-à-dire travailler dans la rue et rencontrer les personnes qui se prostituent, hommes et femmes, là où et quand elles ont leurs activités. Néanmoins, si la démarche paraissait évidente et simple à concevoir a priori, sa mise en œuvre concrète était anxiogène et, par méconnaissance du terrain, nous ne savions guère comment nous y prendre. Nous pressentions que le "monde de la prostitution" avait ses règles et ses rites et, hors ce que le commun croit savoir et qui demeure pétri de mythes et autres fantasmes, nous en ignorions à peu près tout. Très prosaïquement, nous nous demandions d’abord comment procéder exactement, ensuite quoi raconter, enfin comment nous allions être accueillis. Aussi, nous avons choisi de nous raccrocher à ce que nous savions déjà faire pour pouvoir approcher la population et nous avons imaginé une opération de prévention de l’infection à VIH destinée aux personnes qui se prostituent. Dans un premier temps, nous avons donc convaincu la CNAM de nous soutenir financièrement pour la réalisation d’une brochure spécifique sur le modèle classique : qu’est-ce que le VIH et le sida ? comment se transmet-il ? comment s’en protéger ? etc. Par ailleurs, nous avions imaginé un quatre pages, document court pour être certains qu’il soit lu ; peu de texte et beaucoup de dessins pour être certains que les messages soient compris ; papier glacé et quadrichromie pour être certains que la brochure soit attractive. Aujourd’hui, je vous présente un petit carnet de papier simple, broché de carton souple, sans titre, sans aucun dessin, comptant 18 pages d’écriture dense [texte] [image]. Que s’est-il donc passé pour trouver un tel écart entre le projet initial et le résultat final ? A la recherche d’un modèle de travail, nous nous sommes retournés vers le MCAP on AIDS et plus particulièrement vers la ville de Rotterdam où nous savions que le GGD, service de santé municipal, conduisait une action de ce type à partir d’une seule salariée. Rotterdam, plus grand port du monde, un million d’habitants hors activité portuaire, cinq mille prostitué(e)s. Quelle était donc la méthode utilisée pour réaliser avec efficacité une opération de prévention à pareille échelle avec une seule personne au sein du GGD ? La réponse : santé communautaire et éducation par les pairs. Je n’ai ici que très peu de temps pour parler de santé communautaire et sûrement pas assez pour faire un détour complet. Disons simplement que le principe de la santé communautaire s’appuie sur la participation de la communauté à l’action mise en place. Le mot même de "communauté" s’entend comme tout groupe partageant un intérêt commun face au reste de la population. Il peut en avoir conscience ou peu ou pas. Quelques exemples de communautés : les habitants d’un quartier, les personnes d’origine maghrébine vivant en France, les conducteurs (pensons que les accidents de la route sont un problème de santé publique majeur), les femmes, les homosexuels, les toxicomanes, ... les personnes prostituées. Lorsque des professionnels ont repéré un besoin de santé, ils construisent trop souvent un dispositif de réponses sans même interroger ni impliquer le public qui en est la cible. La santé communautaire intègre les vues des usagers (la demande), implique le groupe cible, et à la mécanique binaire BESOINS à REPONSES substitue une triangulation de type : |
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On peut aussi dire que la santé communautaire renverse la relation hiérarchique unidirectionnelle ordinaire de type : MÉDECIN à PATIENT, ENSEIGNANT à ENSEIGNÉ, AIDANT à AIDÉ, TRAVAILLEUR SOCIAL à USAGER, etc. et la remplace par une négociation de sens de type : PROFESSIONNEL ß à GROUPE CIBLE. Dans ce dernier schéma, chacun se reconnaît des compétences complémentaires, échange et coopère pour participer à un même objectif. Quant à l’éducation par les pairs, il s’agit de former des membres du groupe à cible, les pairs, qui deviendront eux-mêmes des acteurs de santé et des agents de prévention à la condition qu’ils soient reconnus par le groupe cible comme en étant issus. Cette méthode, l’éducation par les pairs, a montré son efficacité dans la mesure où tout groupe cible a naturellement tendance à rejeter les "donneurs de leçons" appartenant à un groupe exogène et à mieux accepter les messages provenant de membres du groupe partageant les mêmes conceptions, les mêmes expériences de vie, les mêmes rites parfois. Appliqués à notre problème initial, que donnent ces principes ? L’équipe d’Antigone a monté un atelier, dit atelier communautaire, constitué d’une part des intervenants professionnels et d’autre part de personnes prostituées (hommes et femmes), dont certaines étaient toxicomanes, d’autres séropositives. Cela s’est révélé assez simple de rassembler un tel groupe grâce aux personnes que nous connaissions dans le cadre du programme VIH. Le propre réseau de ces personnes, leur carnet d’adresses, a fait le reste et il n’a pas été non plus difficile de les convaincre quand nous avons expliqué que nous avions besoins d’eux et d’elles pour réaliser et réussir cette opération, discours auquel ni l’attitude de la société en général ni la pratique des travailleurs sociaux en particulier ne les avaient guère habitué jusque là. Les compétences des intervenants professionnels : leur connaissance des questions liées à l’infection à VIH, leur capacité à animer une réunion, trouver des documents, prendre des notes, les organiser, rédiger un texte, ... Les compétences des membres du groupe cible : leur connaissance du monde de la prostitution, du comportement des clients, du comportement des prostitué(e)s, ... de leurs propres comportements. Très rapidement, les personnes prostituées nous ont fait comprendre que notre projet en l’état ne pourrait avoir aucun impact car il serait mal reçu. En effet, les personnes prostituées savent ce qu’est le sida, ou pensent le savoir, et savent comment s’en protéger. Pourquoi aller au devant ou accepter une information qu’on pense posséder ? comment accepter de se faire apprendre ce qu’on sait déjà ? Par ailleurs, l’usage du préservatif est censément systématique, c’est-à-dire que, dans un premier temps, en tous cas, les prostitué(e)s prétendent tou(te)s en avoir l’usage systématique. Une attitude contraire serait synonyme d’un rejet du milieu, voire de règlements de compte. L’écart entre la réalité et les déclarations est nette. Néanmoins, la conséquence immédiate de cet état de fait est la suivante : une incitation à l’usage du préservatif sur le modèle de l’injonction habituelle (hors le préservatif, point de salut) ne peut-être acceptée puisqu’elle revendiquée comme inutile. Au cours des discussions, nous prenons rapidement conscience que l’utilisation du préservatif est volontiers associée à la pénétration mais beaucoup moins systématiquement à la fellation, pratique courante en prostitution car elle permet d’éviter la pénétration (n’oublions pas que le double objectif d’une personne prostituée au travail dans la rue est, d’une part, de prendre le plus d’argent possible au client et, d’autre part, de se débarrasser de celui-ci au plus vite tout en faisant le moins de choses possible, ce qui revient à obtenir qu’il éjacule rapidement). Nous discutons alors avec le groupe de réduction des risques dans le cadre de cette pratique sexuelle qu’est la fellation. La transmission du VIH suppose un certain nombre de préalables : d’abord, un liquide contaminant, par exemple le sperme ; ensuite, une voie d’accès au système sanguin, par exemple les gencives, muqueuse sensible et fragile où l’on crée facilement des micro-lésions en se brossant les dents (le filet rouge sur la brosse) ; enfin, la mise en contact du liquide contaminant avec les micro-lésions de la gencive dans certaines hypothèses de fellations (sperme dans la bouche). Un moyen simple de réduire les risques de transmission (sans toutefois les éliminer) dans le cas d’une non utilisation de préservatif est d’éviter absolument de se laver les dents avant d’aller au travail et s’abstenir de le faire après également. (Bien entendu, des bains de bouche avec un produit astringent et, surtout, éviter l’éjaculation dans la bouche permettent d’encore réduire les risques.) Ce conseil simple a convaincu les personnes prostituées participant à l’atelier de mener cette opération de prévention au bout. Or, il fallait trouver un média, un support, un "prétexte" en quelque sorte qui fassent accepter les messages par la population. L’atelier a donc recherché quel thème pouvait intéresser au premier chef des personnes prostituées travaillant dans la rue et il est apparu assez rapidement que celui-ci pourrait être la sécurité. En effet, les prostitué(e)s sont fréquemment victimes de violences de toutes sortes : insultes pour les moins graves mais aussi bombes lacrymogènes, racket, vol, boucles d’oreilles arrachées, et des agressions dont la brutalité est parfois inouïe. Aussi, le premier souci de ces personnes est-il leur sécurité. Parallèlement, nous avons au même moment reçu du GGD de Rotterdam (Nicoline TAMSMA) un document dactylographié provenant d’un groupe communautaire de New York et intitulé Tricks of the Trade, ce qu’on pourrait traduire par quelque chose comme les ficelles du métier. Ce document validait ce que nous croyions être une trouvaille originale et s’intéressait d’abord à la sécurité des prostitué(e)s dans la rue pour ensuite pouvoir aborder les notions de bien-être, puis de santé et, enfin, de réduction des risques. L’atelier communautaire d’Antigone a alors suivi le même fil conducteur pour rédiger une longue séries de "trucs" (tricks), de "ficelles", visant à permettre aux personnes prostituées de préserver leur sécurité, leur santé et leur dignité. Par la suite, les membres de l’atelier ont souhaité ne pas utiliser de dessins car ceux-ci offraient une "certaine représentation" de la prostitution à laquelle ils ne s’identifiaient pas. Ce risque d’absence d’identification pouvait avoir pour conséquence que les messages ne soient pas reçus parce que destinés "à quelqu’un d’autre, cet autre représenté là et qui n’est pas moi." Les dessins devaient servir d’accroches : nous en étions donc privés. Cependant, le travail avec le groupe sur la base de différents documents en provenance de plusieurs pays européens nous a permis de découvrir que les prostitué(e)s membres de l’atelier s’étaient beaucoup intéressé(e)s à un livret en particulier (Infection à VIH et sida, Arcat-Sida/MNH) pour les raisons suivantes : le
livret contenait une foule d’informations organisée en textes
denses sous des têtes de chapitre servant de repères :
on peut grappiller dedans à volonté et se promener dans
le texte en suivant ses centres d’intérêt ... toutes données en contradiction totale avec ce que les intervenants avaient préalablement imaginé lors du montage initial du projet. Il ne restait donc plus qu’à rédiger notre propre texte sous forme d’une série de conseils organisés sous des têtes de chapitre : |
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sous-chapitre |
pour votre sécurité pour votre santé |
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avant la négociation après |
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la fellation si vous faites des fellations sans préservatif |
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diminuez les risques avec le client |
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analyngus cunnilingus godemichés, vibromasseurs et autres objets jeux avec l'urine scatophilie S.M. |
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Quant aux témoignages, Antigone avait en 1993 publié un opuscule intitulé Trois Récits de Vie, récits rédigés par trois clients du service, deux femmes et un homme, tous séropositifs et anciens prostitués. Les membres de l’atelier n’ont plus eu qu’à sélectionner les passages qui serviraient d’accroches aux différentes têtes de chapitre. Outre l’avantage certain d’avoir conçu un support de travail efficace, l’atelier communautaire a eu d’autres conséquences positives : ce
travail en commun a permis de redonner confiance à certain(e)s
des prostitué(e)s participant à l’atelier : le
gain en estime de soi aura été important et tous, le
jour où les petits livrets bleus -comme nous les appelons-
sont revenus de l’imprimerie, étaient fiers de tenir entre
leurs mains "le bouquin qu’il avaient écrits", leur "première
publication" De façon beaucoup plus générale et grâce aux travaux réalisés dans le cadre du Multi-City Action Plan on AIDS, l’approche communautaire et la plus grande attention qui est désormais portée à Antigone aux vues des usagers a conduit l’équipe à adopter un certain nombre de procédures de travail réglant ses pratiques professionnelles. Je ne peux en donner ici que de rapides exemples comme le droit accordé aux clients du service en terme d’accès à leur dossier, pratique qui n’est pas si fréquente dans le secteur de l’action sociale. Autre exemple : nous faisons en sorte que les clients du service aient la plus grande maîtrise de l’information qui les concerne. Aussi, aucun courrier ni aucun rapport ne partent du service sans qu’ils n’aient été auparavant visés par la personne concernée ; aucun coup de téléphone n’ait donné sans que la personne ne soit présente ou, à tout le moins, ait donné son accord explicitement. L’ensemble des pratiques professionnelles et des raisons éthiques sur lesquelles elles s’appuient ont donné lieu à la rédaction d’un document, intitulé vade-mecum, sorte de manuel de référence qui est complété année après année. Je peux peut-être donner un dernier exemple rapide mais plus explicite, autre conséquence des travaux du MCAP on AIDS. Une des fonctions essentielles des réunions de travail du MCAP, ces business meetings dont j’ai parlé tout à l’heure, est le diagnostic des dispositifs tels qu’ils sont observables dans les villes qui accueillent ces réunions. Lors de sa visite à Nancy en 1994, le MCAP on AIDS a constaté que la ville ne disposait d’aucun groupe d’auto-support de personnes vivant avec le VIH ou le sida. Or, j’ai signalé au début de mon exposé que la ville de Nancy avait créé un Collectif Sida rassemblant les organismes et les structures engagées de près ou de loin dans la lutte contre l’infection à VIH et ses conséquences. L’absence de groupe d’auto-support avait pour conséquence immédiate que les personnes concernées au plus près par l’infection à VIH n’étaient pas représentées en tant que telles, ni là ni ailleurs du reste. Non content d’avoir fait ce diagnostic, le réseau MCAP nous a permis de rencontrer ailleurs en Europe des groupes d’auto-support et d’essayer de comprendre comment ils s’étaient créés, pourquoi, avec quelles difficultés, et quelles étaient leurs activités. Ce travail a en outre donné lieu à un document de synthèse (Self-help activities : a European overview, HIV association Rotterdam & Antigone). Par la suite, nous avons proposé à certains clients d’Antigone de s’associer pour former un groupe d’entraide mutuelle. Pendant un an, d’octobre 1995 à septembre 1996, l’équipe a travaillé avec ce groupe de personnes pour le former à la vie associative et lui donner des outils techniques et méthodologiques. Par ailleurs, Antigone a fourni les moyens logistiques (salle de travail, téléphone, ordinateur, ...). En octobre 1996, le groupe s’est constitué en association sous le nom de ICARE et est devenu complètement indépendant des activités d’Antigone. Encore aujourd’hui, par manque de moyens, l’association est "hébergée" par Antigone, ce qui ne manque de donner à la vie du service une certaine "effervescence" les jours où le groupe est présent et travaille. Bien entendu, l’association ICARE siège désormais au sein du Collectif Sida et la communauté dont ce groupe est issu a enfin une représentation organisée et une possibilité de dialogue sur un pied relatif d’égalité avec tous les organismes impliqués dans la lutte contre l’infection à VIH : l’hôpital, le réseau ville-hôpital, la CPAM, des associations de soutien et/ou de prévention, ... pour ne citer que ceux-là. Merci de votre attention. |
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